GL Events a renoncé à devenir l’actionnaire principal du club de rugby de Bourgoin-Jallieu. L’audit mené par l’entreprise lyonnaise ayant révélé une grande fragilité du club sur le plan financier. Alors que le dépôt de bilan pendait au nez des Berjalliens, son ancien président, Gaston Maulin, 77 ans, est venu à la rescousse du club. Les joueurs et les entraîneurs de Bourgoin acceptant, dans l’intérêt unique et exclusif du club, la baisse de leur salaire. Mais n’est-ce pas reculer pour mieux sauter ?
A vrai dire, la décision de GL Events n’est pas étonnante. Pourquoi cette entreprise, qui n’a pas l’habitude de jeter l’argent par les fenêtres, trouverait subitement des charmes au CS Bourgoin-Jallieu… alors qu’elle n’avait pas été séduite il y a quelques mois de cela ? Car les négociations avec le club berjallien n’ont pas démarré hier. Les discussions entre GL Events, le LOU Rugby (Pro D2) et le club berjallien avaient débuté au printemps dernier avant d’être interrompues puis de reprendre une semaine seulement avant la reprise du championnat mi-août. Mêmes acteurs, même issue.
Fusion avec le LOU avortée
Compte-tenu de l’importance des risques encourus, la direction de GL Events a décidé de ne pas présenter le dossier de reprise du club de rugby berjallien à son conseil d’administration, explique l’entreprise spécialisée dans l’organisation de salons et congrès. Avant, nous étions dans le non-dit. Le communiqué de GL Events a le mérite d’éclaircir la situation. Bourgoin est sur une très mauvaise pente. En effet, selon GL Events, l’audit fait apparaître un besoin de trésorerie largement supérieur aux sommes évoquées pour permettre sa remise à flot et assurer son développement. Le président de GL Events, Olivier Ginon, était pressenti pour injecter près de 1,3 million d’euros pour prendre 56% du capital de la SASP de Bourgoin-Jallieu et renflouer le club isérois. L’objectif de GL Events était de participer à la création d’un grand club de rugby régional en fusionnant au terme de la saison 2010-2011 les sections professionnelles du CSBJ et du LOU Rugby, dont GL Events est actionnaire. Yvan Patet, le président du club lyonnais, avait laissé entendre depuis quelques jours déjà que le projet capoterait. Avec Olivier Ginon et Guy Mathiolon (NDLR : les associés de Pyramide XV, holding du LOU Rugby), nous n’investirons pas 2,3 ou 4 millions d’euros uniquement pour empêcher le CSBJ de couler, déclarait-il dans L’Equipe. Nous avons demandé en fin de saison dernière à nos joueurs d’accepter une réduction de salaire de 20%. Alors mettre deux millions d’euros par an juste pour renflouer les caisses…
Le flou le plus total règne désormais autour du club. La Direction nationale d’aide et de contrôle de gestion (DNACG) a bloqué le 15 août quatorze licences de joueurs de Bourgoin, faute de garanties sur le budget du club. Le CSBJ, qui accusait un passif de 2 millions d’euros pour l’exercice 2008-2009, a déjà évité de justesse en juin la rétrogradation administrative en Pro D2, en s’engageant à procéder à une augmentation de capital.
Devant l’urgence de la situation, les joueurs et les entraîneurs de Bourgoin ont accepté la baisse de leur salaire, condition posée par un potentiel repreneur. Face à l’incapacité du président Flamand (démissionnaire le 24 août) et de son équipe d’honorer leurs engagements, face aux multiples promesses non tenues des acteurs politiques, le staff et les joueurs du CSBJ, soutenus par l’emblématique Gaston Maulin, dirigeant historique du club prêt à investir financièrement, ont décidé, outre leur implication sportive totale, de diminuer sensiblement la masse salariale dans l’intérêt exclusif et unique du club, dit un communiqué commun du staff et des joueurs.
Gaston Maulin, 77 ans, déjà président du club dans les années 70 et patron d’une holding chapeautant une vingtaine de sociétés, s’est déclaré prêt à injecter 700.000 euros de recettes publicitaires au bénéfice du club, à condition que les joueurs acceptent une baise de 15 à 18% de leur masse salariale.