Les comparaisons avec les autres championnats européens sont délicates. L’effort de transparence des clubs français est quasiment unique. Néanmoins, les publications des clubs encore cotés, la communication de quelques clubs, lorsque les résultats sont positifs, et de certaines ligues permettent d’effectuer un tour d’horizon des principaux concurrents (hors la Premier League, déconnectée du reste de la planète) mais aussi clients, du football français.
Au bord du gouffre. Au lendemain des éliminations successives de l’Inter Milan, de l’AS Roma et de la Juventus Turin en huitièmes de finale de la Ligue des champions, Adriano Galliani, vice-président de l’AC Milan et accessoirement président de la Lega Calcio, la ligue italienne de football, a estimé que le football italien était au bord du gouffre financier. D’après lui, cette triple sortie de la Ligue des Champions était le signal qu’il fallait inverser la tendance. La principale raison de la crise de résultats en Ligue des Champions est économique. Les équipes anglaises, notamment grâce aux stades, ont des rentrées nettement supérieures aux nôtres. L’Angleterre et l’Espagne nous dépassent largement et c’est un grave problème, a-t-il souligné, en allusion au fait que les clubs sont propriétaires de leurs stades. Sans nos propres stades, nous ne serons plus compétitifs à un haut niveau en Europe, a souligné le dirigeant, appelant à inverser la tendance. Il y a dix ans, nous étions les premiers dans le classement (financier) européen et nous payions (pour les transferts de joueurs) alors beaucoup plus que les clubs anglais et espagnols, alors qu’à présent nous devons céder le pas, a-t-il constaté. Il aurait pu ajouter qu’il était inimaginable auparavant de voir des internationaux transalpins évoluer sous des couleurs autres que des clubs italiens. La Serie A est en nette perte de vitesse. Comme la Ligue 1, elle espère beaucoup de l’organisation de l’Euro 2016 pour lequel elle postule. Alors que la coorganisation leur pend au bout du nez, les dirigeants français refusent, pour l’instant, d’envisager une solution qui arrangerait tout le monde.
Adriano Galliani aura encore plus l’occasion de jalouser ses rivaux ibériques lorsqu’il aura consulté les dernières informations économiques remontées d’Espagne. Si le pays est en crise, son football cartonne. Ses deux fers de lance, le Real Madrid et le FC Barcelone, rivalisent sur et en dehors des terrains. Le Real Madrid s’attend à ce que ses revenus pour l’exercice 2008-2009 atteignent le niveau record de 407 millions d’euros contre 366 millions la saison précédente ! Ce chiffre est supérieur aux prévisions budgétaires (400 millions) et le bénéfice avant impôts devrait atteindre pendant cet exercice, s’achevant le 30 juin, quelque 58 millions d’euros. Avec un maximum de rentrées d’argent, le Real estime que sa dette financière au 30 juin devrait retomber à 125 millions d’euros, contre environ 200 millions un an auparavant. Et dire que l’été prochain, le club madrilène aura un nouveau président, sans doute Florentino Pérez, l’homme qui a créé les Galactiques. D’après la presse espagnole, Pérez prépare une nouvelle opération immobilière autour du Real, similaire à celle qui lui avait permis de revendre les terrains d’entraînement du club à sa première arrivée au pouvoir pour désendetter la formation madrilène.
Si le Real va bien, le FC Barcelone ne peut pas, question de standing, se porter plus mal. Le grand rival catalan a donc prévu un budget de 380 millions d’euros pour la saison en cours, avec une dette estimée en début d’exercice à 180 millions. Durant la première moitié de l’exercice en cours, les recettes du club ont atteint un niveau record de 186 millions d’euros pendant les six mois se terminant fin 2008, en hausse de 12,4%, et ses bénéfices nets ont atteint 15,9 millions d’euros (+28,2%).
Même si le Real Madrid et le FC Barcelone peuvent être considérés comme les arbres qui cachent la forêt espagnole, en témoigne la situation inextricable dans laquelle se trouve le FC Valence après avoir épuisé un crédit bancaire de 250 millions d’euros, le football ibérique parvient à générer des recettes considérables.
La Bundesliga cumule les records
Avec un chiffre d’affaires d’1,93 milliard d’euros et 17 millions de spectateurs, les Championnats d’Allemagne de première et deuxième divisions ont accumulé les records au cours de la saison 2007-2008. Les clubs de première division représentent 81% de ce chiffre d’affaires, précise la Ligue allemande de football (DFL). Pour la quatrième saison de suite, le chiffre d’affaires global des 36 clubs professionnels a progressé, à +10,7%. Le bénéfice après impôt a en revanche chuté à 24,7 millions d’euros, contre 106,9 millions d’euros la saison précédente.
En termes de fréquentation, la Bundesliga a justifié son titre de championne d’Europe avec un chiffre global de 17.432.953 spectateurs (8.300.000 en Ligue 1 et 2.300.000 pour la Ligue 2) pour les 612 matches des deux divisions, sixième record de suite en la matière, alors qu’à son plus bas historique en 1985-1986, la Bundesliga attirait moins de sept millions de spectateurs. La moyenne de spectateurs par match s’est établi à 28.485, soit une progression de 2.000 par rapport à 2006-2007. Les dirigeants de la DFL ont fait part de leur optimisme malgré la détérioration du contexte économique. Si on continue à enthousiasmer les supporteurs, je suis persuadé que nous allons maîtriser cette crise. La Bundesliga reste l’attraction sportive N.1 en Allemagne et a pris ses distances avec ses rivales, a assuré Christian Seifert, le président de la DFL. Nous avons une bonne répartition de nos recettes, a-t-il assuré en précisant que les entrées au stade représentaient 21% du chiffre d’affaires global, la publicité et partenariats 25% et les droits TV 30%.