Coup de tonnerre dans le ciel des constructeurs automobiles. Le directeur général de Renault, Luca de Meo, va quitter l’entreprise pour rejoindre le groupe de luxe Kering. Pour le constructeur français, une période d’incertitude s’ouvre. Le dossier de l’engagement en Formule 1 ne va pas manquer non plus de faire parler.
Directeur général de Renault, Luca de Meo, va quitter le groupe « afin de relever de nouveaux défis en dehors du secteur automobile », a indiqué dimanche l’entreprise automobile, confirmant les fuites parues dans la presse au cours du week-end. « Après cinq années à la tête de Renault Group, Luca de Meo a fait part de sa décision de quitter ses fonctions », indique le groupe dans un communiqué, précisant que son départ sera « effectif le 15 juillet ». Le dirigeant italien de 58 ans va prendre la direction générale du groupe de luxe Kering.
« Pendant cinq ans, Luca de Meo a oeuvré pour remettre Renault Group, là où est sa place. Sous son leadership, notre entreprise a retrouvé une base saine, elle dispose aujourd’hui d’une magnifique gamme de produits et a renoué avec la croissance », a affirmé Jean-Dominique Senard, le président du conseil d’administration de Renault, cité dans le communiqué du groupe. Face à ce départ soudain, Renault cherche à faire bonne figure. Ne surtout pas alarmer les marchés.
Luca de Meo a démarré sa carrière chez Renault. Il est ensuite passé à la direction de Fiat, où il a relancé la petite 500, avant de redynamiser Seat pour le groupe Volkswagen. Présenté comme un « excellent communicant » et un « pro du marketing », il est arrivé à la direction générale d’une entreprise traumatisée par plus d’un an de crise, dans le sillage de l’affaire Carlos Ghosn, entre ventes en chute, cadres dépités et séparation avec Nissan.Il a accéléré l’électrification de Renault et sa montée en gamme pour tenter de sortir le constructeur de l’ornière. Le constructeur au Losange a vendu l’an dernier à peine plus de 3 millions de véhicules. Mais il a fait mieux en matière de rentabilité (4,3 milliards d’euros de marge opérationnelle) que des constructeurs vendant deux ou trois fois plus de voitures. Mais rien ne prouve que cette situation soit tenable sur la durée. Luca de Meo quitte Renault parce que son « travail ici est fini » comme il l’a annoncé aux salariés. Rien n’est moins sûr. Pris de court, Renault doit annoncer son successeur rapidement, mais avec la certitude de faire le bon choix. Avec lui, la question de poursuivre la stratégie mise en place par Luca de Meo va se poser. Sur le plan industriel et au niveau marketing.
Sans son sauveur, quid du programme Alpine ? Alors que l’usine historique de la marque sportive, à Dieppe, était menacée de fermeture, le dirigeant italien, a au contraire dévoilé en 2023 un plan pour lancer sept véhicules en sept ans, un chiffre d’affaires de 8 milliards d’euros et une marge opérationnelle à deux chiffres en 2030. A la marge, les engagements d’Alpine dans le sport automobile représentent surtout des coûts à assumer sans résultat sportif à la clé. Ce week-end, aux 24 Heures du Mans, Alpine, qui ambitionnait de se mêler à la bagarre, n’a pas tenu le rythme. Les deux voitures au A fléché ont terminé à deux et trois tours du vainqueur. En Formule 1, les monoplaces de l’écurie française ne comptent plus du tout. Luca de Meo disait lui-même pour justifier de l’arrêt de la production de moteur Renault : « Avec nos P16, P17, on a l’air de rigolos. Nous sommes nulle part. Les fameux ‘retours marketing’, se sont évanouis. » Il affirmait également recevoir « tous les 15 jours des appels de financiers, d’excentriques qui veulent entrer en F1 » pour racheter l’écurie. « J’ai refusé cinquante fois. Une écurie, ça vaudra bientôt entre 3 et 5 milliards. Je ne vais pas vendre, je ne suis pas bête. Être en F1, c’est essentiel pour la marque Alpine. On est dans le club fermé. Ça crédibilise la marque auprès des passionnés d’automobile. On n’a pas besoin de cet argent », ajoutait-il.Son successeur sera-t-il du même avis ? Son premier dossier devrait concerner Flavio Briatore. Le « conseiller exécutif », devenu homme fort de l’écurie, avait été imposé par De Meo.
AtkinsRéalis arrive
En marge du dernier Grand Prix du Canada, l’écurie BWT Alpine Formula One Team a annoncé un partenariat avec AtkinsRéalis, une entreprise de services d’ingénierie et d’énergie nucléaire. Ce partenariat vise « à encourager l’innovation technologique, à préserver l’excellence en ingénierie et à développer de nouvelles méthodes de travail dans leurs domaines respectifs ».