Débarrassée de Rossignol, Quiksilver cherche à remonter la pente. Mais comme nombre d’entreprises, le spécialiste de l’outdoor se heurte à la méfiance des banques. Au point de faire appel… au premier ministre François Fillon !
Malgré les largesses accordées par le gouvernement pour relancer l’économie – l’Etat a mis à disposition des banques 360 milliards d’euros : 320 sous forme d’apport de liquidités pour faciliter les prêts interbancaires et 40 milliards sous la forme de fonds propres pour améliorer les ratio de solvabilité -, les banques continuent de se faire tirer les oreilles. L’hebdomadaire L’Express nous apprend ainsi une nouvelle stupéfiante sur Quiksilver. La division européenne de l’entreprise américaine a bénéficié de l’intervention de François Fillon, à la demande de Michèle Alliot-Marie, ex-maire de Saint-Jean-de-Luz, qui abrite le siège de Quiksilver Europe, auprès de BNP Paribas pour proroger un crédit qui arrivait à échéance à la fin de l’année 2008 !
Frileuses les banques ? Après tout, malgré la crise, Quiksilver dispose de quelques garanties susceptibles de rassurer les financiers. Du moins, le pensait-on. Mais l’intervention du premier Ministre n’a pas vraiment été appréciée par les confrères de Quiksilver et néanmoins concurrents de la marque…
Frileuses disions-nous les banques ? A la lecture du bilan de la marque, la défiance peut également se comprendre. Au quatrième trimestre de son exercice 2008, le groupe américain a dégagé un bénéfice de 41,6 millions de dollars. Cependant, en tenant compte d’une charge de dépréciation concernent des activités en Asie-Pacifique, le groupe accuse une perte trimestrielle de -13,8 millions de dollars. Il est vrai aussi, que, si sur l’ensemble de l’exercice, Quiksil-ver enregistre un chiffre d’affaires de 2,26 milliards de dollars, en hausse de 11% par rapport à l’exercice 2007, la société affiche une perte nette de 226,2 millions d’euros. Soit le double ou presque (-121,1 millions de dollars) de celle enregistrée l’an passé ! Autant dire que les négociations entamées avec les banques pour le renouvellement des lignes de crédit qui arrivent à échéance à la mi-mars s’annoncent tendues.
Rossignol est une fois de plus désigné comme le principal responsable des difficultés de Quiksilver. Entre le rachat du fabricant de skis en 2005 et sa cession il y a quelques mois pour 40 millions d’euros, Quiksilver a perdu quelques plumes. Au total, nous avons perdu plus de 700 millions de dollars dans cette petite aventure, concède Pierre Agnès, président de Quiksilver Europe, dans Les Echos. Pour faire face à ses difficultés, le groupe a fermé ses 25 magasins les moins performants et réduit de plus d’un tiers son budget investissement pour 2009.
En cas d’échec des négociations avec les banques, Quiksilver pourrait faire appel à un fonds d’investissement, voire procéder à un rapprochement avec un concurrent. Seule bonne nouvelle : la vitalité de la zone Europe, qui représente plus de 40% de l’activité. Sur l’exercice 2008, le chiffre d’affaires a progressé de 4% à 624 millions d’euros, avec un résultat d’exploitation de 104 millions d’euros, en hausse de 9%. Les plus cyniques diront que cela n’a rien de rassurant puisque le Vieux Continent subit généralement avec retard les effets des crises venues d’outre-Atlantique.