L’année dernière, il y a eu dans le football 13 090 joueurs de football transférés à l’échelle internationale pour une somme totale de 4,1 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros). C’est évidemment un record. Pour la première fois, le montant des transactions crève le plafond des 4 milliards. D’une année sur l’autre, la hausse est 2,1 % (+3,4% depuis 2011 en rythme annuel). Focus sur le dernier rapport Global Transfert Market de FIFA TMS pour détailler l’ensemble des transactions opérées au cours de l’année 2014 lorsqu’un joueur quitte un championnat pour un autre.
Lorsque la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) publie son rapport annuel sur l’état des finances des clubs français, nous écrivons que le football traverse une crise avec des bilans où les dépenses sont supérieures aux recettes. Mais lorsque FIFA TMS publie son désormais rapport annuel consacré au marché des transferts, il faut convenir que le football ne connaît pas de crise à ce niveau là. En 2014, les clubs ont enfoncé tous les plafonds en matière de transferts de joueurs. Est-ce le signe d’une économie dynamique ou bien celui d’une bulle qui ne cesse de grossir ? Les derniers chiffres présentés sont stupéfiants.
FIFA TMS (Transfer Matching System) c’est quoi ? C’est une filiale de l’instance internationale du football. Pour rendre plus transparent les échanges financiers dans le cadre de transferts, elle enregistre, depuis 2011, sur sa plateforme numérique tous les transferts internationaux entre clubs avec les montants échangés. Les informations détaillées sont ensuite commercialisées aux acteurs du football professionnel. Les commissions versées aux agents ne sont pas intégrées dans les données, sauf pour les commissions des agents mandatés par les clubs (236 millions de dollars en 2014). De même, les transferts intérieurs (dans le même pays) ne sont pas pris en compte. Autant dire que les 4,1 milliards de dollars de transactions enregistrés pour 2014 sont très loin d’être un plafond.
L’Angleterre pays de tous les superlatifs
Nouveauté du rapport 2015, il s’intéresse aux opérations conduites dans les cinq principaux championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie). Sans surprise, l’Angleterre reste en tête des pays les plus dépensiers, avec 1,17 milliards de dollars déboursés en 2014. Premier, et de loin. L’Angleterre a dépensé plus du double de l’Espagne, deuxième plus gros marché, précise Mark Goddard, directeur général de FIFA TMS, lors d’une conférence de presse téléphonique. A elle seule, l’Angleterre représente plus du quart des dépenses mondiales !
A l’échelle des continents, l’Europe demeure le premier marché mondial avec 87 % des dépenses, indique Nicolas Fintzel, directeur publication du rapport. Les transferts entre clubs européens représentent 78 % des investissements globaux. Elle est suivie de l’Amérique du Sud et de la zone Asie. Fait marquant de 2014, la Chine entre dans le Top 10 des principaux investisseurs, avec 100 millions de dollars investis par ses clubs au cours de l’année dernière.
En nombre de joueurs, les Brésiliens sont les joueurs les plus convoités. 1 493 transferts de joueurs brésiliens ont été enregistrés pour 448 millions de dollars d’investissement. Ils devancent les Argentins (801 millions) puis les joueurs du Royaume-Uni (596 millions) et les Français (507 millions dont le désormais célèbre Eliaquim Mangala, défenseur le plus cher du monde depuis son transfert entre Porto et Manchester City). Mais c’est l’Espagne qui a vendu le plus, pour un montant record de 667 millions de dollars en 2014 (contre 584 millions en 2013), devant l’Angleterre (523 millions) et le Portugal (435 millions).
Processus de désinvestissement massif en France
En 2014, la France a enregistré 690 transferts internationaux (arrivées et départs), en hausse de 5,3% par rapport à 2013. Surprise, le premier pays de destination des joueurs venant de France est la Belgique avec 62 joueurs transférés ! Confrontés à une baisse de leurs recettes, les clubs français se sont montrés prudents sur le marché. La France arrive néanmoins à la 5e place des pays les plus dépensiers avec 222 millions de dollars en 2014. Mais c’est près de 200 millions de moins que lors de l’année 2013 (421 millions de dollars). La raison est simple : elle s’appelle fair-play financier. En 2013, le Paris Saint-Germain avait misé massivement sur le marché des transferts, concurrencés par l’AS Monaco qui revenait en Ligue 1 avec Falcao, James Rodriguez et Moutinho. Un an plus tard, le fair-play financier a limité leurs ambitions. L’été dernier, le club parisien s’est limité à l’achat du Brésilien David Luiz à Chelsea pour 67 millions de dollars. Quant à Monaco, le club de la principauté n’a dépensé que 5 millions de dollars en transferts en 2014 pour 150 millions de ventes de joueurs.
Le Real Madrid publie ses données
Le Real Madrid, objet d’une demande d’informations de la part de FIFA concernant les transferts de mineurs, se défend en publiant des données concernant une cinquantaine de jeunes joueurs. La Fédération internationale de football réclame au Real de la documentation sur tous les joueurs étrangers de moins de 18 ans du club. Assurant suivre strictement la législation d’inscription (des joueurs) dans tous les cas, le Real Madrid explique que la demande de la FIFA porte sur une cinquantaine de joueurs et détaille les raisons pour lesquelles, selon lui, le recrutement de ces derniers s’est fait dans les règles. Dans le détail, certains des joueurs concernés étaient Espagnols au moment de leur arrivée au club, d’autres déjà majeurs et plus d’une vingtaine sont arrivés à la Maison blanche après être passés auparavant par un autre club espagnol, ce qui convertit leur recrutement en transfert national et non international, a fait valoir le Real Madrid. Le club merengue cite également le cas de joueurs fils d’un ex-joueur de l’équipe première. En l’occurence, les enfants de Zinédine Zidane, dont les quatre fils Enzo (19 ans), Luca (16 ans), Theo (12 ans) et Elyaz (9 ans) jouent tous dans les catégories de jeunes du Real Madrid.
La FIFA interdit aux clubs le recrutement de joueurs mineurs étrangers (limite descendue à 16 ans pour les européens), sauf à remplir certaines conditions. Le FC Barcelone est sous le coup d’une interdiction totale de recrutement pour avoir violé plusieurs fois cette interdiction entre 2009 et 2013.