Dans L’Equipe, Ladji Doucouré, hier fer de lance de l’athlétisme français, mais freiné par des blessures à répétition, lançait la semaine dernière une collecte sur Internet afin de financer une partie de sa préparation avec les Jeux olympiques de Rio en 2016 dans sa ligne de mire. Objectif atteint en douze heures de temps… avec l’aide d’un sponsor, Intersport.
Le hurdleur, désormais exilé aux Etats-Unis, a misé sur le financement participatif, le crowdfunding, pour financer son projet à la manière des jeunes chanteurs ou réalisateurs de films. Pour le champion du monde du 110 m haies (2005), les partenaires se comptent sur les doigts d’une main. Son club, l’Athlé 91, et le Conseil général de l’Essonne, lui apportent 3.000 euros. A la recherche de sponsors et de fonds pour financer son entraînement tout au long de la saison, Doucouré a décidé de faire appel à sa communauté (20.000 personnes le suivent sur Facebook et Twitter) avec le soutien d’Intersport pour mener à bien son projet. Avec la médiatisation de sa collecte, l’objectif a été atteint en moins de douze heures.
Lancée en janvier 2014, la plate-forme de financement participatif MonProjetSportif.com, développée par Intersport et Sponsorise.me, lui a permis de lever 8.000 euros comme il le souhaitait. Ce n’est ni de l’argent de poche, ni une rémunération, expliquait Doucouré dans L’Equipe. Je pourrai prendre en charge mes billets d’avion pour aller sur certaines compétitions, me payer l’entraînement et être à l’aise sur le plan médical. Pour 30 euros versés, un donateur avait droit à voir son nom sur le maillot du champion de 31 ans.
8.000 euros récoltés en moins de 12 heures
Pour 150 euros, le contributeur reçoit une paire de chaussures de sprint (à pointe) dédicacée. A 250 euros il peut défier Ladji Doucouré sur un 60 mètres. Sans les haies pour le contributeur… Parmi les contributeurs, il y a Intersport. Le distributeur d’articles de sport s’est engagé à verser 1 euro pour chaque euro apporté par un donateur. Dans la limite de 4.000 à 5.000 euros. Nous sommes fiers d’avoir pu aider Ladji Doucouré sur ce projet. Le financement participatif est un modèle qui correspond parfaitement aux valeurs de notre système coopératif que sont la proximité, la solidarité et le partage, commente Jean-François Greco, Directeur Commerce d’Intersport France.
Le groupe a également créé les Coups de pouce Intersport. Pour tout versement supérieur ou égal à 30 euros, le contributeur reçoit en plus de la contrepartie définie par le porteur de projet, un bon de réduction de 30 euros à valoir dans un magasin Intersport.
Difficile de dire si le financement participatif est effectivement un complément au sponsoring traditionnel ou de déterminer le rôle exact tenu par la médiatisation d’une opération dans son succès. Reste que la collecte de Doucouré n’est pas sans rappeler le buzz créé par Romain Mesnil en 2009. Faute de sponsor – il venait de perdre son équipementier Nike (40.000 euros par an) -, le perchiste avait couru nu dans les rues de Paris, à la recherche d’un partenaire. Grâce à Internet, le double vice-champion du monde (2007, 2009) était parvenu à faire parler de lui et à trouver un parrain avec OVH, via des enchères sur le site Ebay. L’hébergeur informatique avait remporté les enchères avec 16.100 euros pour un contrat de parrainage de six mois.
Inédite à l’époque, la situation l’est de moins en moins aujourd’hui. Notamment en période de restriction budgétaire et en particulier pour les athlètes dont les disciplines ne bénéficient pas d’une médiatisation importante. Pas sûr pour autant que ce système permettra à tous les athlètes de trouver des financements. Rappelons que Doucouré et Mesnil étaient déjà connus avant de se lancer dans cette aventure…