La quatrième édition de CityEvents s’est tenue la semaine dernière à Lausanne (Suisse). Centrée cette année sur Les événements sportifs de demain, la manifestation a rassemblé les autorités du secteur public (villes, régions et pays), les fédérations sportives nationales et internationales, les organisateurs d’événements et de nombreux acteurs du monde du sport pour partager des informations, des connaissances et leur expérience. La rédaction de Sponsoring.fr a rencontré à cette occasion Marc Vandenplas, directeur des Universiades d’été organisées tous les deux ans par la Fédération internationale du sport universitaire (FISU). Des mini-jeux Olympiques ? Assurément.
Vous avez présenté différents exemples d’équipements utilisés pour les Universiades et réutilisés par la suite. Notamment à Kazan (Russie). Quelle est la problématique de la FISU ?
Il s’agit pour nous de convaincre des villes hôtes que l’organisation des Universiades n’entraîne pas des dépenses inconsidérées. Nous sommes une organisation responsable et savons nous adapter aux contraintes des villes.
Lors de votre présentation, vous avez parlé de sports optionnels. Est-ce à dire que vous remettez en cause votre programme entre deux Universiades selon les sites d’accueil ?
Nous devons être flexibles. C’est une idée qui est revenue souvent au cours de ces trois jours. Le comité exécutif a approuvé une liste de sports obligatoires à présenter au nombre de 13 (ils seront 14 en 2017 et 15 en 2019) et jusqu’à 3 sports optionnels choisis par le pays hôte. A Shenzen (Chine) en 2011, 28 sports étaient présentés, contre 21 à Kazan (capitale de la République du Tatarstan) cette année.
Les Universiades ont une autre particularité avec des matches de classement du premier au dernier dans les sports collectifs.
Pour ces disciplines nous avons besoin de plus d’installations que pour les jeux olympiques. Le nombre d’équipes participantes est plus élevé. Vingt-quatre équipes de basket sont qualifiées aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Nous accueillons deux fois plus d’équipes qu’aux JO. C’est la même chose pour le football, le water-polo, etc. C’est la raison pour laquelle les équipes éliminées continuent de jouer des matchs de classement pour éviter qu’elles ne repartent après deux rencontres seulement.
Ce qui suppose de multiplier les sites pour les accueillir. C’est générateur de coûts supplémentaires…
Non, parce que notre cahier des charges permet de répartir les rencontres dans des salles de jauges différentes. On ne demande pas de disposer d’une salle de 5.000 places pour toutes les rencontres. Nous permettons également aux villes d’étendre leur périmètre pour la tenue des Universiades. A Belgrade (Serbie), les sites s’étendaient sur 60 km autour du village universitaire.
Quel est le budget requis pour organiser des Universiades d’été ?
Il est difficile à déterminer et varie énormément selon les villes d’accueil. En Russie ou en Chine, vous n’aurez pas un véritable budget. Je peux vous dire que Kazan a dépensé cinq milliards d’euros. En revanche, à Belgrade l’organisation a coûté beaucoup moins d’argent. C’est même incomparable.
Mais cinq milliards, c’est du niveau d’une candidature olympique…
La première fois que je me suis rendu à Kazan, en 2008, j’ai pensé qu’il serait impossible d’organiser des Universiades ici. Cinq ans après, la ville a été transformée à tous les niveaux (*). En plus des équipements sportifs de premier plan, les autorités locales ont construit un nouvel aéroport et érigé de nouvelles autoroutes. Le Kazan de 2008 n’existe plus.
Finalement, à qui s’adressent les Universiades ?
Il suffit de regarder l’historique récent des villes organisatrices. En 2001, nous sommes à Pékin (Chine). La ville est alors candidate à l’organisation des Jeux olympiques. En 2003, c’est Daegu. Une ville de Corée qui veut se faire connaître et cherche à se démarquer de Séoul. En 2011, Daegu organisera les Championnats du monde d’athlétisme. En 2005, Izmir (Turquie) voulait développer ses infrastructures par rapport à Istanbul. En 2007, nous sommes à Bangkok (Thaïllande), encore une puissance émergente. En 2009, Belgrade cherche à faire son retour politique sur la scène internationale et tourner la page de la guerre. En 2011, Shenzen estime son image pas assez développée à l’international. Elle cherche à ne pas apparaître seulement comme la ville de l’électronique. Kazan 2013 veut être reconnu et émerger au sein de la Russie. La ville bénéficie en prime du soutien de plusieurs pétroliers. En 2015, nous retournons en Corée, à Gwangju, elle aussi dans une optique de visibilité internationale. En 2017, Taipei (Taïwan) envoie un message à son puissant voisin chinois. En 2019, nous irons au Brésil, à Brasilia où la fédération universitaire est très influente.
Ce sont donc les puissances émergentes qui s’intéressent aux Universiades d’été. Quelle est la position des pays européens ?
Pour les pays européens, et occidentaux dans leur ensemble, il est difficile de susciter l’adhésion des citoyens. L’heure n’est plus à la dépense pour des événements sportifs. Quel qu’il soit.
Quel est votre modèle économique ?
Il est essentiellement public, mais le privé prend de plus en plus de place. A Belgrade, la ville a donné le terrain pour la construction du village des athlètes. Des promoteurs ont construit le village et commercialisé les appartements, tous vendus avant la tenue des jeux. Le modèle a été repris par d’autres.
*Après les Universiades d’été 2013 (10.000 athlètes, 20.000 bénévoles et 3500 officiels), Kazan accueillera les Championnats du monde de natation 2015. La ville sera également cite hôte de la Coupe du monde de football en 2018. Au cours des dernières années 30 nouvelles enceintes sportives ont été construites et 20 restaurés. Le village des athlètes a été mis en place pour héberger 12.000 étudiants. Les infrastructures ont également été améliorées avec un nouvel aéroport international, de nouveaux systèmes de transport urbain, des autoroutes renouvelées et un nouvel hôpital.
Présentation de la FISU
La Fédération Internationale du Sport Universitaire (FISU) créée en 1949 est considérée comme l’une des plus grandes organisations pluridisciplinaires au monde. Elle est constituée actuellement de 163 associations sportives universitaires du monde entier. Elle organise depuis près de 45 ans, des rencontres sportives internationales qui prendront le nom d’Universiades en 1959. Par ailleurs, elle organise depuis 30 ans des championnats du monde dans de nombreuses disciplines, ainsi que des Congrès, Forums et autres réunions internationales.
Son financement repose sur les cotisations des membres, des droits d’organisation, des frais d’inscription, des droits de télévision (Eurosport) et des activités de marketing (Tissot est chronométreur officiel des événéments de la FISU).