Le football professionnel européen vit dans une bulle spéculative qui n’a pas encore éclaté et il faut créer un système de règles pour éviter le krach, met en garde le président de l’Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, alors que son club annonce un creusement de ses pertes au premier semestre 2010.
L’Olympique Lyonnais rencontre le Real Madrid en huitième de finale de la Ligue des champions. Le même jour, le quotidien espagnol El Pais publie un entretien avec Jean-Michel Aulas. Le président de l’OL s’insurge contre l’inflation des effectifs des clubs, des salaires des joueurs et des commissions des intermédiaires, financée par des fortunes personnelles ou bien de grandes compagnies mères. Dans El Pais, Aulas préconise l’instauration d’un plafond pour les commissions et le nombre de transferts auxquels participent les agents des joueurs professionnels. Il n’est pas sain que des agents vendent le même joueur tous les ans et touchent des commissions sans limites. La deuxième règle doit être de mettre un plafond au nombre de joueurs professionnels que peut avoir un club, déclare encore Aulas, estimant anormal par exemple que Manchester City ait 40 joueurs salariés. En outre, l’UEFA devrait définir des règles d’équilibre budgétaire pour les clubs en rapport avec leurs ressources propres alors qu’aujourd’hui plusieurs clubs sont soutenus financièrement par leurs propriétaires. Si un jour l’injection d’argent prend fin, ces clubs feraient faillite et cela entraînerait la faillite de tout le système, met en garde le président de l’OL.
L’OL creuse ses pertes
Jamais, Jean-Michel Aulas ne vise directement le Real Madrid, capable de débourser 94 millions d’euros pour s’offrir un seul joueur et d’offrir des salaires mirobolants aux stars de la planète football. Mais on sent l’envie du président de l’OL de disposer de moyens comparables.
En 2010, l’OL ne lutte pas à armes égales avec ses concurrents européens. Le holding OL Groupe, dont dépend l’Olym-pique Lyonnais, a connu des pertes de 8,7 millions d’euros au premier semestre 2009-2010. Déjà en perte sur la même période en 2008-2009, OL Groupe avait alors affiché un résultat négatif de 2,4 millions d’euros. A cette baisse des résultats, il faut ajouter une baisse également du chiffre d’affaires qui, de juillet à décembre 2009, s’est élevé à 89,9 millions d’euros. Moins 10,5% par rapport au premier semestre 2008-2009 où le club avait présenté un chiffre d’affaires de 100,4 millions d’euros.
D’après Jean-Michel Aulas, ce résultat négatif s’explique par des éléments exceptionnels, comme la baisse des revenus publicitaires due au report du vote de la loi sur les paris en ligne (l’OL ne peut afficher BetClic comme partenaire) ou la prise en compte prévisionnelle d’une 6e place au classement final de la Ligue 1 engendrant moins de recettes liées aux droits TV. A cela s’ajoute la baisse de la billetterie (11,4 millions d’euros pour le premier semestre 2009-2010 contre 11,8 sur la même période un an auparavant) consécutive, selon Aulas, à des travaux autour du stade Gerland.
L’excédent brut d’exploitation reste positif, de 13,6 millions d’euros, et en matière de fonds propres, l’OL est probablement le premier européen avec 157,3 millions d’euros, aime à rappeler le boss lyonnais.