L’inflation gagne aussi le rugby. L’appel à candidatures lancé par la Ligue nationale de rugby (LNR) pour les droits de diffusion du Top 14 et de la Pro D2, pour la période 2007-2011, a trouvé écho auprès des diffuseurs. Président de la LNR, Serge Blanco a annoncé une hausse de 46% des droits TV. Une augmentation que les présidents de clubs anticipaient. Le rugby français se livre à une course à l’armement jamais vue encore.
Le bilan de la consultation conduite par la LNR est assez simple : le rugby est désormais une composante essentielle du paysage audiovisuel. En lançant son appel à candidatures, la Ligue avait trois objectifs : développer l’exposition du rugby ; développer les ressources de la LNR et développer l’arbitrage vidéo. Même en l’absence de concurrence pour Canal+, elle a obtenu une revalorisation des droits TV du championnat. Une évolution logique d’après Serge Blanco, président de la Ligue. La LNR a reçu 14 offres, dont au moins une offre pour chacun des sept lots. Déjà diffuseur du Top 14, la chaîne cryptée conserve son acquis et améliore même son offre. Ainsi, elle diffusera l’affiche de chacune des journées du Top 14 (samedi à 15h), le magazine Jour de rugby (le samedi soir), les demi-finales et la finale. Canal+ Sport retransmettant les deux autres matches décalés (vendredi à 20h30 et samedi à 20 heures). Chaque club sera retransmis au minimum trois fois par saison. Avec ces trois rencontres, le groupe Canal+ proposera la retransmission des quatre matches restants en pay-per-view (samedi à 17h30) et VOD (vidéo à la demande). Comme pour le football, toutes les rencontres du Top 14 seront donc retransmises. Soit 185 matches par saison ! Ce qui peut faire beaucoup à la longue. Le football le réussit bien. Mais la cible des amateurs du ballon rond est plus large. En prime, Sport+, la chaîne 100% sport de Canal+, diffusera une rencontre de Pro D2 par journée en direct, en association avec France 3, qui codiffusera neuf matches au minimum sur ses décrochages régionaux (coup d’envoi le dimanche entre 14 et 16 heures). Chaque club sera retransmis au moins une fois par saison. La deuxième division n’avait pas jusqu’ici de diffuseur officiel. Une demi-finale de Pro D2 sera diffusée sur Sport+, une autre sur France 3. La finale étant co-diffusée sur France 3 et Sport+. Ce lot fait l’objet d’un accord entre Canal+ et France Télévisions pour un montant de 400.000 euros sur quatre ans (France Télévisions prenant en charge les frais de production). Le rugby est un gros facteur de développement, car il arrive en seconde position au niveau de la motivation d’abonnement derrière le football a expliqué Alexandre Bompard, directeur des Sports à Canal+.
117 millions sur 4 ans
Pour tout cela, Canal+ devrait verser 26 millions d’euros en moyenne contre 21 millions actuellement. Mais il est difficile de comparer les montants, car le contenu est radicalement différent. Au total, la chaîne cryptée versera un peu plus de 100 millions d’euros au terme du contrat suivant les résultats obtenus. L’offre sur le lot numéro 1 atteint 104,5 millions d’euros, indique Serge Blanco. Pour le lot 3 nous avons voulu jouer le partenariat en montrant à Canal+ que s’ils avaient vraiment la volonté de devenir des partenaires, nous aussi, nous n’avions pas que l’argent en tête mais que nous vous voulions relever des défis avec eux. Il y a un chiffre de départ qui évoluera selon l’aventure. La base est de 6,5 millions mais elle peut pratiquement doubler. Canal+ et la LNR se partageront à 50/50 les abonnements au pay-per-view.
Autre nouveauté de la consultation : l’arrivée d’Eurosport pour la diffusion d’un magazine de débats et de reportages le jeudi soir en deuxième partie de soirée. Quant aux droits de la téléphonie, Orange conserve la diffusion de tous les matches de Top 14 sous forme d’extraits diffusés. Ce partenariat apportera 5 millions à la Ligue. Comme pour celui avec Canal+, il est évolutif précise Blanco. Enfin, France 2 diffusera la finale 2007 contre 725.000 euros. En revanche, la retransmission des suivantes n’est pas encore conclue avec le service public, seul en lice pour le lot n°7.
Cette hausse des droits a forcément ravi les dirigeants de la LNR. Mais elle inquiète également. Le président de la LNR craint que les clubs profitent de cette rentrée d’argent pour acheter de nouveaux joueurs. En Pro D2, à Toulon, après l’ancien capitaine des All Blacks Tana Umaga, ce sera au tour du vétéran australien George Gregan d’évoluer au stade Mayol à partir de l’été prochain. Même si le président toulonnais, Mourad Boudjellal, assure que le recordman du monde des sélections ne coûtera pas un centime au club, puisqu’il prendra personnellement en charge son salaire (400.000 euros), l’inflation gagne l’ensemble des équipes. Les clubs de rugby peuvent-ils vraiment supporter des charges comparables à celles du football ?
Au total, la télévision apportera 117 millions d’euros lors des quatre prochaines saisons. Néanmoins, souligne Serge Blanco, nous n’en avons pas fait une question d’argent. Notre but était surtout d’assurer la promotion et le développement du rugby. Certains lots mis en jeu ont donc été bradés pour leur assurer une meilleure visibilité. Eurosport, depuis longtemps candidat, a ainsi hérité du magazine hebdomadaire pour 600.000 euros.
La LNR a encore des produits à vendre
La LNR n’a pas mis sur le marché tous les droits dont elles disposent. Ainsi, la diffusion de rencontres via Internet reste en suspens (mais des exceptions sont possibles avec les lots 1, 3 et 5). Les droits de diffusion à l’étranger feront l’objet d’une consultation ultérieure.