L’arrestation de Carlos Ghosn, décisionnaire dans le retour de Renault en Formule 1 en tant que constructeur, plonge-t-il le programme du constructeur français dans l’incertitude ? Nissan rappelle l’importance de son union avec Renault au sein de l’Alliance. Pourtant, le constructeur japonais a mené des investigations sur Carlos Ghosn, suite à une dénonciation interne, sur d’éventuels fraudes fiscales, puis alerté les autorités japonaises pour que le dirigeant soit arrêté, tout ça dans le dos de son partenaire… L’inquiétude est de mise quant à la pérennité des relations entre les deux parties est de mise devant ce coup d’Etat qui ne dit pas son nom.
Comment imaginé que Carlos Ghosn, qui s’est construit une image de dirigeant voulant tout maîtriser, ne soit pas aussi impliqué dans le programme de Renault F1 ? N’est-ce pas lui qui a validé la proposition de contrat faite cet été au pilote australien Daniel Ricciardo (15 M€ de salaire par saison jusqu’en 2020) pour rejoindre Renault et permettre à l’écurie française de franchir un cap ? Son arrestation au Japon, pour des soupçons de malversations financières, plonge le devenir du programme dans l’incertitude à moyen terme.
Lors du week-end du Grand Prix d’Abou Dhabi, le patron de l’écurie Cyril Abiteboul a cherché à rassurer sur l’engagement du groupe français. « Nous n’avons aucune information indiquant qu’il y a aura un impact, donc nous ne voyons pas pourquoi il y aurait un impact sur ce programme plus que sur quoi que ce soit d’autre pour l’instant », a-t-il indiqué. « Il y a une continuité claire de toutes nos opérations avec Thierry Bolloré qui n’est pas étranger à la F1 car il a été directeur au conseil d’administration de l’écurie depuis 2016 », a assuré le directeur général de Renault Sport Racing. Numéro deux du groupe, Thierry Bolloré assume la direction par intérim de l’entreprise suite à l’arrestation de Carlos Ghosn.
« Il est juste de dire qu’en effet Carlos Ghosn a joué un rôle déterminant dans la décision fin 2015 de revenir » en F1 en tant que constructeur avec le rachat de l’équipe Lotus, a par ailleurs rappelé Cyril Abiteboul. Mais, a-t-il insisté, à l’époque cette décision a été « discutée abondamment en comité exécutif et au conseil d’administration » de Renault et a été soutenue par les principaux dirigeants du groupe. « Je pense que les raisons pour lesquelles nous avons rejoint la F1 fin 2015 sont toujours valables aujourd’hui, pour l’exposition… et pour le développement technologique. Il n’y a aucune raison que ces facteurs disparaissent soudainement dans le cas d’une évolution de la situation sur laquelle je ne veux pas spéculer pour l’instant. »
4e constructeur du championnat
« Nous sommes engagés en F1 depuis plus de 40 ans et nous sommes en cours d’application d’un plan d’une durée de six ans », a détaillé Cyril Abiteboul. « On se concentre sur notre objectif, c’est-à-dire terminer le championnat dans la meilleure position possible ce week-end », a expliqué le patron de l’écurie. En l’occurrence, Renault (122 points) a terminé le championnat à la 4e place du classement des constructeurs, 29 points devant l’écurie américaine Haas.
« Mon message, c’est simplement qu’il y a un plan de continuité pour toutes les opérations du groupe Renault, ainsi que pour Nissan et Mitsubishi. La F1 fait partie de ces opérations. Ce sont un projet et une activité bien connus, très visibles, qui génèrent énormément d’exposition avec des attentes claires quant à un retour sur investissement et à la contribution au business. »