A partir du 1er juillet prochain, Le Mans UC 72 changera de nom pour devenir LeMans FC (avec le nom de la ville collé pour les besoins d’Internet). Nouvelle dénomination, nouveau logo, dessiné par l’agence Leroy Tremblot, le club de Ligue 1 se couvre de nouveaux habits pour emménager dans un nouveau stade, le MMArena.
Que le MUC 72 devienne LeMans FC est frappé du bon sens. Le Mans a une renommée internationale exceptionnelle grâce à ses rillettes et ses 24 Heures. Que Le Mans soit donc mis en valeur dans le nom du club de football local paraît logique. Le mot MUC était peu employé hors Sarthe, les gens n’assimilaient pas le chiffre 72 à un département. En plus, le terme Union n’avait plus lieu d’être : le SO Maine et l’US du Mans, associés en 1985, avaient refusé en 2003 de fusionner leurs sections amateurs, précise le président du club de football, Henri Legarda, pour justifier de la nouvelle appellation. Pour changer d’image, le club sarthois se dote, aussi, d’un nouveau logo. Rouge et jaune, avec un cheval pur-sang.
Au-delà du nouveau visuel, Le Mans se prépare à investir le MMArena l’été prochain. Un stade flambant neuf, le premier en France à prendre le nom d’un partenaire. Une enceinte stratégique pour le club qui va devenir co-propriétaire de la concession du stade, au côté du constructeur Vinci, pour les 33 prochaines années. Une manière de diversifier ses sources de revenus. Via une société commune, Le Mans Stadium (LMS), LeMans FC pourra prendre part, au même titre que Vinci, aux décisions concernant la gestion du stade. Ce qui veut dire décider du planning des matches et des autres événements qui devront animer l’enceinte… et rentabiliser un projet à 102 millions d’euros pour 25.000 places. L’occasion de rappeler le montage financier retenu pour cette réalisation. La ville du Mans met 31,5 millions. Le reste est payé par la Région (8,76 millions), le Département (8,76 millions), les MMA (3 millions, inclus dans le contrat de naming de 1 million d’euros par an jusqu’en 2020). La société Le Mans Stadium injecte 50 millions d’euros. LeMans FC investira immédiatement 5,5 millions d’euros, comme Vinci, dans la nouvelle société. Et les 39 millions manquants seront empruntés. Autrement dit, le club de football prend ici un risque financier à la différence de biens des clubs qui attendent la fourniture tous frais payés d’un nouvel équipement.
Surcoût pour la ville en cas de relégation ?
Toutefois, le risque est encadré avec un niveau minimum de recettes assurées. La subvention annuelle de la ville s’élève à 1,3 million d’euros. LMS percevra également le loyer annuel, en tant que locataire, du club (700.000 euros) et un pourcentage sur les entrées (15%). En cas de descente en Ligue 2, le risque est également calculé. Comme dans toute concession, l’aléa est supporté par la collectivité, précise Fabrice Favetto, Directeur du MUC 72. C’est donc la ville qui mettra la main à la poche : 500.000 euros de plus par an.
En devenant actionnaire du stade, Le MUC pourra bénéficier de ses retombées puisque la moitié des bénéfices de la société Le Mans Stadium reviendra à la formation de Ligue 1. Ce qui implique les entrées, les buvettes, les produits dérivés, les événements non-sportifs. Notre objectif est de stabiliser et de diversifier nos revenus, qui viennent surtout, pour l’instant, des droits télés et de la vente des joueurs, indique encore Fabrice Favetto. Notre objectif est de proposer de vraies soirées aux familles, en faisant venir les gens plus tôt, comme en Allemagne, par exemple. Avec le stade un complexe de 10.000 mètres carrés, centré sur le sport loisirs verra le jour, fin 2010. Un hôtel trois étoiles de 100 chambres est aussi prévu pour 2011. LMS devrait employer une vingtaine de personnes, dont une douzaine viendront du club de football.
L’annonce tombe mal. Le club est avant dernier du championnat après 15 journées disputées. En ce moment, ses supporters regardent plus vers la Ligue 2 qu’ils ne pensent investir de nouvelles travées. Seulement le temps des affaires diffère de celui du sportif. Les négociations ont tardé à se concrétiser. Ce qui explique le choc de la confrontation entre des résultats sportifs en berne et un horizon économique qui se dégage. L’impact de la nouvelle enceinte est loin d’être négligeable. Dès la première année, le budget du club devrait bondir de 36 à 45 millions d’euros.
L’événement reste de taille. Avoir une équipe résidente et un constructeur qui gèrent ensemble un stade, est une première en France. L’enceinte de 25.000 places a bien avancé. Nous sommes dans les temps et nous serons en mesure de le livrer pour la première journée du championnat 2010-2011, assure Xavier Lapeyraque, directeur général de la LMS. En Ligue 1 ou en Ligue 2 ?
MUC 72, quest-ce que ça veut dire?
Pour arriver à la décision de changement de dénomination, le MUC 72 a fait procéder à une étude par l’institut de sondage Ipsos. Les résultats sont étonnants. Ainsi, 72% des personnes intéressés par le football en France sont incapables de répondre à la question suivante : Quel est le nom du club de football professionnel du Mans ? Un résultat peu flatteur qui est le plus faible pour les équipes de Ligue 1 sur la saison 2009-2010 juste devant Grenoble (GF 38) et loin derrière des formations comme Lorient, Valenciennes ou Nancy (entre 50 et 60%), clubs à la notoriété équivalente. A la question, Quel est le nom du club de football professionnel du Mans ?, 10% des personnes interrogées ont répondu MUC, 5% Le Mans ou Le Mans FC. 4% ont répondu correctement MUC 72.
Si bien que les dirigeants sarthois sont arrivés à la conclusion que mettre en avant Le Mans dans le nom du club maximisait les retombées médiatiques pour le département de la Sarthe plus efficacement que le numéro 72. En Europe, les chiffres contenus dans les noms des clubs, 7/120, sont perçus majoritairement comme faisant référence à l’année de création du club. Dans la même optique d’assurer une exposition maximale à ses partenaires, Le Mans a constaté que le dénotatif Football Club était utilisé par 30% des clubs européens et que la marque Le Mans faisait l’objet de 1,8 million de requêtes mensuelles sur le moteur de recherche Google. Ce qui explique également la décision prise d’adopter une écriture contractée LeMans pour mieux correspondre, dixit le club, aux nouveaux codes et pratiques en vigueur sur le web, renforçant le côté innovant du club.