Le lancement de l’appel d’offres sur les Droits TV du championnat de France de football est encore loin, mais déjà les acteurs concernés par ce dossier s’agitent. Il y a Canal + qui s’exprime régulièrement pour insinuer que l’heure est à l’économie, et donc à la baisse des droits (NDLR : bien que ce scénario reste encore à démontrer), ou pour dénoncer la volonté de la Ligue de football professionnel (LFP) de produire elle-même les images de ses produits. Un autre acteur majeur du dossier entre en scène. Il s’agit de France Télécom.
On se souvient que lors du dernier appel d’offres, l’opérateur téléphonique s’était positionné sans réussite (France Télécom avait proposé quinze millions d’euros pour les droits de paiement à la séance finalement acquis par Canal +, pour 110 millions d’euros par an). Depuis, la Belgique (Belgacom) et les Pays-Bas (Versatel) ont cédé leurs droits à des opérateurs télécoms. Ce qui fait dire aux observateurs que la concurrence existe toujours malgré la fusion de TPS avec Canal +. Pourtant, intervenant dans un colloque sur la convergence numérique, organisé par l’institut de recherche NPA et le quotidien La Tribune, Hervé Payan, le directeur partenariats et services de contenu d’Orange a déclaré que son groupe n’avait pas l’intention de participer à la spéculation sur les droits du football. Il y a trois ans nous avions déposé une offre correspondant à ce que nous pouvions en tirer commercialement a-t-il ajouté. Aujourd’hui les conditions ne sont pas réunies a-t-il indiqué, soulignant que France Télécom ne dispose pas de chaîne pour diffusé les droits. Il a ainsi exclu que France Télécom soit candidat à l’achat des droits des matches de football en direct et créée une chaîne dans la foulée pour les diffuser. En marge du colloque, Hervé Payan a souligné que France Télécom ne ferait que des choses justifiées économiquement.
Info ou intox ? Si loin du départ, il est prématuré d’en tirer des conclusions. Néanmoins, si on prend au mot Hervé Payan, le directeur partenariats et services de contenu d’Orange exclue que France Télécom soit candidat à l’achat des droits des matches de football en direct. C’est donc que France Télécom n’exclue pas d’être candidat à l’achat des droits des matches de football en différé… Dans le contrat actuel liant Canal + à la Ligue de football professionnel (LFP), ce lot n’existe pas. Il est possible de regarder des matches en différé sur les chaînes des clubs (OMTV, OLTV, Onzéo pour Saint-Etienne et Marseille).
Or, pour maintenir le niveau actuel des droits TV (600 millions d’euros en moyenne par an), la LFP planche sur la segmentation des lots. Elle pourrait fort bien les multiplier, en créer de nouveaux (comme la diffusion des matches en différé), et même multiplier les sources de diffusion. Au risque de dévaluer son produit, une même rencontre pourrait être ainsi diffusé simultanément à la télévision, et via Internet. Cependant, Hervé Payan juge exagérée la menace de l’arrivée sur le marché des droits télévisés des opérateurs télécoms, dont la force de frappe financière est pourtant supérieure à celle des diffuseurs audiovisuels. Aujourd’hui Belgacom lui même indique qu’il ne le referait pas insiste Hervé Payan. Mais est-ce que le championnat belge, la Jupiler League, est le meilleur point de comparaison ?