Patrice Clerc, qui dirigeait depuis 2000 la société Amaury sport organisation (ASO), organisatrice notamment du Tour de France, de l’Open de France de golf ou encore du Dakar, a été relevé de ses fonctions et remplacé par Jean-Etienne Amaury. Un départ qui apaise le conflit entre ASO et l’Union cycliste internationale (UCI).
Ce départ n’est qu’une demi-surprise. Depuis l’annonce de discussions entamées par Marie-Odile Amaury, PDG du groupe éponyme, avec l’Union cycliste internationale (UCI), il paraissait évident que la propriétaire du groupe Amaury venait de couper les ailes du directeur d’ASO. Ce changement intervient moins d’une semaine après l’accord signé avec l’UCI, qui met un terme à quatre années de conflit. Patrice Clerc rejetait la politique de rapprochement avec l’UCI. Il ne pouvait se résoudre à une éventuelle réconciliation avec la fédération internationale de cyclisme, et notamment avec son ancien chef de file, Hein Verbruggen. Le Néerlandais souhaite depuis longtemps mettre la main sur une partie du pactole des droits du Tour de France. Et même si lui aussi vient d’annoncer sa démission de la vice-présidence de l’UCI, il en tire toujours les ficelles.
Marie-Odile Amaury, elle, a préféré la diplomatie à l’affrontement avec l’UCI, qui, à terme, aurait pu mettre en péril le Tour de France. Cette reprise en main de la filiale chargée de l’organisation d’événements sportifs débouche donc sur un nouvel organigramme. Et la surprise intervient ici.
En lieu et place de Patrice Clerc, la veuve de Philippe Amaury a désigné son propre fils, Jean-Etienne Amaury. A 32 ans et sans expérience dans le secteur, il hérite d’une des plus belles réussites françaises. Même si le paquebot du Tour de France tangue depuis quelques années, le modèle économique reste solide. Il permet de financer d’autres événements, pas toujours rentables mais stratégiquement importants comme le RIDE (compétition d’équitation). Et lorsque le Dakar, autre pépite du groupe, est annulé au dernier moment, ASO, également organisateur de l’Open de France de golf, du marathon de Paris et des principales courses cyclistes d’un jour (Paris-Roubaix en premier lieu), peut annoncer sans sourciller la tenue d’un autre Dakar en Amérique du Sud après avoir mis sur pied en quelques semaines un rallye-raid en Europe centrale.
La direction générale du nouvel ASO sera assurée par Yann Le Moenner, actuellement en charge du département marketing, médias et juridique. Gilbert Ysern, le bras droit de Patrice Clerc, quitte aussi la société, a annoncé le groupe Amaury.
Je prends ces fonctions pour exprimer vis-à-vis de tous l’importance que le Groupe Amaury donne à ses relations avec le monde du sport et en particulier avec la famille cycliste pour laquelle, après un grave conflit, des espoirs de paix harmonieuse se présentent, a déclaré Jean-Etienne Amaury dans un communiqué. A titre personnel, je reprendrai mes fonctions au niveau du groupe Amaury après avoir utilisé les prochains mois pour mettre en place, avec Yann Le Moenner, la structure qui devra manager durablement la société. Je vais veiller avec lui à ce que les accords qui ont été signés jeudi 25 septembre, connaissent une application réussie, a-t-il ajouté. Dans un entretien accordé à L’Equipe, propriété du groupe Amaury, le nouveau PDG a indiqué que l’accord signé avec l’UCI contenait la reconnaissance de l’égide de la Fédération internationale pour nos épreuves. En retour, l’UCI a reconnu les droits historiques des organisateurs et leurs droits d’exploitation. Une affirmation qui confirme que le véritable enjeu du bras de fer entre ASO et l’UCI depuis la création du ProTour reposait moins sur des questions autour du dopage que de savoir qui contrôlerait dans le futur les droits marketing des épreuves. Jean-Etienne Amaury dévoile par ailleurs ce qui pourrait être la nouvelle politique d’ASO dans les années à venir. Le potentiel de développement de la société est important, dit-il dans L’Equipe. ASO a un savoir-faire en matière d’organisation qui pourrait s’exporter, et nous espérons, dans les années à venir, réaliser ce potentiel. Vraisemblablement, ASO, après avoir assisté à la montée en puissance de Lagardère Sports prépare sa riposte.
Le livre dont tout le monde parle
Le 9 octobre, les librairies de France mettront en avant l’ouvrage de David Garcia, La face cachée de L’Equipe (Editions Danger Public). L’Express en a publié quelques feuilles. Le livre promet d’être explosif comme l’avait été en son temps La Face cachée du Monde. Lauteur s’est déjà défendu de vouloir attaquer L’Equipe. Il a voulu raconter les problèmes posés par son monopole sur l’information sportive. Et poser le problème de la confusion entre l’information et l’organisation du Tour de France par le même groupe Amaury qui empêche les journalistes de révéler certaines affaires de dopage ; la perte de crédibilité de la rédaction ; ou encore le torpillage du feu concurrent Le Sport. L’auteur s’intéresse aussi au manque d’esprit critique des journalistes de L’Equipe par rapport aux sportifs français.