Pas assez de recettes aux guichets, ni de sponsoring, trop de charges à payer et un marché des transferts qui s’est effondré. Voici quelques excuses que les présidents de club de football vont servir aux médias lorsque la DNCG dévoilera les comptes (très) déficitaires de la saison 2009-2010 du football français. A ce tableau, on ajoutera une gestion pour le moins incroyable des présidents en personne. Dans quelle entreprise, le montant des primes peut-il varier aussi allégrement qu’au football ? Le mauvais exemple a encore été donné par l’Olympique de Marseille après sa qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions.
Pour cet exploit (Marseille n’avait plus dépassé la première phase de poules depuis la saison 1999-2000), les joueurs ont demandé et obtenu le doublement de leur prime de qualification ! Quelques minutes après le coup de sifflet final à Moscou, celle-ci est passée de 33.000 à 66.000 euros par joueur. D’un coup d’un seul, l’entreprise OM gréve son budget dans l’euphorie ambiante. D’autant que cette coutume propre au football n’est pas une exception dans la saison. Le président peut doubler la prime de victoire à l’extérieur ou bien encore la doubler pour une victoire de prestige. Une coutume curieuse et totalement incompréhensible. Dès lors que les primes peuvent s’envoler au gré des humeurs, à quoi bon rémunérer aussi grassement les joueurs ?
Un prêt à rembourser
Certes, la qualification pour les huitièmes de finale va rapporter plusieurs millions d’euros au club. Au minimum 4 à 5 millions d’euros. L’Olympique de Marseille peut bien se permettre un petit écart. Sauf que la situation du champion de France est tendue. Au terme de la saison passée, l’OM a clôturé son exercice sur un déficit. 400.000 euros environ. Léger déficit, mais c’est tout de même un comble de perdre de l’argent l’année où vous remportez le titre de champion de France et une Coupe de la Ligue ! La faute à la coûteuse campagne de transferts de la saison passée, mais aussi à une logique de primes non maîtrisées. Cette saison, le club doit rembourser 8 millions d’euros à sa propriétaire, Margarita Louis-Dreyfus. Une somme correspondant à la rallonge accordée cet été pour boucler le recrutement. En outre, le conseil de surveillance a renoncé à son exigence de diminuer la masse salariale de 10%. La rigueur budgétaire reste un vain mot, cette année encore.
Le Vélodrome sera bientôt un handicap
Cette gestion de la qualification surprend également ceux qui suivent régulièrement l’actualité olympienne et qui ne sont pas sans savoir que les prochains mois risquent d’être difficiles pour le club. Non seulement du fait de l’incertitude régnant autour de la prochaine négociation des droits de retransmission. Or, l’Olympique de Marseille – comme tous les clubs français – reste télédépendant. Mais il y aussi le dossier du Stade Vélodrome. Dans sept mois, la rénovation (ou plutôt la construction d’un nouveau stade tant les travaux sont importants) va débuter et amputer le Vélodrome d’une bonne partie de ses places à vendre. En conséquence, l’OM, qui doit s’attendre à une forte hausse de son loyer pour financer les travaux, verra ses recettes de billetterie décliner.
Les joueurs sont venus naturellement me demander si je pouvais faire un effort
On ne s’était pas qualifiés en huitièmes depuis la nuit des temps, les joueurs sont venus naturellement me demander si je pouvais faire un effort, s’est justifié le président de l’OM, Jean-Claude Dassier, devant des étudiants de l’Ecole de Journalisme et de Communication de Marseille. Il n’y avait aucune obligation. Avec Margarita Louis-Dreyfus, Vincent Labrune et Antoine Veyrat, on a estimé que c’était bien de le faire. On en a les moyens, on ne met pas en danger les finances du club.