En plein coeur de l’été, Ernst & Young a le chic pour plomber l’ambiance alors que la compétition ne fait que reprendre. D’après le cabinet de conseil, les clubs allemands de football de première et deuxième division s’attendent à une dégradation de leur situation financière à cause de la crise économique. Mais cette mauvaise passe ne serait que passagère.
C’est la première fois depuis cinq ans que l’étude annuelle sur la Bundesliga conduite par Ernst & Young se révèle aussi pessimiste. L’étude réalisée après consultation de 34 des 36 clubs professionnels révèle que 35% des présidents pensent qu’ils vont enregistrer des pertes en 2009, contre 7% en 2008. Quelque 56% des responsables s’attendent à ce que la situation financière du Championnat d’Allemagne se dégrade durant la saison à venir, les 44% restant espérant qu’elle reste inchangée. La raison de ce pessimisme réside dans la baisse attendue des activités des grandes entreprises en matière de partenariat et locations de loge VIP. Les supporteurs vont continuer d’aller au stade et assurent ainsi des recettes stables, souligne toutefois Ernst & Young.
Le record de spectateurs établi la saison dernière et la lutte indécise pour le titre de champion font de la Bundesliga un marché globalement intéressant pour les annonceurs, poursuivent les experts. D’ailleurs, l’optimisme prévaut à moyen terme, puisque 76% des présidents ou responsables financiers consultés s’attendent à une progression de leurs recettes dans les cinq années à venir.
Selon les présidents de Bundesliga, le Championnat d’Angleterre sera celui qui souffrira le plus de la crise économique, tandis que le Championnat de France devrait être le moins touché. Un impact limité qui s’explique par le moindre endettement des clubs allemands que les clubs anglais par exemple.
Une facture de 75 millions en souffrance
Pour gâcher l’été des dirigeants du football allemand, il y a aussi la police locale. L’histoire traine depuis des mois. Un des syndicats des policiers allemand (DPolG) réclame toujours que la Fédération allemande de football paye une redevance de 75 millions d’euros par an pour la sécurité assurée autour et dans les stades par les forces de l’ordre. Les quelque 1,4 million d’heures de travail générées, selon lui, par ces dispositifs lors de la saison 2007-2008, soit l’équivalent d’un gros millier de policiers à temps plein sur toute l’année, sont supportés par les contribuables, rappelle-t-il. Si les clubs peuvent encore payer des salaires aussi élevés, c’est parce qu’ils se déchargent d’une partie non-négligeable de leurs frais de fonctionnement sur les contribuables, poursuit-il. Beau joueur, le syndicat DPolG, qui revendique 80.000 adhérents, précise que les 75 millions réclamés ne représentent que la moitié du coût pour le déploiement des fonctionnaires de police chaque saison.
Les clubs anglais inquiètent l’UEFA
L’Union européenne de football (UEFA), par la voix de son secrétaire général, l’Ecossais David Taylor, affiche son inquiétude à propos de l’état financier de plusieurs clubs anglais. Il y a plusieurs situations concernant des clubs anglais qui sont de vraies inquiétudes pour nous. Un grand nombre de clubs ont vu leur valeur s’effondrer alors qu’ils sont actuellement en vente a expliqué Taylor sur la BBC. Nous avons vu ce qui s’est passé ces dernières années pour certains clubs confirmés, Leeds par exemple. Ils ont connu d’énormes difficultés financières après avoir vu trop grand. Et dans le climat actuel, je ne peux pas dire que cela ne peut plus arriver. Il faut établir une base financière solide sur laquelle tous les clubs pourront se reposer a-t-il conclu.
En l’absence d’un organe de contrôle des finances, les dettes ont explosé ces dernières années en Angleterre, souvent pour investir dans la construction ou la modernisation des stades, mais également dans une course à l’armement en versant des salaires toujours plus élevés aux joueurs. Ceci explique peut-être cela.