Directeur général de la Fédération Française de Tennis et directeur du tournoi de Roland-Garros, Gilbert Ysern revient pour Sponsoring.fr sur comment sa passion pour le tennis l’a amené à la direction d’un des tournois du Grand Chelem.
Roland-Garros va rester à Paris. Mais même étendu de 5 hectares, il va demeurer le plus petit des quatre tournois du Grand Chelem. Un choix stratégique ?
Nous avons fait le choix de rester et j’en suis persuadé le bon choix de cultiver la personnalité inimitable de Roland-Garros. Ce tournoi est unique car il se situe dans un site historique exceptionnel et au cur de Paris. Notre décision a été saluée par le monde du tennis, les médias et les partenaires tant au niveau national qu’international mais aussi les joueurs qui auraient vu d’un mauvais il que nous quittions la capitale. Notre volonté est de privilégier la qualité plutôt que de jouer dans la course du gigantisme et courir le risque de l’uniformité.
Quelles sont les grandes lignes du projet retenu ?
Le stade occupera en configuration tournoi 14 hectares, soit 60 % de superficie utile supplémentaire. La FFT disposera de 35 courts répartis sur le site historique, le stade Jean Bouin et le Centre National d’Entraînement. Le court Philippe-Chatrier sera équipé d’un toit amovible qui permettra de jouer en cas de pluie et d’organiser des sessions de soirée. Nous allons cultiver l’axe paysager pour s’intégrer harmonieusement dans le site et démontrer qu’il y a une place pour les grands stades dans les villes.
Question financement ?
Le budget est estimé à 250 M. Nous allons réaliser un emprunt de 150 M, la ville de Paris s’est engagée à participer à hauteur de 20 M et nous en espérons autant de l’Etat. C’est la première fois que la FFT bénéficiera de financements publics. Pour cause, cet investissement ne sert pas uniquement les intérêts du tennis français, il sert aussi ceux de la ville de Paris et le rayonnement international de la France. Nous sommes avec le Tour de France un des deux événements majeurs le plus diffusé dans le monde. Que la ville et l’Etat contribuent modestement à son développement a du sens.
Un développement que vous souhaitez étendre à l’international ?
Plus notre marque sera forte et valorisée à l’international, plus nous créerons de la valeur pour Roland-Garros. La Chine, par exemple, est un marché majeur pour vendre nos produits dérivés. Mais, nous avons une limite physique en n’ayant pas de points de vente sur ce territoire. Nous allons penser une stratégie de marque avec nos partenaires comme Babolat (fournisseur officiel de balles, raquettes, cordages des Internationaux de France) implanté dans de nombreux pays.
Cette stratégie augmentera encore vos ressources…
La crise nous a épargné. Roland-Garros a réalisé un chiffre d’affaires de 135,5 M (2010) soit une progression de 5,6 % par an depuis 10 ans. La répartition du chiffre d’affaires est équilibrée entre la billetterie, les relations publiques, les médias et les partenariats dont la demande est croissante. Les droits médias sont sur une pente ascendante avec une augmentation de 10 à 15 %. Les bénéfices générés ont été de 68 M en 2010. Toutes ces ressources sont réinvesties dans le sport : 37,4 % sont redistribués au ligues, comités départementaux et clubs, 30,6 % sont consacrés à la politique sportive et 32 % aux investissements.
Hormis l’avenir de Roland-Garros, quels sont les sujets en cours à la FFT ?
La FFT a lancé un plan d’équipements avec la vocation de susciter les investissements des collectivités. Comme les autres sports, nous faisons face au problème de renouvellement des dirigeants des clubs. Notre rôle est d’accompagner et de motiver les bénévoles. Nous sommes aussi confrontés à des problèmes politiques et de gestion du sport sur un plan mondial. Notre volonté est que la fédération puisse avoir une influence à travers notre savoir-faire spécifique de Roland Garros. L’avenir de la Coupe Davis fragilisé par le calendrier professionnel, nous préoccupe. Notre objectif est de préserver cette compétition.
Une compétition que vous connaissez bien pour être engagé dans le tennis depuis des années…
Je suis un joueur amateur de tennis et un passionné par l’organisation du sport. Du temps où j’étais enseignant en mathématiques, j’accomplissais déjà des missions pour la FFT durant mes vacances. J’ai été par la suite secrétaire général de la Ligue Seine et Marne et obtenu aussi mon diplôme de juge arbitre. Je suis entré à la FFT en 1987. De l’été 1999 à début 2009, j’ai travaillé à l’ATP avant de rejoindre ASO au poste de directeur général à la demande de Patrice Clerc de fin 2000 à fin 2008. Nous avons quitté ensemble ASO pour divergence stratégique avec l’actionnaire. Quelques mois plus tard, en février 2009, la FFT me proposait de revenir et d’assurer mes fonctions actuelles. Et, ainsi contribuer à l’avenir du stade et au développement de la FFT.
Pascale Baziller