Le secret était bien gardé. Tony Parker va investir à Villeurbanne pour en faire un des grands clubs d’Europe. Après une première expérience ratée en tant qu’actionnaire du Paris BR, le meneur de jeu des San Antonio Spurs revient
donc à la charge sur le terrain du business. Une aubaine pour la Pro A!
J’ai choisi l’ASVEL parce que c’est le meilleur club en France. Ce sont eux qui ont les meilleures chances de devenir un des grands clubs européens, a annoncé le meneur de jeu de 26 ans. Je deviendrai le deuxième actionnaire après Gilles (Moretton, l’actuel président), a-t-il dit, ajoutant qu’en attirant les sponsors, il avait l’ambition d’avoir dans cinq ou six ans un budget qui pourra concurrencer les meilleurs clubs en Europe. Passé la surprise de cette annonce, il convient de s’interroger sur le pourquoi de cette
opération inhabituelle et pourquoi maintenant.
Le basketball français se trouve à la croisée des chemins. Sportivement, il ne pèse plus grand-chose sur la scène européenne. Economiquement plus faibles,
les clubs de Pro A n’existent pas en Euroligue. Or, l’ULEB prépare une énième réforme de sa compétition en faisant la part belle aux équipes les plus puissantes financièrement dans une ligue semi-fermée. Dans sa nouvelle mouture, l’Euroligue devrait garantir une place à un seul club français. L’ASVEL espère être celui-là. Depuis plusieurs mois, l’équipe dirigeante planche sur l’édification d’une nouvelle salle de 15.000 places (et de 120 millions d’euros) capable de générer plus de recettes et de répondre aux attentes de l’ULEB. L’ASVEL envisage également la construction d’une salle d’entraînement
de 6.500 mètres carrés (entre 8 et 12 millions d’euros). Elle regrouperait un
centre d’hébergement, un cabinet médical, des salles de réunions, un centre de fitness et une crèche. Elle serait destinée aussi bien aux professionnels, qu’aux jeunes. L’avance prise par les dirigeants rhodaniens a séduit Tony Parker. Le leader du basket-ball français a expliqué qu’il avait envisagé de s’engager avec Lille ou Rouen, mais qu’il avait finalement opté pour Villeurbanne parce que l’ASVEL a prouvé qu’elle est le club le mieux structuré en France. On a la ville, la population, la salle. Si un jour la NBA vient en Europe, je pense qu’elle choisira Lyon, a ajouté Parker. Et puis, pour ma part, il faut que j’apprenne ! Si j’avais choisi Rouen ou Lille cela aurait été plus dur pour moi. Là, avec l’équipe qui est déjà en place et un président comme
Gilles Moretton je peux apprendre énormément pour gérer un club.
La masse salariale du club doublée la saison prochaine
La prise de participation de Tony Parker ne se fera pas par rachat de parts, mais par une augmentation de capital. Le meneur de jeu deviendra le deuxième actionnaire du club, derrière Gilles Moretton, qui détient 42% des parts de
l’Asvel aujourd’hui. Les autres actionnaires du club se nomment Jacques Gaillard (30%), homme d’affaires, Michel Garcia (12%), Roland Tchenio (8%), PDG de Toupargel, le sponsor du club, Anthony Thiodet (4%) et Marie Roussille, Tanguy Roussel et Stéphane Morot-Sir, ces trois derniers se partageant les 4%
restants. Selon Anthony Thiodet, vice-président de l’ASVEL, Tony Parker a l’envie, pour l’après carrière, de consacrer du temps à la gestion et l’organisation d’un club. Cet aspect des choses l’intéresse. Outre son aura, le double champion NBA devrait permettre à l’ASVEL de faire un bond économiquement. Grâce à son investissement financier personnel, rendu possible par son contrat de 66 millions de dollars sur six ans avec les Spurs, la masse
salariale du club sera quasiment doublée par deux pour atteindre, dès la rentrée 2009, 4,5 millions d’euros.
Un premier investissement manqué dans le Paris BR
En 2004, Parker avait investi dans le Paris Basket Racing, son club avant son départ en NBA, mais l’expérience avait tourné court. A l’époque, la société
Entersport, dirigée par son agent Marc Fleisher, avait racheté les parts de Louis Nicollin. Parker s’était contenté d’apporter son nom et son image. Bien lui en prit, car la gestion du PBR par les dirigeants américains allait s’avérer
catastrophique. En 2006, le club parisien, au bord de la faillite (avec 1,7 million d’euros de déficit), a changé de mains. Le joueur, qui aimerait
construire un centre de formation, n’exclut pas de porter un jour le maillot vert, mais dans un avenir lointain. A 36, 37 ans, pourquoi pas pour ma dernière année faire une sorte de jubilé en France, ça serait sympa, a-t-il lancé.