Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a pris sa décision en moins de vingt-quatre heures. Après avoir auditionné les trois candidats en lice, le CSA a choisi de retenir le dossier de la Ligue de football professionnel (LFP) et de sa chaîne CFoot pour occuper une fréquence sur la TNT payante. Le pari est double.
La LFP a donc mis KO ses deux concurrents, Canal+, qui postulait pour Canal+ Family, et TV Numeric, pour son service TV Select. Une audition aura suffi à régler le dossier : la Ligue de football professionnel (LFP) l’a emporté. Son offre a été jugée la plus apte à donner un nouvel élan à la Télévision numérique terrestre (TNT) payante. On sait que le football est une thématique qui rassemble, c’est ce dont a besoin la TNT payante, a estimé Catherine Laborde, membre du CSA. Le football et le CSA ont tout pour s’entendre. A l’inverse de la TNT gratuite, qui bouleverse les audiences des chaînes historiques, la TNT payante n’a toujours pas décollé en France. Seule l’offre de Canal+ a trouvé preneur avec près de 1 million d’abonnés. Avec des programmes de football, le CSA espère relancer l’intérêt du public. Qui plus est, CFoot est aussi un choix plus facile que le complexe dossier de TV Numeric composé d’une chaîne de rediffusion en boucle de séries, documentaires, et un service de vidéo à la demande de films. Une offre coûteuse pour le téléspectateur : 12 euros par mois pour recevoir TV Select, en plus du coût d’accès au bouquet de base (8 euros par mois) et du prix des filmes achetés. Canal+ représentait la sécurité. Mais alors que Canal+ Family est déjà reçue par 3,5 millions d’abonnés ADSL, câble ou satellite, octroyer une fréquence supplémentaire au groupe de télévision à péage revenait à conforter son quasi-monopole sur la télévision payante.
Le dossier de la LFP balayait ces obstacles. Le football est populaire et… accessible. CFoot ne coûtera que 4 euros par mois. D’accord, la grille des programmes n’a rien de folichonne : l’actualité des clubs, des magazines sur la vie des clubs et des matches de… Ligue 2. Le point fort et le point faible de CFoot. Si la chaîne diffusera en direct des matches de Ligue 2 (sauf celui diffusé le lundi soir par Eurosport), les amateurs de Ligue 1 devront se contenter de différé. Et encore, il ne faudra pas être trop exigeant : deux matches seulement par journée seront concernés. Frédéric Thiriez, qui a défendu bec et ongles ce dossier le dit viable sans la Ligue 1. Ce qui nous rend sceptiques. Comme les prévisions de la LFP. Lancée en juillet 2011, la chaîne, dont le budget n’a pas été présenté, pourrait être rentable dès 2012 ! A l’horizon 2014, la ligue espère 3,5 millions d’abonnés (TNT payante, ADSL, câble et satellite). Là encore, dans l’état actuel des choses, il y a de quoi être perplexe.
Néanmoins, l’obtention de cette fréquence vient bouleverser la donne avant l’appel d’offres sur les droits de retransmissions de la Ligue 1 pour la période 2012-2016. Tout l’enjeu pour la LFP est d’accéder, grâce à CFoot, à des ressources à la fois pérennes et indépendantes des résultats des appels d’offres successifs. Le football français et ses clubs ont besoin d’une exposition élargie pour raconter le football dans toutes ses dimensions, a plaidé Frédéric Thiriez devant le CSA. Nous voulons mettre la force du football français au service de la relance de la TNT payante. Une formule qui a sans doute fait mouche, mais CFoot défend avant tout le chiffre d’affaires des clubs. Lors du prochain appel d’offres sur les droits TV, qui sera lancé dans le courant de l’année 2011, la ligue aura une alternative. Si certains lots ne trouvaient pas preneur au prix souhaité par la LFP (comme ce fut le cas récemment pour la Ligue 2), la ligue disposerait dun plan B en reprenant pour son compte la diffusion de ces programmes non alloués. Le cas échéant, elle pourra renégocier à la hausse la rémunération de la diffusion de CFoot auprès des distributeurs. Dans le prochain appel d’offres, la LFP se donnera du reste la possibilité de s’adresser à des éditeurs pour la reprise des matches de la Ligue 1 (avec des lots éclatés vraisemblablement) et aux distributeurs pour la reprise de CFoot. De là à retrouver le niveau du montant actuel de droits TV (668 millions d’euros, dont 465 millions de Canal+), c’est une autre histoire…