C’est l’un des principaux arguments brandis par DAZN dans son conflit avec la Ligue de football professionnel (LFP) au sujet des droits TV de la Ligue 1. La plateforme britannique, principal diffuseur du championnat de France, estime que la LFP n’en fait pas assez pour lutter contre le piratage, qui la prive potentiellement de milliers d’abonnés. L’Association pour la protection des programmes sportifs (APPS) alerte aussi sur le fléau du piratage en France.
Xavier Spender, le délégué général de l’Association pour la protection des programmes sportifs (APPS), revient sur les chiffres de l’impact du piratage en France. « Il est estimé à 1,5 milliard d’euros par an dont 420 M€ de préjudices pour le budget de l’État », assure-t-il à l’AFP. « C’est gigantesque. Concernant plus spécifiquement le secteur du sport, l’Arcom a chiffré le manque à gagner à 290 M€ par an. Le préjudice est également très important pour le sport amateur, puisque ni la taxe Buffet (affectation de 5 % des droits de retransmission d’événements sportifs au sport amateur) ni les reversements directs du sport professionnel vers le sport amateur ne s’appliquent sur ces montants. Avec le piratage, tout le monde est perdant. »
Des « groupes mafieux »
Le dirigeant de l’APPS dénonce également les organisations à l’origine de ce piratage massif, qui proposent des accès aux chaînes payantes via des prix très attractifs: « Il faut bien comprendre que le temps des Robins des Bois pirates philanthropes est révolu depuis bien longtemps. Nous faisons face à des groupes mafieux internationaux. Au mois de novembre dernier, Europol a démantelé l’un de ces groupes qui comptait 22 millions de clients en Europe, qui générait 250 M€ par mois. De l’argent qui doit être blanchi et sert à financer des activités illégales. Il s’agit d’un trouble manifeste à l’ordre public. » Xavier Spender alerte les consommateurs de ces plateformes prohibées: « Les utilisateurs des services illicites sont également perdants: fans et pratiquants de sports, c’est tant le spectacle du sport professionnel qu’ils suivent que les infrastructures du sport amateur qu’ils pratiquent qui sont mis à mal. Par ailleurs, ils sont exposés sur ces services, et en particulier les plus jeunes, à des publicités pour des services illicites: placements, casinos, pornographie, etc. Enfin, le risque de vol de données personnelles et bancaires est très élevé. »
Le directeur général de l’Association pour la protection des programmes sportifs réclame aujourd’hui plus de moyens pour lutter contre le fléau du piratage: « Nous souhaitons disposer d’un cadre juridique renforcé qui nous permettrait d’être encore plus réactif dans l’effectivité des blocages. Notre volonté est de pouvoir agir plus vite sur un nombre plus important de services pirates pour faire régresser ces pratiques mortifères pour le développement du sport en France. »
« Je veux donc être optimiste. Même s’il n’est pas comparable, l’exemple du piratage de la musique il y a quelques années nous montre une voie. L’industrie musicale a été au bord du gouffre, avec les échanges pirates de fichiers musicaux. Le secteur a su trouver des solutions et le risque mortifère du piratage a été
écarté. »