Le Racing Club de Strasbourg, relégable en Ligue 2, a officiellement été vendu à la société anglaise FC Football Capital Limited, détenue par un Français et un Suisse. Deux personnages dont on sait bien peu de choses.
Premier personnage de cet épisode : Roman Loban. Installé à Londres, ce Estonien possède plusieurs sociétés spécialisées dans la finance et la gestion de fortunes. Mais il n’est pas le repreneur du RC Strasbourg. Roman Loban est le représentant d’un investisseur suisse dont le nom n’est pas encore connu mais présenté comme suit : un avocat suisse spécialisé dans le monde du football, dont l’expertise apportera les atouts nécessaires pour renforcer la formation actuelle du Racing.
Anecdote cocasse, mais révélatrice de la situation alsacienne : l’autre investisseur présenté n’avait pas de prénom ! On apprendra quelques jours plus tard qu’il s’appelle Jafar Hilali.
Lui aussi n’est qu’un intermédiaire. Celui du financier français Alain Fontenla, 35 ans. Jafar Hilali a lui-même révélé qu’il est en fait le gestionnaires des intérêts financiers d’Alain Fontenla, un Français de 35 ans, passionné de foot, qui a fait carrière à Londres dans le domaine de la finance. Un profil à la mode dans le football français puisqu’il correspond trait pour trait à celui de Loïc Fery, le repreneur du FC Lorient en Ligue 1.
Ces investisseurs mystérieux n’étaient pas présents le jour de la passation de pouvoir. On comprend mieux pourquoi, au sortir du conseil d’administration, les petits actionnaires du RCS ont dénoncé le flou artistique au sujet de l’identité des repreneurs.
Julien Fournier, lui, était présent. Le nouveau président délégué du club, ex-secrétaire général de l’Olympique de Marseille, limogé en juin, succède à Philippe Ginestet au poste de président du Racing. Le Racing manque à la Ligue 1, a-t-il déclaré. Il y a tout ici pour faire du bon travail : une histoire, un club, un futur stade de la Meinau qui constituera un magnifique outil. Je suis venu à quatre reprises à Strasbourg pour des réunions de travail et à chaque fois que je montais dans un taxi le chauffeur me parlait du Racing. C’est pareil à l’OM, les taxis sont les premiers supporters d’un club et souvent aussi un baromètre très fiable. Dans le club qui doit supporter le surnom de l’OM de l’Est pour ses incessants soubresauts, Julien Fournier, ancien responsable du centre de formation de l’OM, puis directeur administratif et financier et enfin secrétaire général du club phocéen, sera donc comme un poisson dans l’eau. Un autre administrateur rejoint la Racing. Il s’agit de Christophe Cornelie, avocat d’affaires et directeur financier du FC Football Capital Limited.
Les minoritaires protestent
C’est proprement hallucinant, avait déploré dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, Dominique Pignatelli, actionnaire d’EuroRacing, la société dont Philippe Ginestet est majoritaire et qui gère les affaires du club. Ici, rien ne se passe de façon normale. Philippe avait promis de nous associer au tour de table. Je suis sidéré par son irrespect. Dans une entreprise classique, cette manière de procéder serait impensable. Nous sommes abasourdis, c’est la déception pour nous tous, car nous n’avons reçu aucune information, a déclaré Jacky Kientz, ancien président du Racing de juin 1990 à septembre 1992 et porteur cet été d’un projet de reprise repoussé par Philippe Ginestet. Je pense que l’on va au devant de temps difficiles, a-t-il ajouté. La plupart des petits actionnaires ont voté contre la vente du club, mais ils n’ont rien pu faire face à l’actionnaire majoritaire.
Détenteur de 78% des parts d’EuroRacing, Philippe Ginestet aurait investi quelque 5 millions d’euros dans le club. J’aurais bien privilégié une solution régionale mais les discussions n’ont pas pu aboutir, alors qu’avec Loban, j’ai très vite eu des garanties. Il était important d’aller vite en vue du prochain mercato, a souligné Ginestet qui a précisé avoir perdu 3 millions d’euros dans l’affaire.
Les nouveaux actionnaires se seraient engagés à investir 10 millions d’euros en deux ou trois saisons.