Ce n’était donc pas le groupe Murdoch comme on le supposait en décembre dernier (voir La Lettre du Sport n°526), ni même Infront Sports. Sportfive, filiale de Lagardère Sports, obtient la gestion des droits de diffusion pour l’Europe des Jeux olympiques 2014 et 2016. Une double première dans l’histoire de l’olympisme. Première pour Sportfive, connue pour traiter notamment des droits de retransmission du football. Et première aussi pour le Comité international olympique (CIO) qui met ainsi un terme à 56 années de collaboration avec l’Union européenne de radio-télévision (UER).
C’est la première fois depuis sa création que le CIO accepte de confier ses droits média à une agence. Cet accord permet à Sportfive de diversifier encore son portefeuille en ayant accès à l’ensemble des disciplines olympiques, explique l’agence de marketing. Enthousiaste à l’idée de travailler avec le CIO, c’est une extraordinaire opportunité, Christophe Bouchet, directeur général de Sportfive France, explique ce succès (NDLR : la procédure d’attribution lancée par le CIO a débuté en mai 2008) par deux facteurs : la structure apportée par Sportfive et sa taille mondiale. Notre important réseau de vente a démontré toute son efficacité lors de l’Euro 2008 que nous avons gérer pour le compte de l’UEFA, estime Christophe Bouchet. La puissance du groupe, ainsi que la réputation du groupe Lagardère sont également des garantis morales et financières importantes pour le CIO. Il est vrai qu’avec la gestion des droits de 250 clubs européen de football, où ceux de la Confédération africaine de football (CAF), le réseau des télévisions n’a plus de secret pour l’agence de marketing.
Les droits acquis par Sportfive concerne tous les supports : télévision (gratuite et payante), internet et téléphone mobile. Ils sont valables pour 40 pays européens à l’exception de l’Allemagne, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Turquie. Dans ces deux derniers pays, les droits ont déjà été attribués (à SKY Italia et à la RAI en Italie et à FOX Turkey en Turquie. Les deux réseaux appartiennent au groupe de Rupert Murdoch). L’agence de marketing va désormais les revendre par support et par pays, tout en s’engageant à ce que la diffusion des JO 2014 et 2016 soit la plus large possible. Impossible de connaître les modalités des négociations à venir. Il est encore trop tôt pour le dire, estime Christophe Bouchet. Pour garantir la reprise des Jeux olympiques sur des chaînes en clair, le CIO impose dans chaque pays un minimum de 200 heures de couverture sur des chaînes en clair pour les Jeux d’été et de 100 heures pour les Jeux d’hiver.
A la conclusion du contrat avec Sportfive, Jacques Rogge, président du CIO, a eu un mot pour l’UER. Je tiens par ailleurs à remercier notre partenaire actuel, l’Union Européenne de Radio-Télévision, pour son travail assidu et son attachement au Mouvement olympique tout au long de nos années de collaboration. Nous nous réjouissons à la perspective de poursuivre notre partenariat avec l’UER pour les Jeux Olympiques de 2010 à Vancouver et de 2012 à Londres, a dit le président du CIO. A l’UER, la vision de la collaboration est différente. Les membres de l’UER ont été surpris par le niveau des attentes financières du CIO, expliquait Fritz Pleitgen, président de l’UER, lors de l’annonce de la rupture des négociations. Nous regrettons que l’on ne tienne apparemment pas compte des investissements que fait l’UER en matière de droits, de production et de qualité éditoriale lors des championnats mondiaux, européens ou nationaux de nombreuses disciplines olympiques.
La crise financière mondiale ne s’arrêtera pas au seuil de la porte des télévisions diffusant en clair, pronostiquait Jean-Paul Philippot, président élu de l’UER. Elle aura aussi des effets sur la valeur des droits de diffusion des événements sportifs. C’est pourtant l’inverse qui est en train de se produire. Les droits européens sont valorisés à 750 millions d’euros sur la période 2010-2012. Le montant de l’accord avec Sportfive est gardé secret. Certaines estimations font état d’un montant de 316 millions de dollars. Avec l’Italie et la Turquie, on arriverait à 540 millions de dollars. Compte Tenu des négociations à venir avec le Big Four, le CIO pourrait obtenir au final un milliard de dollars. Un montant record pour le continent européen. Très supérieur à l’accord actuel avec l’UER (443 millions de dollars pour Pékin et 135 millions pour les Jeux de Turin en 2006. Pour Vancouver 2010, et Londres 2012, l’UER versera un total de 746 millions de dollars). Mais comme le rappelle Christophe Bouchet, les jeux Olympiques sont un événement incontournable pour une chaîne de télévision. Et donc incontournable pour une agence qui entend se positionner sur tous les droits premiums.
Pékin_2008 443,4 M$
Turin_2006 135 M$
Athènes_2004 394 M$
Salt_Lake_City_2002 120 M$
Sydney_2000 350 M$
Nagano_1998 72 M$
Atlanta_1996 247,5 M$
Lillehammer_1994 26,3 M$
Barcelone_1992 94,5 M$
Innsbruck_1964 0,3 M$
Rome_1960 0,7 M$