Le Coupe du Monde de football est une aubaine pour les marchands du temple… Nul n’échappe à la tentation de profiter de l’un des événements sportifs les plus suivis au niveau planétaire (avec les Jeux Olympiques et le Tour de France). Labels de musique et distributeurs n’échappent pas à la règle et sortent depuis plusieurs semaines des disques aux couleurs du Mondial. Reste à savoir si leurs motivations sont purement commerciales…
Nous ne pouvons pas passer à côté de l’effervescence suscitée par le Mondial, explique Anthony Karayaka, assistant au chef de projet chez ULM/Universal. Bien entendu, à côtés des classiques motivations commerciales du groupe, l’intérêt pour une maison de disques de commercialiser des compilations liées à la Coupe du Monde de football est de mêler deux publics différents, à savoir les amateurs de musique et les supporters de football. Deux compilations sont en effet actuellement proposées par Universal Music. La première, dont la réalisation a été confiée à l’artiste américaine Lumidee, s’appuie sur des artistes Grand Public comme Bob Sinclar ou Ziggy Marley et sur la mascotte officielle de la Coupe du Monde Goleo VI, dont elle porte le nom. C’est la compilation officielle de la Coupe du Monde, réalisée en étroite collaboration avec la Fifa Word Cup, se félicite Anthony Karayaka. La deuxième compilation, baptisée Samba Goal, surfe sur la vague musique brésilienne, jugée très tendance par Universal Music depuis quelques années. Universal Brésil a contacté le joueur de football Ronaldinho afin qu’il sélectionne ses morceaux préférés (photo). Il a immédiatement accepté et s’est mis au travail. Sa sélection est fine et pointue… les standards n’ont pas été oubliés pour autant.
Les maisons de disques allemandes sont fans de football
Chez Nocturne, label de musique parisien et distributeur, on raisonne légèrement différemment. Nous laissons nos artistes s’exprimer comme ils l’entendent, indique le chef de projet Cyril Roux. En Allemagne, il faut savoir que tous les labels sont fans de football… les artistes encore plus. Dès lors, quand une maison de disques comme Sonar Kollectiv nous propose de distribuer une compilation de titres brésiliens choisis par le groupe Jazzanova pour célébrer l’événement sportif en musique, nous nous devons d’accepter. Pour appuyer son analyse, Cyril Roux fait remarquer que de nombreux artistes allemands refusent de donner des concerts ou d’animer des bars et des boîtes de nuit pendant toute la durée de la Coupe du Monde, de peur de louper un match. D’autres, comme DJ Hell, proposent l’ensemble de leur catalogue en lead price pendant le Mondial simplement parce qu’ils aiment le football. En vendant des disques comme Paz e Futbol ou Grupo Batuque (hommage à l’équipe de football brésilienne par le groupe de percussions Grupo Batuque), nous ne faisons pas du business… nous répondons simplement à une attente. Pas d’objectif commercial particulier donc pour Nocturne avec ces titres aussi spécialisés qui ne s’écouleront, au mieux, qu’à quelques milliers d’exemplaires. Encore un exemple significatif. Un produit comme Les Bleus à la Coupe du Monde, disque documentaire de Radio France retraçant en trois heures la fabuleuse saga des Bleus de 1930 à 1998 au travers de témoignages, archives et musique, s’est vendu pour l’instant à seulement 800 exemplaires… C’est bien la preuve que l’intérêt artistique prime sur la notion de profit !