La ligue espagnole de football ne lance pas de mouvement de grève contre un projet d’abolition du privilège fiscal des joueurs étrangers les plus riches. L’assemblée générale de la ligue a décidé de ne prendre aucune mesure de pression et de créer une commission de négociation pour engager un dialogue urgent et efficace avec les pouvoirs publics pertinents, indique-t-elle. La ligue espagnole n’aurait-elle pas une idée derrière la tête ?
Les présidents de clubs ont donc décidé de ne pas mettre à exécution la menace de grève du championnat qui avait été brandie cette semaine, après l’annonce d’un projet de réforme fiscale affectant les clubs. Après une première tentative avortée il y a plusieurs mois de cela (voir La Lettre du Sport n°553), le Parti socialiste au pouvoir (PSOE) s’est en effet mis d’accord avec d’autres partis de gauche pour modifier la loi Beckham, qui permet aux footballeurs étrangers de payer moins d’impôts que les contribuables nationaux à revenus équivalents. A l’origine, cette disposition avait été élaborée pour favoriser l’installation d’entreprises, cadres ou scientifiques étrangers sur le territoire espagnol. Mais le football a rapidement compris son intérêt. Alors que les footballeurs espagnols sont imposés sur le revenu à 43%, les étrangers ne le sont qu’à 24% ! Le projet espagnol vise à imposer à 43% les salaires supérieurs à 600.000 euros annuels, donc ceux des joueurs les mieux payés, au même niveau que les Espagnols. Dans le cas du Portugais Cristiano Ronaldo, le salaire net après impôts atteint 9 millions d’euros, pour un salaire brut de 12 millions d’euros par an. A Manchester, l’international percevait une rétribution de 7,5 millions d’euros bruts par an.
Nous n’avons pas été consultés avant l’annonce de cette mesure, a regretté le président de la fédération José Luis Astiazaran Iriondo. Mais les clubs ne sont pas nécessairement d’accord sur le sujet, les moins riches étant a priori peu affectés par une mesure qui touche les grosses écuries du championnat. Plusieurs joueurs célèbres comme les Espagnols Raul et Iker Casillas (Real Madrid) trouvent la réforme normale, alors que le président du FC Barcelone, Joan Laporta, estime par exemple qu’elle porte préjudice au football espagnol. Nous devons tous jouer avec les mêmes règles, répond Raul.
Astiazaran Iriondo a assuré qu’il n’y (avait) eu aucune voix discordante, lors de l’assemblée générale, à laquelle participait des représentants des clubs des deux premières divisions. Le président du Real Madrid, Florentino Perez, s’était déplacé, mais pas Laporta. Le Barça était représenté par deux cadres.
La commission de négociation mise en place sera composée de Astiazaran Iriondo, Perez, du président du FC Séville, José Maria del Nido Benavente, et des présidents de deux clubs de deuxième division, Numancia (Francisco Rubio) et du Nastic Tarragone (Xavier Salvado). Cette commission va prendre contact avec les pouvoirs publics et faire des propositions. Il faudra prendre des mesures en faveur des clubs, a déclaré Astiazaran Iriondo.
Les clubs souhaiteraient aussi une réforme de la loi audiovisuelle, qui impose actuellement qu’une rencontre par journée soit diffusée en clair. Les ventes échangeront-ils la fin de la loi Beckham en échange d’une réforme de la loi audiovisuelle ?