Le groupe Wanda est la première société chinoise à devenir « Partenaire FIFA », ce qui lui confère le plus haut niveau de droits de sponsoring, notamment pour les quatre prochaines éditions de la Coupe du Monde. L’accord confirme l’appétit gargantuesque de la Chine pour le football et les liens étroits entre la fédération internationale et Infront Sports, son prestataire racheté il y a quelques mois par… Wanda. L’annonce intervient également au moment où, pour la première fois depuis 2002, la FIFA affiche un bilan négatif.
Annoncer que la Chine organisera une édition de la Coupe du monde de football d’ici 2030 n’a rien d’une prédiction. C’est une certitude. L’accord officialisé au siège de la FIFA, à Zurich (Suisse), en présence du nouveau président de la FIFA, Gianni Infantino, et du président du groupe Wanda, Wang Jianlin, confirme les liens toujours plus étroits entre le football et la Chine. Nous sommes ravis d’accueillir Wanda, un groupe qui peut se targuer d’une longue histoire commune avec le football, qui le soutient activement depuis de nombreuses années et qui partage notre volonté de le développer et de le renforcer, a expliqué le nouveau président de la FIFA. En tant que Président de la FIFA, je souhaite soutenir davantage les associations membres dans le développement du football, et je pense sincèrement que cette collaboration avec Wanda permettra de poursuivre le développement de la discipline non seulement en Chine, mais aussi ailleurs dans le monde, a ajouté Infantino.
10 milliards de dollars, tel est l’objectif de la division sport de Wanda
Dans le cadre de ce partenariat, le groupe Wanda sera impliqué dans de nombreuses initiatives, notamment dans celles en lien avec le développement du football en Chine et aussi dans toute l’Asie. Par cet accord, le conglomérat chinois détient des droits sur l’ensemble des compétitions et activités de la FIFA jusqu’en 2030, Coupe du monde 2030 incluse. Nous voulons véritablement promouvoir le football dans tout le pays et encourager la nouvelle génération à le pratiquer. Le gouvernement chinois s’engage dans cette voie et, en tant que société chinoise, nous soutenons évidemment les efforts qu’il déploie. Dans l’optique de faire grandir l’élan que nous constatons autour du football de base de manière professionnelle afin qu’il contribue à faire du football un sport durable et bien structuré, nous sommes enchantés de pouvoir échanger avec l’organisation ayant le plus d’expérience en la matière : la FIFA. Nous pensons que le football est la discipline la plus attrayante au monde et faisons pleinement confiance à la FIFA, et à sa nouvelle structure de gouvernance autour du président Gianni Infantino, explique quant à lui Wang Jianlin, l’homme le plus riche de Chine, avec une fortune estimée à 29 milliards de dollars. A l’heure où la croissance chinoise ralentit et le marché immobilier stagne, le milliardaire opère un virage stratégique en se réorientant vers les secteurs plus porteurs du sport et du divertissement.
Spécialisé dans l’immobilier et le divertissement, le groupe avait pris l’an dernier une participation de 20% dans l’Atletico Madrid. Puis, il avait frappé encore plus fort en rachetant, pour environ 1,05 milliard d’euros, l’agence suisse de marketing sportif Infront Sports, qui commercialise les droits de retransmission d’événements sportifs et notamment ceux de la Coupe du monde de football. Hier comme aujourd’hui, l’agence reste dirigée par Philippe Blatter, le neveu de l’ex-patron déchu de la FIFA Sepp Blatter. Wanda ne s’intéresse pas qu’au ballon rond. En août dernier, il a débourse 650 millions de dollars pour prendre possession de la World Triathlon Corporation, qui organise les courses extrêmes d’endurance Ironman. La division sport du groupe prétend déjà être la plus grande compagnie sportive mondiale et vise 10 milliards de dollars annuels de chiffre d’affaires. En janvier, le conglomérat chinois a également signé un accord de 3,5 milliards de dollars pour le rachat du studio hollywoodien Legendary Entertainment, présentée comme la plus grande acquisition internationale de la Chine dans le secteur de la culture.
Infantino doit financer ses promesses de campagne
Cet accord avec la FIFA survient alors que le championnat chinois – la Chinese Super League (CSL) – a été le plus dépensier du mercato d’hiver de la planète, loin devant la Premier League anglaise: ce championnat a déboursé 331 millions d’euros, alimentant le rêve chinois de devenir une puissance mondiale du football, sous l’impulsion du président Xi Jinping.
La puissance financière de Wanda et les ambitions chinoises sont deux bonnes nouvelles pour la FIFA, engluée dans la plus grave crise de son histoire et qui vient d’annoncer un déficit pour la première fois depuis 2002.
En effet, dans son rapport financier 2015, la FIFA indique, malgré une hausse de son chiffre d’affaires à 1,15 milliard de dollars (1,02 milliard d’euros), une perte de 107,7 millions d’euros, en raison d’une hausse des dépenses imprévues comprenant notamment les frais liés à l’organisation d’un congrès extraordinaire et… des frais d’avocats. Cette hausse des dépenses est également liée à une augmentation du budget développement et à des coûts d’organisation de compétitions plus élevés, a précisé la FIFA. Les dépenses vont continuer d’augmenter. Le comité exécutif de la FIFA a décidé d’accroître de 517 millions de dollars de budget dévolu au développement du football pour la période 2015-2018. Cet ajustement doit être approuvé par les 209 pays membres du congrès de la Fédération internationale qui seront réunis à Mexico (Mexique), les 12 et 13 mai. En raison des promesses de campagne de Gianni Infantino, cette enveloppe atteint désormais 1,41 milliard de dollars (1,25 milliard d’euros).
Malgré cette perte, Gianni Infantino se veut optimiste. Grâce aux réformes récemment adoptées, je suis persuadé que la FIFA va ressortir plus forte que jamais, a-t-il déclaré. Il est vrai que la FIFA est toujours assise sur un tas d’or. Au 31 décembre 2015, sa réserve financière était de 1,34 milliard de dollars (1,18 milliard d’euros).