Ce n’était pas gagné, et la démarche paraissait même perdue d’avance. Pourtant, la Ligue de football professionnel (LFP) obtient de YouTube, filiale de Google, une plus grande protection des images du Championnat de France.
En janvier, la LFP signait un accord de diffusion inédit avec Dailymotion au sujet de la Coupe de la Ligue pour trois saisons avec partage des revenus publicitaires. Dans la foulée, les dirigeants du football professionnel annonçaient leur intention de poursuivre en justice le site Internet YouTube s’il ne filtrait pas les images de la Ligue 1. Il faut croire que la menace à porter ses fruits. Jusqu’à présent, le site américain de partage de vidéos a toujours considéré, en tant qu’hébergeur, ne pas être responsable des vidéos postés par ses visiteurs.
L’accord actuel avec YouTube n’est qu’une première étape, une condition préalable pour les considérer comme des acteurs à part entière de la diffusion d’images sur Internet, indique aux Echos Jérôme Perlemuter, directeur juridique de la LFP. Il ne s’agit pas du tout d’un accord financier, simplement du développement d’outils de protection.
Pour faciliter le filtrage, la LFP fournira à YouTube des résumés des rencontres comportant une empreinte numérique. Le site compare ensuite les images qu’il reçoit à ces résumés et, dès que l’empreinte est reconnue, le piratage est avéré et la diffusion stoppée. Dailymotion emploie une autre technique en adoptant la technologie Signature de l’INA, avec qui YouTube est en conflit, pour reconnaître du contenu protégé avant sa mise en ligne.
D’après Jérôme Perlemuter, le changement d’attitude de YouTube a plusieurs causes. YouTube est sur un marché où chacun regarde le comportement de l’autre, dit-il. Dès lors que Dailymotion a décidé de signer avec nous et a montré qu’il était possible de développer des systèmes de protection des contenus, YouTube s’exposait vraiment à un risque juridique. Soit il acceptait, soit le tribunal arbitrait. Une autre raison est d’ordre stratégique : YouTube tente de se positionner comme un acteur fréquentable et respectable du marché de la diffusion, en vue de signer divers accords.
Quant à savoir maintenant si le piratage d’images de la Ligue 1 porte réellement préjudice à la Ligue et aux clubs, c’est une autre histoire. Considérant qu’Internet est le média de l’avenir, la LFP cherche un modèle économique viable pour l’exploitation de (ses) droits sur internet, qui n’existe pas encore. Mais la LFP veut également maîtriser l’ensemble de ses images. Ce qu’elle fait en nouant divers accords avec des plate-formes Internet.