Le gouvernement soutient la Ligue de football professionnel (LFP). Il modifie le décret du 15 juillet 2004 pour faire passer la durée des droits de diffusion audiovisuelle de 3 à 4 ans.
La LFP n’a pas ménagé ses efforts sur ce dossier. Cet allongement de la durée est le fruit d’un lobbying actif, la LFP ayant finalement réussi à convertir le gouvernement contre un avis du conseil de la concurrence. Le Conseil n’est pas favorable à un allongement à 5 ans de la durée des contrats ni a fortiori à la suppression de toute clause de durée, affirmait en juillet le Conseil qui avait été saisi par le ministère de l’Economie et des Finances. Le conseil estimait que la prévisibilité des règles du jeu qui en découle (maintien des 3 ans) est d’ailleurs un élément qui ne peut qu’encourager les candidatures à l’achat des droits et considère qu’une durée de 3 ans est satisfaisante, dans la mesure où elle ne ferme pas le marché pour une période trop longue tout en laissant à l’acheteur suffisamment de temps pour amortir son investissement. La ligue estime au contraire que l’augmentation de la durée du contrat permettrait de faire émerger plus facilement un concurrent à Canal + qui, depuis plusieurs mois, multiplie les déclarations indiquant qu’il tente de tirer le prix à la baisse. Selon la Ligue, l’allongement de la durée permet aux nouveaux opérateurs de pouvoir émerger plus facilement en prévoyant leurs budgets et plans de développements sur un plus long terme. Une plus longue durée permettrait également d’offrir plus de visibilité sur leurs revenus aux clubs. Dans son argumentaire, la LFP a souligné que les autres fédérations comme celle de football ou que la ligue nationale de rugby (LNR) commercialisaient leurs droits sur 4 ans et que seule la Ligue de football était tenue à 3 ans.
Cette première étape presque franchie, le Conseil d’Etat et le conseil de la concurrence doivent encore se prononcer, la LFP doit lancer son appel d’offres pour la Ligue 1 fin novembre ou début décembre. Les droits de retransmission du Championnat de France de football venant à échéance à la fin de la saison. Mais des zones d’ombre restent à éclaircir. Dans le cadre de sa fusion avec TPS, Canal + a pris 59 engagements. La chaîne s’est engagée à ne pas offrir aux détenteurs de droits de prime d’acquisition pour les années d’exploitation postérieures à la troisième année. Ce qui voudrait dire qu’un opérateur pourrait offrir une prime pour la quatrième année du contrat à la LFP, alors que la chaîne cryptée n’en aurait pas le droit. Affaire à suivre.
Bataille de chiffres
L’ambiance paraît tendue entre Canal + et la Ligue de football professionnel (LFP). Dans le journal Le Monde, Rodolphe Belmer, directeur général de Canal +, affirmait que le football a perdu un tiers de son audience. La réponse de la LFP vaut le détour. Notre partenaire continue sa campagne de dénigrement estime ainsi Frédéric Thiriez, président de la LFP. Comme d’habitude, la présentation des chiffres est particulièrement tendancieuse et relève même de la mauvaise foi poursuite le président de la ligue. S’il est exact que l’audience moyenne du match du dimanche soir, après 11 journées, est en baisse de 28%, celle du match du samedi est, elle, en hausse de plus de 20%, détaille encore Frédéric Thiriez. Le cumul des deux aboutit à un total de 24 millions de téléspectateurs à la 11e journée. L’an dernier, à la même époque, le cumul atteignait 28 millions de téléspectateurs, mais si on réintègre le match du dimanche soir qui nous a manqué à la 8e journée du fait de la Coupe du monde de rugby, le cumul s’établit à 25,5 millions de téléspectateurs. Frédéric Thiriez assène enfin que si cette baisse d’audience est réelle, elle est légère. Mais encore faut-il en expliquer honnêtement les raisons. Outre la concurrence du Mondial de rugby, on doit noter que les choix de programmation ont parfois été assez curieux. On ne peut pas dire qu’en dénigrant en permanence le football, Canal + se fait une bonne publicité ! A bon entendeur…