Des partenaires historiques de la Fédération internationale de football (FIFA) avaient appelé au départ immédiat de Sepp Blatter. Sans succès, mais aucun n’a interrompu son partenariat. Elu président de la FIFA, le Suisse Gianni Infantino se retrouve face à un challenge : restaurer la crédibilité d’une institution décriée. Notamment auprès de ses sponsors.
Gianni Infantino n’était pas un candidat de rupture. En élisant comme président de la FIFA le secrétaire général de l’UEFA, un homme rompu aux dossiers du football et à son administration, les fédérations ont choisi une certaine forme de continuité. L’une des premières tâches de l’ex-bras droit de Michel Platini consiste à redonner confiance aux sponsors et au public malgré le séisme qui ébranle la FIFA, cernée par la justice. Avant de songer à redistribuer 1,2 milliard de dollars aux fédérations, comme il l’a promis, ou de mettre en place la Coupe du monde à 40 pays (contre 32 participants aujourd’hui), Gianni Infantino doit rassembler les partenaires et diffuseurs et les assurer que la FIFA est une institution transparente. Des réformes de fond ont été adoptées. Nous allons travailler sans relâche pour faire en sorte que la réputation de la FIFA redevienne ce qu’elle mérite d’être, a juré Infantino. La limitation à 12 ans maximum du mandat du président et des hauts dirigeants, la publication de leurs revenus et la séparation des activités politiques et économiques de la FIFA pour éviter les conflits d’intérêt sont pour l’instant des effets d’annonce. Elles restent à mettre en oeuvre. C’est aussi une certaine culture de la FIFA qui doit évoluer. L’idée de la création d’un comité de surveillance formé de personnalités extérieures, comme le proposait l’un des candidats, le prince Ali, est restée au stade théorique. C’est pourtant exactement ce que réclame Visa, sponsor de la FIFA depuis 2007 et qui a renouvelé son partenariat jusqu’à la Coupe du monde au Qatar en 2022. Le géant américain du paiement électronique demande la mise en place d’une supervision indépendante et à long terme des réformes. Auparavant, Visa (avec Coca-Cola et McDonald’s) avait réclamé le départ de Sepp Blatter. Autre partenaire historique, l’équipementier Adidas attend de la FIFA et sa nouvelle direction plus de transparence dans la conformité aux normes, lesquelles doivent être ensuite appliquées. Infantino, lui, a promis d’attirer des voix indépendantes et respectées, sans plus de détails. Il souhaite en priorité s’adresser aux partenaires commerciaux et diffuseurs qui doivent retrouver confiance.
Multinationale du football, avec un Mondial qui génère près de 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires tous les quatre ans et 1,5 milliard de réserves en banque, la FIFA a connu une annus horribilis qui a engendré d’énormes surcoûts. Elle est en retard de 550 millions de dollars sur ses objectifs financiers d’ici à 2018, a annoncé le secrétaire général par intérim Markus Kattner. La FIFA devrait même enregistrer en 2015 des pertes supérieures à 100 millions de dollars.
Le risque de voir ses revenus s’effondrer est toutefois faible. Le football reste de loin le sport le plus attractif pour les annonceurs. C’est le seul sport vraiment universel. Les sponsors déjà présents n’ont pas intérêt à partir pour laisser la place à un concurrent. D’ailleurs, aucun grand sponsor n’a récemment quitté le navire. Mais si les sponsors historiques restent, la FIFA doit se montrer plus persuasive pour convaincre de nouveaux entrants.