Les stations de ski, qui ont bénéficié de chutes de neiges abondantes, ont connu un afflux accru d’amateurs de glisse pendant la période de Noël et du Nouvel An, selon les premières estimations du cabinet spécialisé Protourisme.
Le début de saison est excellent. Depuis fin novembre, la fréquentation des remontées mécaniques et des hébergements touristiques a connu une croissance à deux chiffres, indique son gérant, Didier Arino. Rien de surprenant à cela. Une enquête de l’Observatoire national des stations de montagne (Baromètre TNS-Sofres pour Ski-France et l’Odit, réalisé à partir d’un échantillon de 3.000 personnes sur leurs intentions de voyage en décembre) présentée avant les fêtes de fin d’année annonçait des taux d’occupation prévus pour les deux semaines de Noël et du Nouvel An supérieurs à ceux de l’année dernière.
Dans son enquête, l’Observa-toire était en revanche pessimiste sur le taux d’occupation des vacances de février. Il est encore trop tôt pour s’inquiéter, relativisait Pierre Balme, président du groupe de travail de l’Observatoire des stations de montagne. L’engouement pour les réservations de dernière minute devrait corriger la tendance, et quelques événements, comme les Championnats du monde de ski à Val-d’Isère (NDLR : du 2 au 15 février), donneront envie aux touristes de venir. Une clientèle par nature volatile. Si elle devait faire défaut, elle plomberait le bilan de fin de saison.
Les perspectives étaient également moins encourageantes sur les dépenses des vacanciers. Elles risquent même de connaître un fort recul, pouvoir d’achat en berne oblige. Les touristes ne sacrifient pas leurs vacances, mais ils feront des arbitrages dans leurs dépenses, pronostiquait Hervé Novelli, le secrétaire dEtat au Tourisme.
La moyenne montagne, bon marché, est en forte hausse
Protourisme, qui publiera son premier bilan fin janvier, évalue le taux d’occupation des hébergements touristiques à 75% pour la période de Noël et entre 85% et 90% pour le Nouvel An. Quant aux vacances de février, les réservations sont en très forte hausse pour les stations de moyenne montagne, alors que la progression est moins sensible pour les grandes stations alpines, qui avaient déjà connu une très bonne saison 2007-2008. A l’inverse, les massifs de moyenne montagne en Auvergne, dans les Vosges, le Jura, les Alpes du sud et les Pyrénées, avaient pâti d’un manque de neige l’an dernier.
Cet engouement accru pour la moyenne montagne, souvent moins chère que les stations situées plus haut, est en partie lié à la crise : les vacanciers cherchent le bon rapport qualité-prix, a relevé M. Arino, qui a constaté un retour de la clientèle de proximité. Mais, paradoxalement, les visiteurs de la moyenne montagne ont tendance à consommer davantage, estimant que la vie y est moins chère, alors que les clients des grandes stations alpines surveillent leur portefeuille. Les stations de montagne attirent aussi une clientèle à fort pouvoir d’achat qui a renoncé cet hiver à partir au soleil à l’étranger: la crise profite à la destination France, les Français partent moins à l’étranger, a-t-il commenté.
Côté visiteurs étrangers, les Espagnols, Anglais et Belges sont au rendez-vous, alors que les Américains sont moins nombreux, tout comme les touristes russes qui dépensent généralement des fortunes, selon M. Arino.
Remontées mécaniques : les investissements en baisse
C’est l’arbre qui cache la forêt. Super Besse (Massif Central) a investi 15 millions d’euros pour son Funitel. Montgenèvre (Haute-Alpes) a misé 21 millions d’euros environ pour un dispositif hybride entre le télésiège et le télécabine. Quant à Chamonix, la station injecte 20 millions d’euros dont 14 millions pour la télécabine de Planpraz.
Mais derrière ces réalisations, les domaines skiables français ont été, dans l’ensemble, plus regardant sur la dépense. L’investissement, hors taxes, atteint 280 millions d’euros cette année, contre 316 millions d’euros en 2007. Les stations marquent une pause alors que depuis 2000 les investissements évoluaient à un rythme soutenu pour culminer à 324 millions d’euros en 2004. Deux raisons à ce changement d’attitude. Le coût des appareils a considérablement augmenté. De près de 10% par an selon le Syndicat national des téléphériques (SNTF). Pour un télésiège six places, comptez 6 millions d’euros. Et puis il ne faut pas oublier que 2008 a été une année électorale importante avec les élections municipales. Les régies municipales ont-elles préféré différer leur investissement ? Le ralentissement constaté sur le marché de l’immobilier pourrait différer encore plus les investissements dans les appareils ou dans les travaux de piste.