Le constructeur automobile Renault arrêtera de fabriquer des moteurs de Formule 1 à compter de 2026, mettant fin à près de 50 ans d’histoire dans l’élite du sport automobile. Alpine, dont les châssis continueront d’être fabriqués à Enstone, en Angleterre, devrait signer un accord pour 2026 avec Mercedes, qui équipe actuellement les écuries Williams, McLaren et Aston Martin.
Détenant un des plus beaux palmarès de la Formule 1 depuis qu’elle y est entrée en 1977, et qui n’aura cessé d’être présente sur les grilles de F1, sauf le temps d’une éclipse entre 1998 et 2000, Renault a décroché, en tant que motoriste, douze titres de constructeur et onze couronnes mondiales chez les pilotes. C’est ce qui rend la décision incompréhensible pour les fans de la marque et les salariés du site de Viry-Châtillon (Essonne), au sud de Paris, concernés au premier chef par la décision annoncée. Mais depuis 2013 et le titre conjugué constructeur (Red Bull Renault) et pilotes avec Sebastian Vettel, le motoriste français marche à l’ombre. Et ce malgré le retour de Renault comme constructeur en 2016, écurie rebadgée Alpine en 2021. Pour la direction du constructeur, les résultats ne sont plus en adéquation avec les moyens investis. Le coût d’achat d’un moteur auprès d’un motoriste extérieur est estimé à 17 M€, la direction de Renault table sur une économie de l’ordre de 120 M€ par an.
Le site, où Renault conçoit et fabrique ses propres moteurs de F1, va être transformé en « centre d’excellence en ingénierie et haute technologie, et cela, dès la fin 2024 », précise Alpine. « Les activités F1 de Viry, hors développement d’un nouveau moteur, sont maintenues jusqu’à la fin de la saison 2025. » Le nouveau centre d’ingénierie a pour vocation de travailler sur des « projets d’avenir du groupe Renault », tels que « la future Supercar Alpine ». Il y sera également question de recherche et de développement relatifs à la technologie de batterie solide et des moteurs électriques. Le site de Viry est censé maintenir « un fort ancrage dans le sport automobile » en restant en charge des programmes « amenés à se renforcer », comme « le Championnat du monde d’endurance (WEC), la compétition client ou encore la Formule E et le Rallye-Raid pour des marques partenaires ». Une promesse qui fait douter les salariés, mobilisés face à ce projet de réorganisation depuis plusieurs semaines. « Suite au processus de consultation et au dialogue mené avec les partenaires sociaux de Viry-Châtillon, Alpine a pris la décision de créer une cellule de veille F1 qui visera à conserver la connaissance et les compétences des collaborateurs sur cette discipline sportive, et à se maintenir à la pointe de l’innovation, au service des différents projets d’Hypertech Alpine (le nom donné au nouveau centre d’ingénierie) », cherche à rassurer le constructeur, qui précise encore que « cette transformation du site passera par la réallocation des ressources et compétences travaillant actuellement sur le moteur F1 » et que « chaque salarié concerné par le projet se verra proposer un poste au sein d’Hypertech Alpine de Viry-Châtillon ».
Les syndicats déplorent l’arrêt des moteurs F1
Les représentants des salariés d’Alpine Racing, réunis au sein du Comité social et économique (CSE), ont rendu à l’unanimité un avis défavorable sur le projet du groupe Renault de transformer son site de Viry-Chatillon et d’y arrêter la production des motorisations pour la Formule Un. « De manière générale, l’arrêt de la motorisation F1, le manque de maturité des projets apportés et la perte de confiance dans la direction font peser un risque majeur de départ des compétences critiques du site de Viry », a réagi le CSE dans un communiqué. « Malgré la tourmente de ces deux derniers mois, l’équipe de Viry a continué de développer la puissance du moteur 2026 dont Alpine se prive. Cette décision à contre-courant fait passer Alpine à côté de son histoire sportive », a-t-il ajouté.
Le CSE, dont l’avis n’est que consultatif, a également regretté que le directeur général Luca de Meo ait écarté les solutions de partenariat qu’il lui avait suggérées.