Honda, le deuxième constructeur automobile japonais, retire son écurie de la Formule 1, en raison de la crise économique mondiale. Honda va se retirer de la Formule 1 et 2008 sera sa dernière saison, a déclaré le président de Honda Motor, Takeo Fukui. Il ne reste plus que dix-huit monoplaces sur la grille de départ 2009, contre vingt-deux lors de la saison 2008.
C’est ce qui s’appelle un bide. De A à Z, Honda aura tout fait à l’envers. Malgré des moyens colossaux, le budget de fonctionnement est estimé à 200 millions de livres par an, le constructeur japonais n’a jamais retrouvé la place qui était la sienne en Formule 1 du temps où il était uniquement motoriste.
L’écurie n’a pas marqué de point lors de la deuxième moitié de saison après la troisième place de Rubens Barrichello en Grande-Bretagne. Le seul podium cette saison. Ex-grand espoir de la discipline, Jenson Button a traversé la saison comme une ombre avec 3 points seulement et une 18e place finale au classement des pilotes. Et dire que Ross Brawn, ex-cerveau de Ferrari est venu renforcer l’équipe depuis 2007… Honda s’est classé au 9e rang des constructeurs cette année avec 14 points.
Takeo Fukui, n°1 d’Honda Motors, a jeté l’éponge avec émotion. Cette décision difficile a été prise à la lumière de la dégradation rapide de l’environnement dans le secteur de l’industrie automobile, due au subprimes américaines, au resserrement du crédit et à la récession des économies mondiales, a indiqué le patron japonais, précisant qu’il ne savait pas encore quel allait être l’avenir de l’écurie. Que celle-ci soit vendue ou pas, il s’est également excusé auprès des employés, pilotes, et supporters de l’équipe de Formule 1. La firme japonaise ne reconduira les contrats d’un nombre total de 760 ouvriers temporaires travaillant dans ses usines au Japon d’ici fin janvier. Je pense que dans cinq ans, l’histoire démontrera que nous avons pris la bonne décision. Honda ne fournira pas non plus de moteurs : Il s’agit d’un retrait total.
Des repreneurs possibles ?
Nick Fry, le directeur général de Honda, affirme que trois investisseurs s’étaient d’ores et déjà montrés intéressés pour reprendre l’écurie japonaise. Trois personnes sérieuses nous ont approchés et nous ont fait savoir qu’elles seraient intéressées pour racheter l’équipe, donc nous espérons toujours pouvoir être présents à Melbourne le 29 mars pour l’ouverture de la saison 2009, a dit Nick Fry sur la radio BBC Radio 5 Live. Vous avez dit bluff ?
La voiture prévue pour 2009 serait déjà à un stade de développement avancé. Je pense que nous avons des arguments attrayants, a ajouté Nick Fry. Nous avons donc beaucoup d’espoir, comme de nombreux observateurs de la Formule 1, que notre équipe réussisse un grand pas en avant. Il me semble que ce serait donc une belle opportunité pour qui serait intéressé.
Pour sauver l’écurie, en même temps que l’image de la Formule 1, Bernie Ecclestone en personne n’hésite pas à en rajouter. Ils ont dépensé beaucoup d’argent pour en arriver là, donc, si quelqu’un veut investir en Formule 1, c’est forcément une belle opportunité à étudier, a estimé le grand argentier de la F1. C’est vraiment dommage qu’ils se retirent parce que je pense qu’ils auraient figuré dans le quatuor de tête sans aucun problème en 2009, a-t-il encore affirmé. Le genre d’affirmations gratuites que les dirigeants de la discipline se sont évertués à répéter chaque saison pour ne froisser personne alors que l’écurie Honda n’a jamais décollé au niveau des résultats.
Apparue pour la première fois en 1964 sur un circuit de F1, puis absente l’année suivante, la firme nippone était revenue dans le milieu en tant que fournisseur de moteurs de 1983 à 1992. Elle avait alors conquis plusieurs titres.
Après l’interdiction des systèmes Turbo, Honda avait de nouveau quitté les circuits pour revenir en 2000 en s’associant avec BAR (British American Racing, soutenue alors par le cigarettier British American Tobacco), un partenariat qui a duré six ans, jusqu’à la création de l’écurie Honda Racing Team F1 en 2006, année où Jenson Button a signé une victoire en Grand Prix au volant de sa nouvelle monoplace. Le retrait de Honda n’est pas surprenant. Des réflexions similaires sont certainement en cours dans de nombreuses autres écuries. La question centrale est de savoir si les réductions de coûts que tous doivent réaliser interviendront assez vite pour garantir le maintien d’un nombre suffisant d’équipes, a commenté Red Bull, impliqué dans deux écuries : Reb Bull et Toro Rosso. L’autre constructeur japonais impliqué en F1, Toyota, a tenu à rassurer sur sa volonté de rester. Toyota est toujours déterminé à réussir en Formule 1, indique Toyota. Le constructeur émet le souhait que les propositions de la FIA (voir encadré) visant à réduire les coûts de gestion d’une écurie reçoivent le soutien étendu qu’elles méritent.
Ce retrait de Honda confirme la forme déclinante de la Formule 1. Au cours de la saison, Super Aguri, écurie soutenue par Honda, avait jeté l’éponge. Le Grand Prix du Canada et celui de France ont été supprimés du calendrier, faute d’argent pour l’un et d’un mauvais emplacement pour l’autre, tandis que les organisateurs du Grand Prix d’Australie sont capables d’annoncer déficit sur déficit sans sourciller. Perdre encore deux équipes placerait (la F1) dans une situation intenable. Actuel-lement, nous avons 20 voitures en compétition, si nous perdons deux équipes, nous n’en aurions plus que 16 et le grille de départ ne serait plus crédible, s’inquiétait le président de la FIA, Max Mosley, il y a quelques semaines. Encore une, et la prédiction de Mosley se réalisera.
La FIA standardise moteurs et boites
Avec l’annonce du retrait de Honda, la Fédération internationale de l’automobile (FIA) en profite pour rendre publics les résultats de son appel d’offres pour des moteurs et boîtes de vitesse standards qui devraient revenir à moins de sept millions d’euros par saison à partir de 2010. La FIA est en négociations exclusives pour construire ces moteurs uniques avec le manufacturier Cosworth. Xtrac et Ricardo Transmissions s’occuperont quant à eux de la boîte de vitesse.
Les écuries qui voudront fonctionner avec ces éléments effectueront de substantielles économies selon la FIA, alors qu’elles dépensent à l’heure actuelle plusieurs dizaines de millions d’euros par saison pour les moteurs et boîtes. Elles auront cette fois un petit droit d’entrée à acquitter, de 1,97 million d’euros, puis il leur en coûtera 6,42 millions d’euros par saison pour 2010, 2011 et 2012. La FIA précise que ces chiffres ont été fixés si quatre écuries souscrivent à cette proposition. Les coûts peuvent encore baisser si plus de quatre équipes utilisent les éléments standards : ils tombent par exemple à 5,84 millions d’euros par saison si huit équipes signent l’accord. A l’inverse, si moins de quatre équipes y souscrivent, la procédure sera de toute façon maintenue avec des coûts un peu supérieurs aux estimations actuelles.
Les écuries qui ne souhaitent pas adopter ces moteurs et boîtes standards ont deux options. Elles pourront construire elles-mêmes ces parties standardisées, ou elles pourront continuer à utiliser leur moteur actuel, qui ne pourra pas présenter des performances supérieures au bloc propulseur standard.