Le président du Comité international olympique (CIO) Jacques Rogge a estimé que l’élection de Rio de Janeiro comme ville hôte des jeux Olympiques 2016 était la preuve que le CIO ne pensait pas à l’argent. Si on avait pensé à la manière de gagner beaucoup d’argent, on aurait choisi Chicago. En même temps, entre Rio et Chicago le décalage horaire n’est que de 3 heures… Et avec 455 millions de dollars en réserve, le CIO peut voir venir.
L’argent n’est pas le moteur des membres du CIO au moment de choisir une ville hôte, a conclu Jacques Rogge, trois jours après le vote surprise qui a éliminé Chicago au premier tour de scrutin et donné les Jeux d’été 2016 à Rio, vainqueur en finale de Madrid grâce à 66 voix contre 32.
Chicago, la ville du président américain Barack Hussein Obama, désigné prix Nobel de la paix par anticipation. La ville qui abrite également le siège de McDonald’s, l’un des principaux partenaires du Comité international olympique. Avec de tels atouts, il y avait de quoi pencher pour la candidature de Chicago. De plus, le CIO a pris un drôle de pari. Pour la première fois, les droits de retransmission télévisée pour les Etats-Unis n’avaient pas été négociés avant le vote du CIO. Or, les droits TV américains restent la principale source de financement du mouvement olympique. Au point, comme à Pékin, de modifier la programmation des épreuves pour mieux correspondre avec le prime-time américain.
NBC, dont la contribution représente plus que celle de tous les autres diffuseurs réunis avec 2,2 milliards de dollars pour 2010 et 2012, soit environ 25% de l’ensemble des revenus du CIO, et les autres prétendants (probablement ABC et Fox) attendaient de connaître le nom de la ville retenue pour faire leur offre. En cas de victoire de Chicago, les droits de retransmission qui auraient été proposés par les chaînes américaines auraient été supérieurs… surtout si Madrid l’avait emporté. Mais le succès de Rio est un moindre mal pour les télés nord-américaines en raison du faible décalage horaire avec le Brésil. Un hasard sans doute…
Pour beaucoup, Chicago a été victime de ses propres atouts. La visite éclair de Barack Obama à Copenhague, qui abritait la 121e session du CIO, n’a pas permis de récolter les voix escomptées. Mais outre l’arrogance américaine, les membres du CIO ont également envoyé un message aux Etats-Unis, et en particulier à l’USOC, le Comité olympique américain. Depuis des mois, l’USOC, déjà en pleine crise de gouvernance, est prié de renégocier le contrat qui le lie au CIO. Un accord devenu trop avantageux au goût des autres comités olympiques nationaux. Ce contrat assure en effet à l’USOC 12,75% des droits de télévision acquittés pour le territoire américain et 20% des revenus provenant de programme TOP (The Olympic Partners). Le mouvement olympique estime que le contrat ne reflète plus la réalité, a répété Jacques Rogge.
Le fonds de réserve du CIO s’est apprécié de 33 millions de dollars depuis janvier
A force de palabres, l’USOC a accepté de revoir à la baisse la répartition de ces revenus. Mais aussi, à partir de 2020 et, de façon plus anecdotique, de geler la création d’une chaîne de télévision sur le territoire américain qui aurait posé un problème de concurrence entre les détenteurs de droits. Des conceptions trop tardives pour inverser la tendance.
Quoi qu’il en soit, financièrement le CIO est toujours à l’abri du besoin. Et ce, malgré la crise qui traverse la planète. Son président Jacques Rogge a révélé que l’institution disposait de 455 millions de dollars (310 millions d’euros) dans son fonds de réserve. Mieux, ce fonds s’est accru de 33 millions de dollars (22,5 millions d’euros) depuis le 1er janvier dernier. Rogge a précisé que le CIO avait fait des économies dans les dépenses courantes qui n’affectaient pas, en outre, l’aide au sport par le biais des comités nationaux olympiques et des fédérations.
Plus de 600 millions d’euros de recettes de sponsoring
Parallèlement, les revenus de marketing et de télévision ont augmenté de manière importante. Ceux provenant des Top sponsors (actuellement neuf multinationales) ont généré 866 millions de dollars (588 millions d’euros environ) entre 2005 et 2008 et l’exercice en cours, qui s’achèvera en 2012 et peut encore être complété, a déjà rapporté 883 millions (600 millions d’euros).
Le patron du CIO espère une inflation du même ordre des droits de retransmission TV : Ils s’élèvent à 3,8 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) pour la période 2010-2012 et déjà 920 millions à ce jour pour les négociations 2014-2016 qui sont bien entamées mais ne prennent pas en compte les droits nord-américains donc, ni certains droits européens qui n’ont pas encore été attribués, comme pour la France par exemple. Le CIO peut en effet se permettre d’attendre une meilleure conjoncture économique pour entamer les négociations… sans penser à l’argent.