Longtemps Brahim Asloum a bénéficié d’un traitement de faveur sur Canal +. Mais le champion olympique de Sydney a perdu de sa superbe. Malgré sa ceinture de champion du monde WBA des mi-mouches, Canal + n’est plus aussi disposée à son encontre. Son combat, le 26 juillet au Cannet, est donc annulé, sauf accord de dernière minute.
En principe, Brahim Asloum devait défendre sa ceinture de champion du monde dans un peu plus d’un mois face au Mexicain Giovanni Segura. Mais son combat a du plomb dans l’aile. Le boxeur n’est pas blessé, mais simplement vexé. Fidèle soutien du champion olympique de Sydney en 2000 depuis ses débuts professionnels, Canal + revoit sa stratégie. Comme pour le football, il n’est plus question de surpayer les droits d’un combat de boxe. D’autant plus que le noble art n’est plus vraiment une source de motivation pour s’abonner comme il pouvait l’être au début de la chaîne cryptée. Dans L’Equipe, Pierre Robin, l’avocat de Starvision, la société détenue à parts égales par Asloum et son manager, Louis Acariès, explique que Canal + a choisi de diminuer les sommes payées pour diffuser les combats du boxeur. Lors de son dernier combat le 8 décembre, Canal + a versé 750.000 euros plus 150.000 euros de prime en cas de victoire. Pour le combat du 26 juillet, alors que Brahim est devenu champion du monde, elle n’offre plus que 500.000 euros plus 100.000 euros de prime en cas de succès. Et c’est tout ! Il est impossible de faire le combat avec cette somme-là !
Il y a plusieurs informations dans cette déclaration. La première bien sûr, c’est la volonté de Canal + de revoir à la baisse le contrat du boxeur. Quand on dépense des centaines de millions d’euros pour la seule Ligue 1 (468 millions par an, pendant quatre ans), la somme peut sembler dérisoire, mais c’est bien la preuve que la chaîne cryptée garde un oeil sur son résultat d’exploitation. Autre enseignement : la boxe en France n’est plus un eldorado. Il faut désormais convertir en francs ces sommes pour parler encore en millions. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. Il fut un temps où Canal + pouvait débourser jusqu’à 1,5 million de dollars pour un seul combat aux Etats-Unis.
Jean-Louis Dutaret : Bud-gétairement et par rapport aux prix du marché, c’est devenu intenable
La multiplication des champions du monde dans différentes catégories de poids par différentes fédérations avec des retours incessants de retraités a totalement brouillé l’image de ce sport. D’ailleurs, avant cette annonce d’un clash entre Asloum et Canal +, qui se souciait de ce combat ? Qui se souvenait de la victoire du boxeur en décembre dernier ? Et contre qui (l’Argentin Juan Carlos Reveco) ? Autre exemple de cette situation avec Jean-Marc Mormeck. Pour les droits audiovisuels de Mormeck, nous avons payé, la dernière fois, 450.000 dollars à Don King, soit environ 350.000 euros, explique le directeur des acquisitions de Canal +, Jean-Louis Dutaret, un temps évoqué pour succéder Alexandre Bompard à la tête du service des sports de la chaîne.
Selon lui, les prétentions du clan Asloum sont trop importantes. Ce qu’ils réclament, c’est 100% de plus que pour un autre Championnat du monde (…) Budgétairement et par rapport aux prix du marché, c’est devenu intenable, indique-t-il.
N’oublions pas que ce virage avait été amorcé par Canal + il y a quelques années. En 2006, un nouvel accord avait été signé avec le promoteur Michel Acariès, frère de l’entraîneur Louis Acariès. Mais les nouvelles conditions n’étaient plus aussi favorables qu’auparavant. De 3 millions d’euros annuels, il avait chuté de 40%, soit 1,2 million d’euros, pour quatre à cinq réunions par an. Jusqu’à alors, le promoteur bénéficiait d’une sorte de rente sur la chaîne en organisant toutes les réunions de boxe de Canal + depuis sa naissance en 1984.
Louis Acariès : Brahim est une vitrine pour Canal+
Pour l’avocat de Starvision, il pourrait y avoir un procès pour rupture abusive de contrat. A moins que les deux parties s’entendent in-extremis, le combat devrait être annulé ainsi que l’a annoncé Louis Acariès, mardi 1er juillet. Le manageur du boxeur n’hésite pas à dramatiser la chose. Il a le moral à zéro, car je lui ai dit que je ne pouvais pas tenir les promesses que je lui avais faites (…) C’est un désastre, annonce-t-il. Brahim, c’est une vitrine pour Canal + et ils lui font toutes les misères du monde. Un gladiateur comme lui, tu le chouchoutes. Eux, ils le tuent, estime son entraîneur. Tête de gondole ou pas, la chaîne cryptée a décidé qu’était venu le temps des soldes…