C’est une sorte de hors-d’uvre. Avant le plat de résistance, constitué par les droits de retransmission de la Ligue 1, la Ligue de football professionnel (LFP) lance son appel à candidatures pour les droits audiovisuels de la Ligue 2 et pour le magazine dominical.
Assurément moins médiatique que ne le sera celui de la Ligue 1 et sans doute aussi sous-estimé par rapport à l’actuel appel d’offres de la Ligue nationale de rugby (LNR) pour le Top 14 et la Pro D2, l’appel à candidatures pour la Ligue 2 et pour le magazine dominical ne doit pas être sous-valorisé.
Concrètement, la Ligue 2 se présente comme le deuxième spectacle sportif de France en terme d’affluence. Quand l’ensemble des stades de Ligue 1 cumule 8.136.311 spectateurs lors de la saison 2005-2006 et le Top 14 en accueille 1.920.125, la L2 se glisse au milieu avec 2.470.138 spectateurs. Un sondage de TNS Sport classe même la L2 comme le deuxième Cham-pionnat préféré des Français. 25,6% déclarent être intéressés par la Ligue 2, contre 49,4% pour la Ligue 1 et 24,4% pour le Top 14 en rugby. En associant les affluences dans les stades (65.000 spectateurs en moyenne), les audiences radios (930.000 auditeurs pour les multiplex sur Europe 1, RTL et RMC) et de la télévision (308.000 téléspectateurs sur Eurosport avec les matches décalés du vendredi et du lundi soir), la LFP comptabilise 1,3 million de contacts sur une journée type de Ligue 2.
Actuellement, les droits TV de la Ligue 2 rapportent 15 millions d’euros au football professionnel français. Un montant que la LFP espère évidemment voir augmenter pour la période 2007-2010. Pour ce faire, la Ligue a concocté pour les diffuseurs un appel d’offres avec deux lots. Simple. Le premier lot concerne l’ensemble des matches disputés le vendredi soir, alors que le second est la meilleure affiche de la journée avec une diffusion le lundi soir. Mais cette simplicité n’est qu’apparente. Chaque lot contient plusieurs compartiments. Dans le lot n°1, appelé La Grande Soirée, la Ligue a placé les neuf matches du vendredi qui peuvent donner lieu à une diffusion en multiplex. Ce même lot donne également droit à la diffusion d’un magazine, immédiatement après la fin des matches, de résumés des rencontres de la soirée. Dans le lot n°2, en plus du match décalé, la Ligue a glissé un magazine court qui permet de diffuser tous les buts de la journée soit avant, après ou à la mi-temps du match retransmis.
La LFP produira les images
L’appel à candidatures se complexifie par la liberté donnée aux diffuseurs d’effectuer une offre alternative. Autrement dit, les candidats peuvent ignorer les deux lots et faire une offre sur les seuls produits qui l’intéressent. Uniquement le match du lundi par exemple. Pour les deux lots, la Ligue, en plus de l’offre financière, étudiera l’offre qualitative. Les candidats devront s’engager sur l’exploitation des lots, sur la promotion de la Ligue 2 et proposer des innovations. Les dossiers de candidature sont à retirer auprès de la LFP jusqu’au 19 février. Les offres sont attendues pour le 23 mars 2007. L’attribution des lots est attendue en avril pour la Ligue 2.
Grande nouveauté de cet appel d’offres, la Ligue sera productrice des rencontres. Seule l’Allemagne a choisi cette solution. Pour la LFP, qui veut proposer des images adaptées à tous les usages, maîtriser la qualité et proposer un produit clef en main, cette solution a l’avantage de permettre l’enregistrement de toutes les rencontres et donc la diffusion de tous les buts. La L2 servira de laboratoire pour savoir si cette solution sera étendue à la Ligue 1. Un appel à candidatures est également lancé pour sélectionner un producteur délégué.
Enfin, le dernier appel à candidatures concerne la diffusion du magazine dominical (entre 10h et 15h) sur les compétitions de la LFP (Ligue 1, Ligue 2 et Coupe de la Ligue) pour l’unique saison 2007-2008. Pourquoi un an ? Le contrat de diffusion de Téléfoot (18 millions d’euros) avec TF1 (propriétaire de la marque Téléfoot) arrive à échéance en juin prochain. Il s’agit de synchroniser pour la suite le magazine dominical et les droits de la L1. Chaque offre financière devra être accompagnée d’une offre qualitative qui viendra la pondérer à hauteur de 50%. L’enjeu de ce magazine n’est pas neutre. Celui-ci doit offrir une exposition maximale, sous-entendu au travers d’une chaîne hertzienne, aux produits de la LFP. Il influe également sur le calendrier de la Ligue 1. Pour la saison prochaine, la Ligue s’engage à programmer au moins sept rencontres le samedi soir. Ce qui est déjà le cas actuellement. Sauf lors des semaines consacrées aux coupes européennes. Les clubs engagés en Coupe de l’UEFA le jeudi sont programmés en Championnat le dimanche. Certains clubs devront donc disputer deux rencontres en 48 heures. Un choix qui a fait bondir l’UNECATEF, le syndicat des entraîneurs, pour qui cette décision va à l’encontre de la santé des joueurs. On a choisi le business qui a pris le pas sur l’éthique, affirme Pierre Repellini, vice-président de l’UNECATEF et représentant des entraîneurs au CA de la LFP. Selon nos projections, c’est un cas de figure qui ne se présentera que pour six ou sept matches dont un ou deux par club dans une saison, a expliqué Jean-Claude Plessis, président de Sochaux et président de la commission marketing de la LFP. C’est un effort demandé aux clubs, aux entraîneurs, aux joueurs, par respect pour nos clients, s’est justifié le président de la LFP Frédéric Thiriez.
Le football français n’est pas riche, mais vertueux
Le président de la LFP Frédéric Thiriez a affirmé en lançant l’appel d’offres pour les droits télévisuels de la Ligue 2 et du magazine dominical que le football français n’était pas riche mais vertueux. Le chiffre d’affaires du football français est le 5e des cinq grands championnats européens (Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne, France) avec 1 milliard d’euros contre 2 milliards d’euros par exemple pour l’Angleterre et cela avant l’entrée en vigueur du nouveau contrat télévisuel de la Premier League. Et il a jouté : Le football français est encore fragile de par sa dépendance aux droits TV et de la faiblesse de ses autres ressources, à savoir la billetterie et le marketing.