Les deux entreprises alliées sont maintenant à couteaux tirés. Mediapro s’assure les droits de diffusion de 39 des 42 clubs professionnels espagnols, rompant ainsi l’accord signé en 2006 avec Sogecable.
Juillet 2006. Mediapro, producteur espagnol de contenus audiovisuels, et Sogecable, opérateur de Canal Plus Espagne, s’entendent sur la commercialisation des droits du football ibérique à travers la société Audiovisual Sports (AS). Pour le téléspectateur espagnol, l’association permettait de suivre une rencontre de la Liga par semaine, le samedi soir, sur la chaîne gratuite Sexta, dont Mediapro construit la grille des programmes, et sur diverses chaînes régionales, alors que le reste des rencontres étaient retransmises en version payante par Sogecable : une le dimanche sur Canal +, et les autres en pay-per-view sur les autres chaînes de la plate-forme Digital +. Mais pour Mediapro, l’accord de 2006 n’a pas été respecté. Le producteur reprochant à Sogecable d’empêcher son entrée dans le capital d’AS. L’entreprise catalane a repris sa liberté en s’assurant les droits de 39 clubs de football espagnols (chaque club espagnol peut négocier individuellement ses droits, contrairement à la France où la Ligue de football se charge de conduire les négociations avec les opérateurs). Pour quelque 3 milliards d’euros, dont plus de 2 milliards pour les seuls Real Madrid et FC Barcelone, Mediapro devient le propriétaire de ces droits entre 2008-2009 et 2012-2013. Sogecable soutient que Mediapro ne pouvait pas négocier directement ni pour son compte les contrats avec les clubs et réclame 38 millions d’euros en dommages et intérêts. Un montant qui semble dérisoire en regard des enjeux. Selon les estimations, les matches de football en paiement à la séance représenteraient plus de 10% des recettes apportées par les abonnés de Digital+, qui compte pour 80% dans le chiffre d’affaires de Sogecable (1,65 milliard d’euros en 2006).
A partir de 2008, Mediapro compte négocier les droits acquis avec les opérateurs intéressés, indépendamment du canal de distribution (chaînes de télévision, câbleurs, opérateurs de téléphonie mobile, Internet). Selon Mediapro, l’exploitation directe des droits acquis devrait rapporter plus de 1 milliard d’euros dès 2008, contre 600 millions d’euros en 2006.