Les affaires de dopage ont souvent fait la Une cet été. En particulier dans l’athlétisme et dans le cyclisme. La jurisprudence Festina mettait jusqu’alors un sponsor à l’abri des fréquentes révélations de dopage. Mais un Maillot Jaune sali, un recordman du monde du 100 m positif et une star déchue de l’athlétisme plus tard, les opinions pourraient changer. Le dopage ne risque-t-il pas d’affecter durablement les investissements dans ces deux sports ?
Les derniers cas de dopage mis à jour touchent des athlètes américains de premier plan dans des sports – le cyclisme et l’athlétisme – qui ne sont pas des disciplines majeures du sport business sur le continent américain et sont donc fragiles économiquement. La situation pourrait s’avérer plus périlleuse quen 1998, après l’affaire Festina, où l’on prédisait à tort la fin du sponsoring cycliste.
A court terme, les voyants ne sont pas encore au rouge. Les Américains ne croient pas au contrôle antidopage positif à l’EPO de Lance Armstrong en 1999, révélé en août 2005 par le journal L’Equipe. Et si la positivité de Floyd Landis à la testostérone les a bien interpellés, l’éphémère vainqueur du Tour de France n’est pas considéré comme un héros de l’Amérique. Du reste, le principal sponsor de l’équipe, l’entreprise suisse Phonak avait annoncé en amont son retrait du cyclisme. Le cas Landis n’étant que le dernier avatar pour une équipe gangrenée par le dopage avec une succession de cas inimaginable à ce niveau : 12 coureurs positifs ou suspectés en six ans. Dont Oscar Camezind, Tyler Hamilton, ou encore Santiago Botero. Enfin, précisons que Discovery Channel est l’unique sponsor d’envergure du cyclisme professionnel à battre pavillon US. Les risques économiques pour la discipline sont donc limités outre atlantique.
La fédération américaine d’athlétisme n’a perdu aucun sponsor… au contraire
Les annonces successives de la positivité de Justin Gatlin, recordman du monde du 100 m, champion olympique et champion du monde sur la distance, puis de Marion Jones, seule star mondiale de l’athlétisme féminin ont-elles d’autres conséquences ? Avec le cyclisme, les spectateurs différencient le commanditaire de celui qui orchestre le dopage. Le plus souvent une structure isolée comme le démontre la découverte du réseau du docteur Eufemiano Fuentes en Espagne. C’est pour cette raison que Festina reste un cas d’école ou que Cofidis n’a jamais eu à pâtir de voir son nom mêlé à des affaires de dopage. Mais dans l’athlétisme, le champion représente son sport à lui seul. Lorsque Justin Gatlin se fait pincer, pour la deuxième fois, il détruit la crédibilité de son sport. Il existe un danger pour lathlétisme. Oui, mais l’exemple Ben Johnson vient là encore faire contrepoids. L’athlétisme a-t-il été exclu des JO où même seulement sanctionné par le CIO ? Non. D’ailleurs, depuis l’affaire Balco, la Fédération américaine d’athlétisme (USATF) est même parvenue à augmenter le nombre de ses partenaires
Attention à l’excès de confiance. Certes, la notoriété peut être déconnectée de l’image (cf. Cofidis). Certes, une politique volontariste contre le dopage peut redorer le blason d’une fédération montrée du doigt. Mais la décridibilisation systématique des performances est une bombe à retardement. Et si l’effritement des audiences en était une conséquence ?…