L’Association des surfeurs professionnels (ASP), qui est au surf ce que l’ATP est au tennis professionnel, a conclu un accord original pour la diffusion de ses événements au cours des trois prochaines années (à partir de 2014). L’ASP s’est entendue avec ESPN, le site de partage de vidéos YouTube et Facebook. Difficile à programmer en télévision, la discipline franchit une nouvelle étape pour sortir de l’ornière. Un pari intéressant que bon nombre dautres disciplines vont observer avec intérêt.
Vingt-six épreuves, l’ASP World Championship Tour pour les hommes, l’ASP WCT pour les femmes et le World Tour Big Wave (BWWT), repris cette année par l’ASP, vont bénéficier d’une nouvelle couverture médiatique. A la télévision, ESPN sera le diffuseur exclusif sur le territoire américain. La chaîne YouTube de l’ASP diffusera plus de 3.000 heures de programmes, dont la diffusion de 26 épreuves en direct. Facebook sera la plateforme où l’ASP se devra d’être interactive. Le surf professionnel est un sport d’envergure mondiale, l’un des plus spectaculaires de la planète, qui exige des partenaires de distribution multimédia afin d’avoir une portée significative, estime Paul Speaker, président de l’ASP. Jusqu’ici, la diffusion du surf n’avait pas de valeur marchande. Les sponsors comme Quiksilver, Rip Curl ou Billabong prenaient en charge la médiatisation des épreuves qu’ils parrainnaient. Les images officielles étaient réalisées par des sociétés de production payées par les marques sponsors et distribuées gratuitement à qui voulait bien les diffuser.
Un rôle différent pour chaque diffuseur
La discipline a un défaut majeur aux yeux des diffuseurs : elle est météodépendante. Impossible de prévoir précisément et suffisamment longtemps à l’avance le jour et l’heure de diffusion en diret d’une épreuve. Les marées se moquent des impératifs télévisuels. Ajoutons des temps morts trop longs pour la télévision entre deux vagues. Bref, le surf n’a rien de télégénique… pour le direct. Mais ESPN ne retransmettra pas les épreuves en direct. Les compétitions bénéficieront de résumés, probablement de 26 minutes, quotidiens. Pour les organisateurs du circuit professionnel, cette programmation sur ESPN ouvre une nouvelle fenêtre. De là à imaginer l’intégration du surf au programme des X-Games…
Redonner de la valeur à la diffusion des compétitions
YouTube (Google) n’a pas cette contrainte du direct. Sur Internet, le service de vidéos en ligne peut proposer de larges plages aux compétitions sur des chaînes dédiées sans risque pour sa programmation. Avec ESPN et YouTube, l’ASP fait le pari de redonner de la valeur à la diffusion des compétitions de surf. Avec la filiale du géant Google, l’association pourrait également avoir trouvé un partenaire de poids pour monétiser ses compétitions. YouTube finance certaines de ses chaînes thématiques ou propose un partage des revenus publicitaires. Le site étant un aspirateur à audience, les montants pourraient être non négligeables à terme.
Enfin, concernant Facebook, on assiste à un mariage d’intérêts. Les fans de surf seraient en moyenne six fois plus actifs sur les réseaux sociaux que le public normal, selon l’agence REPUCOM. Concrètement, les logos des plateformes concurrentes comme Twitter, Pinterest ou Tumblr (prononcez Tumbleur) devraient disparaître pour laisser plus de place à ceux de Facebook et de sa filiale Instagram.