Principal fondateur du think-tank Sport et Citoyenneté, Julian Jappert revient sur les mesures annoncées par le Comité international olympique pour protéger l’intégrité du sport.
Le CIO s’est félicité des travaux sur la corruption dans le sport et en particulier sur les paris illégaux. Pourtant, le bilan paraît mince. Encourager le mouvement sportif à sensibiliser athlètes, entourage et organisations sportives, au phénomène des paris illégaux, est-ce suffisant ?
Sur des enjeux majeurs comme la lutte contre la corruption ou le dopage, on est tenté de penser que les mesures prises ne sont jamais suffisantes. On aimerait, et c’est légitime, que les choses aillent plus vite. Sur la question de la corruption dans le sport et des paris, un récent rapport rendu par l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) rappelle d’ailleurs l’urgence de la situation. Comme souvent, la réponse à apporter à ce type de problèmes doit être globale et coordonnée. L’Union européenne, le Conseil de l’Europe, le CIO, les grandes fédérations internationales, doivent rapprocher leurs actions pour être plus efficaces. Un certain nombre de documents ont d’ores et déjà été adoptés. Citons par exemple les conclusions du Conseil sur la lutte contre le trucage de match, la résolution du Parlement européen sur les jeux d’argent et de hasard en ligne dans le marché intérieur ou encore la recommandation du Conseil de l’Europe au cours des derniers mois.
Il a été question un temps de la création d’une agence mondiale anticorruption sur le modèle de l’AMA dans le dopage. Aujourd’hui, le CIO parle plutôt d’encourager les Etats à se doter d’une législation de lutte contre les paris illégaux. Un voeu pieux ?
Les acteurs sont conscients des enjeux. N’oublions pas que c’est, ni plus ni moins, une question de survie pour le sport. Si son intégrité est remise en cause, si la fameuse incertitude du résultat disparaît, c’est l’essence du sport qui sera touchée. L’heure est donc à la mobilisation. Seulement, mettre en place des instances internationales de régulation demande beaucoup de temps. Et ce temps, le monde du sport ne l’a pas. Le CIO et les Etats doivent donc s’appuyer sur les instruments juridiques qui existent déjà, et qui sont nombreux, pour être efficaces dès aujourd’hui.
En France, la loi visant à renforcer l’éthique du sport et les droits des sportifs a été publiée au Journal Officiel. Ce texte est-il satisfaisant ? Et si oui, en quoi ce texte apporte-t-il des avancées importantes ?
C’est déjà une bonne chose qu’un texte visant à renforcer l’éthique du sport et les droits des sportifs soit adopté. Si on analyse le détail des dispositions, on s’aperçoit qu’un certain nombre de mesures constituent de réelles avancées. Que ce soit l’adoption d’une Charte éthique, l’instauration dun plafond salarial ou encore la limitation du montant des commissions des agents, ce sont de bonnes pistes de réforme, que nous avions d’ailleurs appelées de nos vux lors d’une lettre adressée au Ministère des Sports et au CNOSF après le désastre de Knysna en juillet 2010. Mais, là encore, je pense que la réponse à apporter à ces enjeux est globale. C’est à l’échelle européenne que doit se régler la question du plafond salarial. Le Fair-Play Financier développé par l’UEFA va dans ce sens. C’est aussi à l’échelle européenne que la question de la rémunération des agents doit trouver une issue. C’est typiquement sur ce genre de problématiques, où une harmonisation européenne est indispensable, que l’UE peut apporter sa valeur ajoutée.