Alors que se sont ouverts lundi à Val d’Isère les championnats du monde de ski alpin, The NPD Group, société d’études marketing, dresse l’état des lieux du marché français des articles de sports d’hiver pour l’année 2007. Un bilan qui rappelle que les fondamentaux du marché sont solides. Même si du point de vue des fabricants de skis, 2009 s’annonce difficile.
Le Groupe Rossignol (marques Rossignol, Dynastar, Lange et Look) a annoncé récemment sa décision de mettre une grande partie de ses employés en chômage partiel au cours des prochaines semaines, pour résorber ses surproductions. Une annonce symptomatique d’un marché en perpétuel équilibre instable. Les chiffres NPD, qui incluent l’activité de location de skis et de services liés au ski (mais pas les forfaits, transports et budgets de logement) ne valident pas forcément ces anticipations négatives. La valeur du marché français, pour l’année 2007, a atteint 670 millions d’euros. Mais malgré des hivers porteurs cette année et la saison dernière, il est à craindre que le marché ait une tendance à la baisse au moins pour les fabricants de skis.
Le marché français peut s’appuyer sur le plus vaste domaine skiable du monde. D’ailleurs, la France est l’un des pays qui comptabilise le plus grand nombre de journées skieurs enregistrées par les remontées mécaniques (54,6 millions), derrière les Etats-Unis (60 millions de journées skieurs) et l’Autriche (56,8 millions de journées skieurs). En plus de ses atouts géographiques, la France se trouve être, contre toute attente, une destination compétitive pour les amateurs de sports d’hiver. C’est ce qui ressort de la dernière étude comparative des tarifs publics 2005-2006, menée à l’échelon planétaire (plus de 300 domaines dans 30 pays) par la Compagnie des Alpes. Selon le premier exploitant mondial de domaines skiables, la France n’arrive qu’en 9e position au tableau des prix moyens du forfait six jours adulte. Elle est devancée, entre autres, par ses grands concurrents alpins et par les Etats-Unis. En France, les forfaits les plus chers sont commercialisés 200 euros les six jours environ. Et ce sur des domaines de plus de 200 km de pistes. Outre-Atlantique, pour skier six jours à Aspen ou à Vail, deux stations phares du Colorado, il faut dépenser 364 et 300 euros ! Avec un taux de change favorable à l’euro, lécart est plus net encore. La France offre également le meilleur rapport qualité-prix pour les familles. 66% de nos domaines skiables proposent un forfait famille (deux parents et deux enfants, avec un calcul incluant des réductions pour les jeunes jusqu’à 16 ou 17 ans), contre 45% des stations suisses, 37% des autrichiennes et 10% seulement des italiennes.
Revenons aux équipements. Les Français ont décidément de la chance. Le prix moyen d’un vêtement de ski en France, le premier marché européen en volume, est 15% moins élevé que la moyenne des prix observés sur les cinq grands pays européens mesurés par NPD (Allemagne, Espagne, Italie, France et Royaume-Uni). L’effet Décathlon joue à plein : le leader tire les prix vers le bas avec sa marque Kechua. Ainsi, un Français désirant se procurer un équipement complet de vêtements ski devra prévoir un budget d’environ 250 euros. Ce budget est, en moyenne, renouvelé intégralement tous les quatre ou cinq ans. Cela est une moyenne car les petites pièces comme les gants et les bonnets, que l’on a tendance à égarer, sont rachetées plus fréquemment, et les équipements pour enfants sont également renouvelés plus régulièrement, indique Renaud Vaschalde, expert sport chez NPD Group.
Avec un taux d’enneigement élevé, ajouté au fait que les Français ont privilégié les vacances au ski en famille au détriment des vacances à l’étranger, la saison 2008-2009 sera meilleure que la saison 2007-2008. Cela explique par le fait que le rayon textile ski fonctionne très bien en ce moment en période de soldes, à contre-courant de la baisse de consommation observée de manière plus générale en France, indique encore Renaud Vaschalde. Mais si le rayon textile fonctionne très bien, ce n’est encore suffisant pour sortir tous les équipementiers de l’ornière, et en particulier les fabricants de skis.