La première alerte n’avait effrayé personne. Au début de la saison 2009, la NBA avait annoncé la suppression de 80 postes, soit l’équivalent de 9% de ses effectifs pour faire face à la crise. La seconde alerte était passée, elle aussi, presque inaperçue lorsque la NBA, au milieu de la saison 2009, a emprunté 175 millions de dollars pour aider ses franchises en difficultés. Cette fois, la réalité éclate au grand jour : la NBA est en crise avec 400 millions de dollars de pertes attendues !
L’annonce vient de David Stern en personne. Lors du All Star Game à Dallas, le grand patron de la ligue nord-américaine de basket-ball a gâché la fête. D’habitude réservé sur les résultats économiques de la NBA, David Stern a fait cette révélation alors que les négociations entre propriétaires et joueurs sont au point mort à propos d’une nouvelle convention collective. Nous prévoyons pour cette année une perte de 400 millions de dollars, estime le boss de la NBA. Et étant donné le pourcentage qui est reversé aux joueurs, c’est trop élevé. 57% des bénéfices générés par la Ligue sont actuellement reversés aux joueurs, un chiffre que Stern aimerait voir passer en dessous de la barre des 50%, à 45%.
Les rumeurs circulent sur la possibilité d’un conflit du travail, voir d’un arrêt de travail forcé (lock out), la saison prochaine. Une proposition de la NBA vient d’être refusée par le syndicat des joueurs.
Vous pouvez dénoncer notre proposition, la déchirer, la brûler, la piétiner mais il faut que vous compreniez qu’elle reflète la réalité financière dans laquelle nous sommes actuellement, a dit David Stern au syndicat des joueurs (NBPA). Faites nous une proposition qui correspondent à nos réalités financières, a-t-il suggéré à la NBPA.
Coupes drastiques dans les salaires des joueurs
Le commissaire de la NBA n’y est pas allé avec le dos de la cuillère : réduction des salaires d’environ 30%, renégociation possible des contrats après deux ans et disparition de la clause Larry Bird qui autorise les équipes à dépasser le plafond salarial (57,7 millions de dollars par club en 2009-2010) pour retenir un de ses joueurs en fin de contrat. Autre proposition : une clause de rétroactivité qui limiterait à quatre ans la durée des contrats. Cette clause permettrait aussi aux équipes d’ajuster à la baisse les contrats signés préalablement pour les adapter aux nouvelles limites du plafond salarial. Responsable de la NBPA, Billy Hunter a calmé le jeu en précisant : Personne ne veut voir cette belle entité que David Stern a construite, la NBA, détruite ou endommagée. Nous ferons donc tous les efforts pour trouver un accord mais nous voulons un accord bien plus équitable. Ces négociations surviennent alors que la NBA a complété la première moitié de saison avec une baisse d’assistance moyenne dans les salles et une augmentation de ses audiences sur ABC et TNT. L’audience est toutefois en baisse à ESPN.
La présente convention collective n’est pas viable, indique Adam Silver, un représentant patronal. Nous avons déposé une proposition formelle et nous attendons une réponse à cette offre. Nous reconnaissons que ce ne sera pas une négociation facile puisque les problématiques mises sur les tables sont nombreuses et, à notre avis, sans lien direct avec la récession économique. Selon lui, la moitié des 30 équipes de la ligue devraient accuser un déficit opérationnel à la fin de cette saison. L’année dernière, Alex Martins, Directeur des opérations des Orlando Magic, avait indiqué que la franchise floridienne avait terminé ces dernières années avec 15 à 20 millions de dollars de pertes à chaque fois.
Hunter défend les joueurs. Le système actuel comprend un plafond salarial, une taxe de luxe, un dépôt fiduciaire, des restrictions significatives à l’autonomie des joueurs et les contrats les plus courts parmi tous les sports professionnels majeurs, dit-il. Les salaires n’ont augmenté que de 2,5% en moyenne depuis la signature de l’actuelle entente et on s’attend à une baisse cette saison, a ajouté Hunter. Ce modèle a donné de bons résultats pour les propriétaires. Suggérer autre chose est injustifié.
Le prochain accord sur les relations de travail en NBA doit prendre effet à partir de juillet 2011. Un éventuel lock out serait le premier depuis celui de 1999 qui avait réduit la saison à 50 rencontres.