Les organisateurs des Jeux olympiques de Tokyo 2020 estiment que le succès annoncé d’un vaccin contre le coronavirus est un « soulagement ». Mais ils continuent à préparer des JO l’été prochain sans vaccin et sans pouvoir compter sur un nouvel apport des sponsors nationaux. D’après un récent sondage mené auprès des partenaires privés de Tokyo 2020, les entreprises japonaises engagées dans l’aventure ne quitteront pas le navire, mais à condition de ne pas devoir sortir une nouvelle fois leur carnet de chèques.
Le comité d’organisation ressent « un sentiment positif et un soulagement », a déclaré Hidemasa Nakamura, haut responsable de Tokyo 2020 lors d’une réunion avec la presse après l’annonce par le laboratoire américain Pfizer d’un vaccin contre la Covid-19 efficace à hauteur de 90 %, selon ses premières données. Le résultat s’avère porteur d’espoir, mais il doit être pris avec des pincettes. Le candidat-vaccin doit encore passer plusieurs étapes avant son homologation. Et même s’il franchit à une vitesse éclair tous les obstacles, sa disponibilité est aussi source de questions. Pfizer dit pouvoir produire 50 millions de doses d’ici à la fin de l’année, soit environ 25 millions de vaccins (deux injections sont nécessaires). Trop peu pour le grand public qui devra patienter plusieurs mois encore. Les premières doses seront réservées aux personnes les plus vulnérables et au personnel de santé en priorité. Nous sommes encore loin d’un vaccin accessible à l’ensemble des spectateurs des Jeux olympiques de Tokyo 2020. Si spectateurs il y a…
Reste que le communiqué du laboratoire américain, associé avec la biotech allemande BioNTech, est porteur d’espoir et le premier rayon de soleil de Tokyo 2020 depuis des mois.
Il intervient également après la publication d’un sondage au Japon décevant pour les organisateurs. Le quotidien japonais Mainichi Shimbun a interrogé les 67 entreprises partenaires des Jeux de Tokyo au sein du programme de marketing national. Cinquante-et-une d’entre elles ont accepté de répondre aux questions sur leurs intentions quant au report des Jeux de Tokyo à l’été 2021. Point positif : aucune n’a ouvertement avoué ne pas vouloir prolonger son partenariat au-delà de sa date initiale de fin, prévue au 31 décembre 2020. Vingt sponsors des Jeux ont assuré au Mainichi Shimbun qu’ils envisageaient de prolonger leur partenariat. Mais ils ont été 23 à reconnaître ne pas avoir encore arrêté leur décision. Enfin, les huit partenaires n’ayant pas souhaité répondre à cette question expliquent être actuellement en discussion avec Tokyo 2020.
Un « oui, mais » des sponsors
Point négatif : environ 80 % des sponsors (39) ayant répondu au Mainichi Shimbun expliquent que le facteur le plus déterminant au moment de prolonger leur contrat de sponsoring sera le montant des « contributions supplémentaires ». En clair, les partenaires sont prêts à rester à bord, mais à la seule condition de ne pas être assommés par les « extras ». Et lorsque vous reportez des Jeux olympiques d’été d’un an, des « extras », il y en a à la pelle. Peut-être même plus que d’athlètes présents (11.091 sont attendus). Au dernier pointage, le plan comptable proposé par Tokyo 2020 pour « simplifier » les Jeux, et en réduire les coûts, permettrait une économie d’environ 286 M$. Ce qui est colossal et aussi intriguant : pourquoi ne pas l’avoir appliqué tout de suite ? Dans le même temps, les organisateurs n’ont toujours pas communiqué le montant réel du surcoût lié au report d’une année.
Trente-sept sponsors ont confié que leur décision de prolonger dépendrait des assurances qu’ils pourront obtenir dans les semaines à venir quant à la tenue réelle des Jeux de Tokyo. Si les dirigeants attendent des réponses précises, ils risquent d’être déçus.
Un surcoût inconnu
Enfin, environ la moitié des entreprises suggère que leur fidélité à l’événement olympique dépendra de leurs « performances commerciales et conditions financières ».
Selon les estimations, le programme de marketing des Jeux de Tokyo 2020 avait atteint en décembre 2019 la somme record de 348 milliards de yens, environ 3,3 milliards de dollars. Les partenaires officiels auraient payé entre 9,5 et 143 millions de dollars. Un record pour l’olympisme.