La Formule 1 a beau être une discipline de pointe, elle peine toujours à vivre dans le monde réel. Le président de la fédération internationale automobile (FIA) Max Mosley lance une mise en garde quant à sa viabilité économique. Une alerte de plus ? La situation serait aggravée par la crise financière mondiale.
Bien avant les difficultés économiques actuelles, il est devenu évident que la Formule 1 n’est pas viable. Si nous ne réglons pas ça d’ici 2010, nous aurons un grave problème, assure le Britannique Max Mosley sur la BBC. Prévenant que certains constructeurs sont déjà dans une situation difficile, Mosley estime que perdre encore deux équipes placerait la F1 dans une situation intenable. Actuellement, nous avons 20 voitures en compétition, si nous perdons deux équipes nous n’en aurions plus que 16 et la grille de départ cesserait d’être crédible.
Parmi les écuries déjà dans une situation difficile, le président de la FIA voulait sans doute évoquer le cas de Williams. Neuf fois champion du monde et victorieux à 113 reprises en Formule 1 depuis 1979, l’écurie britannique n’a rien d’un faire valoir. Et pourtant, les temps sont durs pour elle.
Williams prochaine victime ?
La seule écurie privée n’ayant le soutien d’aucun constructeur automobile ni milliardaire à sa tête tente de sortir de l’ornière. Williams annonce des pertes de 27 millions d’euros pour la saison 2007. Déjà déficitaire en 2006 (-35 millions d’euros), Willams n’arrive pas à se sortir d’une crise qu’elle connaît depuis la séparation avec BMW, qui avait alors décidé de se lancer pour son propre compte en rachetant Sauber. Après avoir renfloué ses caisses en 2005, lors de la vente du contrat du pilote Jenson Button à Honda, Sir Frank Williams et Patrick Head ont été forcés de faire un emprunt pour continuer d’exister.
Les dirigeants de Williams espèrent réduire les pertes cette année, alors que les résultats ne sont pas au rendez-vous (l’écurie ne pointe qu’au huitième rang du classement constructeur). Cette année, nous dépensons plus mais nous avons également remboursé la majeure partie de notre emprunt explique Adam Parr, directeur général de Williams. Dans ces conditions, l’annonce de la prolongation, et l’extension, du contrat de parrainage avec Philips est passée inaperçue. Pourtant, Adam Parr n’imagine pas Williams disparaître et pense au contraire que la menace plane au-dessus d’une écurie d’un constructeur. Il existe une réelle possibilité qu’une ou deux écuries se retirent, et cela pourrait être des équipes de constructeurs, a prédit Parr. Selon lui, la F1 est confrontée au fait que le revenu dont dispose les équipes est inférieur aux coûts de participation.
La Formule 1 dépend du bon vouloir de milliardaires qui la subventionnent, des gens comme Vijay Mallya de Kingfisher (Force India) ou Dietrich Mateschitz de Red Bull, résume Mosley. Sans eux, ces équipes ne seraient pas là.
Réunion à Paris
Les responsables de la Formule 1 se réuniront à Paris le 19 octobre pour parler de la crise financière et ses conséquences sur le sport automobile N.1. A cette réunion, la FIA discutera et partagera avec les écuries les décisions stratégiques nécessaires à adopter par rapport aux problèmes économiques mondiaux. Les principaux sujets de discussions porteront sur les réductions urgentes et drastiques des coûts; les futurs règlements techniques concernant les châssis et les pneumatiques; le maintien des éléments compétitifs etc., indique la FIA.
Prost défend le projet Eurodisney
L’association Court Circuit Val d’Europe (CCVDE) qualifie d’aberration écologique le projet de circuit de F1 temporaire, élaboré par le groupe Lagardère et la société Eurodisney, dont le plan a été publié récemment, sur le site du Syndicat d’agglomération nouvelle (SAN) du Val-d’Europe. L’association estime que la réalisation d’un tel projet au coeur d’un centre urbain de près de 30.000 habitants est une hérésie et constitue entre autres un danger sanitaire résultant des nuisances sonores bien au-delà du seuil de tolérance et une dégradation irréversible de l’environnement.
En réaction, Alain Prost, ex-défenseur du circuit de Magny-Court mais devenu porte-parole du projet, affirme qu’il est important de conserver le Grand Prix de France de Formule 1. Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, il explique péniblement que c’est une question d’intérêt national. Cela dépasse le cadre de la Formule 1, déclare l’ancien champion du monde de F1. L’automobile est aujourd’hui un secteur en grand danger qu’il faut défendre en prenant le virage des technologies nouvelles et en réaffirmant notre culture automobile.
Le premier Grand Prix européen a eu lieu en France. La F1 participe au rayonnement international, elle renforcera le développement du tourisme étranger, ajoute l’ancien propriétaire de feux-Prost Grand Prix. Il estime à un peu plus de 60 millions d’euros le coût du circuit non permanent à Disneyland Paris. Il faut s’intéresser à l’équation nuisances/retombées pour mesurer l’importance de cet événement, a encore dit Alain Prost.
La Formule 1 est-elle encore dans l’air du temps ? Rien n’est moins sûr en France, tant les différents projets susceptibles d’accueillir le futur Grand Prix sont contestés.