Le groupe Altrad va gagner en visibilité. La Fédération française de rugby (FFR) confirme Altrad comme sponsor du XV de France pour les cinq prochaines années. Tout sauf une surprise, mais ce partenariat continue de susciter bien des questions.
En effet, candidat unique à sa propre succession, le groupe de BTP a été choisi pour figurer sur le maillot des Bleus jusqu’en 2023, année où la France organisera la Coupe du monde. Il avait été le seul à répondre à un appel d’offres publié le 31 octobre avec une échéance fixée… au 16 novembre. Et ce, malgré l’enquête sur un possible favoritisme de Bernard Laporte envers le club de Montpellier, détenu par Mohed Altrad. Ce partenariat apportera « au moins 35 millions d’euros » à la Fédération sur les cinq ans à venir, une somme qu’elle reversera au rugby amateur. Des bonus seront liés aux résultats du XV de France. « Je veux utiliser l’image de l’Équipe de France pour générer des recettes pour le monde amateur, indique le président de la FFR. Le XV est la vitrine du rugby français et le principal outil de promotion. Aujourd’hui, j’assume de mettre un fleuron industriel français sur le maillot pour développer notre sport. » Cette manne (autrement plus conséquente que l’accord précédent à 1,5 million d’euros pour 8 rencontres, ndlr) doit permettre à la FFR de financer la moitié des 12 millions d’euros nécessaires à la mise en place des 200 cadres techniques supplémentaires qui œuvreront auprès des clubs amateurs. La Ligue nationale de rugby (LNR) s’est dite prête à financer le projet à hauteur de six millions d’euros par an. Une bonne nouvelle donc pour le rugby et son développement. Pourtant, de nombreuses voix s’étaient élevées dans l’entourage des clubs professionnels pour dénoncer le rapprochement entre le président du MHR Mohed Altrad et la FFR. Une défiance qui s’ajoute à l’ambiguïté des relations entre Altrad et Bernard Laporte. Et comme le disait le cardinal de Retz, « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment »…
Mise en place de garde-fous
Au préalable, le comité d’éthique et de déontologie, organe de la FFR saisi par les présidents de clubs après l’affaire Altrad-Laporte, a recommandé la mise en place de « garde-fous pour garantir l’absence de toute possibilité de favoritisme de la part de la FFR vis-à-vis du club dont l’entité propriétaire est le partenaire maillot ». Mentionnant « la nécessité d’une mise en concurrence transparente et d’une procédure de sélection impartiale », le comité d’éthique stipule qu’un partenariat de la sorte « doit être conditionné à l’existence de garanties concernant deux points précis pour lesquels la FFR intervient dans le championnat professionnel : la désignation des arbitres et l’intervention de la commission d’appel ». Or, le comité estime « qu’il n’y a pas, en l’état, connaissance de mécanismes prudentiels envisagés par la FFR qui seraient de nature à offrir des garanties suffisantes sur ces deux points ». Laporte s’est engagé « à mettre en place ces dispositions dans les plus brefs délais ».
Numéro 6
Altrad devient le sixième partenaire officiel de la FFR : Adidas, Altrad, BMW, GMF, Orange et Société Générale.