Contrairement à Peugeot dont le programme endurance a été stoppé au début de l’année, Citroën est autorisé par la direction du groupe PSA, actuellement en pleine tourmente économique, à poursuivre son engagement dans le Championnat du monde des rallyes WRC. Une décision rendue possible par l’arrivée d’un partenaire très particulier, Abu Dhabi, en lieu et place du Qatar.
Sept fois champion du monde des constructeurs, bientôt huit, Citroën sera toujours au départ du Championnat du monde des rallyes 2013. Malgré la tempête traversée par le groupe PSA, la marque aux chevrons a obtenu le feu vert de la direction générale pour poursuivre son programme en rallye, initié en 2001. Peugeot, l’autre marque du groupe PSA, n’a pas eu cette chance. Son programme d’endurance a été arrêté net en début d’année, quelques mois avant l’annonce de la fermeture de l’usine d’Aulnay, en Seine-Saint-Denis, et le licenciement de 8.000 salariés. Dans un contexte économique tendu, Citroën a estimé qu’une implication en sport automobile restait primordiale pour appuyer une démarche volontaire et énergique, explique Yves Matton, directeur de Citroën Racing. Si le feu vert a été donné à Citroën, c’est aussi en raison d’un nouveau partenariat stratégique signé par l’équipe. L’annonce en a été faite lors de la journée presse du Mondial de l’automobile à Paris avec l’arrivée d’Abu Dhabi sur le capot des DS3.
On me demande d’essayer de trouver des solutions pour diminuer l’apport net de la marque dans le budget de Citroën Racing, expliquait au mois d’août le patron de l’équipe française dans L’Equipe. Il me faut donc trouver de nouveaux partenariats. (…) L’objectif, à court terme, est que 40% du budget soient financés par la marque et 60% par les partenaires. L’accord est similaire au contrat actuel conclu cette année… avec le Qatar. Drôle de valse entre Etats. Nous avons conclu un partenariat sur trois ans avec une option pour deux années supplémentaires avec l’émirat d’Abu Dhabi ce qui nous permet de poursuivre notre implication en WRC, a précisé Yves Matton tout en ne souhaitant pas communiquer sur la hauteur du financement.
Un Etat en remplace un autre
L’année prochaine, trois DS3 officielles seront engagées dans le Championnat WRC, avec l’équipage formé des Finlandais Mikko Hirvonen et Jarmo Lehtinen en numéro 1, mais avec également une DS3 confiée à Khaleed Al-Qassimi. Le pilote des Emirats Arabes Unis ne débarque pas de nulle part. Il avait été incorporé à l’équipe officielle Ford entre 2007 et 2011 dans le cadre d’un partenariat identique entre le constructeur américain et Abu Dhabi. Ce changement signifie également le départ de Nasser Al-Attiyah, qui bénéficiait, lui, des faveurs du Qatar.
Vers le Championnat WTCC, moins gourmand financièrement ?
En plus d’avoir trouvé un partenaire providentiel, Citroën s’est assuré de la présence de son pilote vedette, Sébastien Loeb, la saison prochaine. Le pilote alsacien sera toujours au volant suivant un calendrier bancal. Citroën ne pouvant pas raisonnablement débuter une nouvelle collaboration sans sa figure de proue, il a été décidé de lui aménager un programme à la carte. Le rôle d’ambassadeur de Citroën ne peut être passif pour une personnalité comme Sébastien, justifie Yves Matton. Sans doute, mais sa présence épisodique risque de parasiter la communication de la marque.
Sébastien Loeb ne disputera pas l’intégralité du championnat mais quelques rallyes ici ou là. Il ne sera donc pas concerné par la lutte pour le titre mondial des pilotes. Pas la meilleure façon de promouvoir la discipline. Que se passera-t-il lorsque l’Alsacien, au gré de ses allers-retours, se rendra sur une épreuve et gagnera la course devant les autres pilotes ? Il prendra des points à ses propres coéquipiers, mais surtout le champion du monde 2013 aura, in fine, une allure étrange. Celui d’un vainqueur par défaut.
Cette présence de Citröen en WRC – qui s’accompagne déjà de sept titres constructeurs – ne serait pas remise en cause si le constructeur se lançait en WTCC, le championnat du monde des voitures de tourisme. La moitié des retombées se font hors d’Europe, sur des marchés où la marque veut se développer (Chine, Brésil, ndlr). C’est l’un des principaux avantage de ce Championnat du monde, précise Yves Matton. En outre, le moteur serait celui de la DS3 WRC. Avec ou sans Sébastien Loeb ?