C’est un intermède particulièrement long. Après vingt-cinq ans d’absence, Peugeot officialise son retour en rallye-raid avec sa prochaine participation au Dakar 2015. Le constructeur français qui avait quitté l’épreuve en Afrique, va découvrir l’Amérique du Sud. Alors que la marque au lion est frappée de plein fouet par la crise économique, pourquoi ce choix ?
Le parcours du Dakar 2015 (4-17 janvier) a été dévoilé la semaine dernière par Amaury Sport Organisation (ASO). Il prendra la forme d’une boucle de 9.000 km, d’Argentine en Argentine en passant par le Chili et la Bolivie, et comptera 13 étapes. La présentation de cette 7e édition d’affilée en Amérique du Sud a été quelque peu éclipsée par l’annonce du grand retour de Peugeot sur le rallye-raid. Après quatre victoires en autant de participations entre 1987 et 1990, Peugeot, comme déjà annoncé, revient donc sur le Dakar. L’engagement de la marque au lion tient au minimum pour les trois prochaines années. On est ravis de ce retour, jubile Etienne Lavigne, le directeur du rallye. C’est la promesse d’une belle compétition. C’est aussi le retour officiel de Peugeot dans le sport auto depuis l’arrêt brutal de son programme en endurance début 2012, pour raisons économiques. La marque de Sochaux avait alors stoppé sa participation au Championnat du monde (WEC) et aux 24 Heures du Mans, annonciateur de la fermeture du site de production d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Sainz apporte Red Bull dans la corbeille
Après la victoire décrochée, accompagnée du record de la piste, lors de la course de côte de Pikes Peak (Etats-Unis) l’an passé grâce à Sébastien Loeb, prêté par Citroën, Peugeot cherchait les moyens de s’engager en sport automobile à moindre coût. Mais non sans ambitions. On revient au Dakar avec ambition et humilité, indique Bruno Famin, le directeur de Peugeot Sport. L’objectif est de pouvoir gagner dès la prochaine édition, même si on sait que ce sera très dur. Peugeot s’élancera à Buenos Aires avec trois voitures, des 2008 DKR (une sorte de buggy habillé façon crossover). Les pilotes seront l’Espagnol Carlos Sainz (51 ans), double champion du monde des rallyes (1990, 1992) et vainqueur du Dakar 2010 au volant d’une Volkswagen, et Cyril Despres, quintuple vainqueur du Dakar, mais à moto. Pour reprendre le volant, l’Espagnol abandonne son rôle de conseiller chez Volkswagen Motorsport. Il arrive avec le partenariat de Red Bull qui avait déjà soutenu Peugeot lors de la course de Pikes Peak et incontournable partenaire actuel du sport automobile. Quant au Français, lui aussi soutenu par Red Bull, il quitte la compétition moto pour rejoindre le monde des quatre roues. Une telle proposition ne se refuse pas, dit Cyril Despres. Je suis heureux de démarrer une nouvelle carrière en ayant la chance de bénéficier d’un grand professeur comme Carlos Sainz. Je veux être compétitif le plus rapidement possible. Il y a des pilotes qui ont réussi le passage de moto à auto. Je veux faire de même (sourire).
Parmi ces pilotes, il y a Stéphane Peterhansel. Encore sous contrat avec Mini, il devrait également être engagé par Peugeot. Le recordman de victoires dans l’épreuve (6 à moto, 5 en auto) ne cache pas son désir de revanche après l’épreuve de janvier où Mini l’avait empêché de se battre jusquà la fin face à son coéquipier Nani Roma. Une situation cocasse si on se rappelle l’épisode du Dakar 1989, lorsque Jean Todt avait décidé du sort de la course en lançant une pièce de 10 francs pour départager le Finlandais Ari Vatanen et le Belge Jacky Ickx, alors sur Peugeot 405 T16. Outre le Dakar, Peugeot devrait s’aligner sur d’autres rallyes comme le rallye du Maroc, le Sol Way en Russie ou le China Grand Rally.
Un retour qui profite aussi au Dakar
Selon le directeur général de la marque Peugeot, Maxime Picat, ce retour est favorisé par une dynamique excellente avec la hausse des parts de marché et l’opportunité d’une plateforme sportive à moindre coût pour accompagner le lancement du crossover 2008, commercialisé début 2015 en Amérique du Sud. Pour les organisateurs du Dakar, ce retour est également une bonne nouvelle alors que le rallye était privé de constructeur officiel depuis le départ de Volkswagen pour le WRC il y a trois ans. Le retour d’une marque aussi prestigieuse que Peugeot, c’est la promesse d’une belle compétition et d’une belle couverture médiatique, savoure Etienne Lavigne.
Peugeot et le sport automobile
500 Miles d’Indianapolis (Trois victoires) : Années 10
Safari Rally (Six victoires) : Année 60 et 70
Rallye (Deux victoires) : 1984 à 1986
Dakar (Quatre victoires) : 1987 à 1990
24 Heures du Mans (Deux victoires) : 1991 à 1993
Formule 1 : 1994 à 2000
WRC (Trois victoires) : 1998 à 2005
Endurance (Une victoire) : 2007 à 2011