L’ouverture du marché français des paris sportifs en ligne fait des déçus. Notamment chez les nouveaux entrants. Les opérateurs historiques parviennent à tirer leur épingle du jeu. Le PMU affiche une croissance avec une activité Internet en progression de 32% depuis le début d’année et une forte croissance de 58% sur le troisième trimestre 2010. A La Français des Jeux, malgré des résultats qui dépassent les prévisions, on estime que le marché est revenu en deçà de son niveau de la Coupe du monde. Plus étonnant, l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) dresse un bilan chiffré de l’ouverture. Elle constate un désamour des parieurs pour le football.
Tous les opérateurs se félicitent du nombre d’ouvertures de comptes depuis la légalisation des paris en ligne. Mais leur enthousiasme s’arrête là. Même si le Pari mutuel urbain (PMU) annonce une augmentation de ses ventes sur Internet de 58% entre le 1er juillet et le 30 septembre, l’ouverture du marché ne représente pas l’eldorado escompté par beaucoup. J’ai le sentiment que le marché des paris en ligne est revenu en deçà de son niveau de la Coupe du monde, indique aux Echos Christophe Blanchard-Dignac, PDG de la Française des Jeux. L’opérateur public relativise cependant ce constat : La Coupe du monde a été un formidable tremplin au moment de l’ouverture. Il est logique que l’on revienne à une situation que l’on pourrait qualifier de normale. Mais le responsable de la Française des Jeux ajoute également : Le pari, ce n’est pas l’eldorado dont certains rêvaient ! Des propos qui font échos à ceux de Nicolas Béraud. Il y a quelques semaines, le Directeur général de Mangas Gaming (BetClic) estimait qu’il était structurellement impossible d’être bénéficiaire sur le marché français (voir La Lettre du Sport n°606).
500.000 Français sont des parieurs actifs
Pourtant, l’opérateur public n’a pas à se plaindre. Avec les paris sportifs, la Française des Jeux ambitionnait 100 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le montant de 145 millions est déjà atteint. Grâce à Internet et… à son réseau. En effet, la part d’Internet est inférieure à 10% dans les ventes de la Française des Jeux.
D’après un récent constat dressé par l’Arjel, deux millions de comptes joueurs ont été ouverts et 500.000 Français sont des parieurs actifs depuis l’ouverture du secteur des jeux en ligne en juin sur les paris sportifs, hippiques et le poker. Jusqu’à présent, les opérateurs ne communiquaient que sur les ouvertures de comptes. L’Arjel va plus loin et livre les premiers chiffres sur l’état du marché. Ainsi, le montant des mises placées sur les sites de jeux est évalué à environ 100 euros par semaine, soit une mise moyenne de 7 euros par pari. Si les paris hippiques sont conformes aux prévisions, la contreperformance de l’équipe de France lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud a couté aux paris sportifs.
Au total, les sites agréés, via une trentaine d’opérateurs, ont enregistré 262 millions d’euros de mises depuis la régulation du secteur (chiffre au 8 octobre). On remarquera que c’est un quart du marché qui a basculé dans la légalité. Avant sa légalisation, on estimait à environ 1 milliard d’euros les mises vers les sites illégaux.
La surprise vient du football. Avec 151 millions de mises (dont 65,3 millions pour la Coupe du monde), le sport roi ne fait l’objet que de 57% des paris ! On prédisait pourtant au ballon rond une part de marché écrasante, proche des 90%. Suivent le tennis (63 millions), le volley-ball (10,4 millions), le basket (7,17) et le rugby (3,73). Le revers est encore plus sévère pour le championnat de France. Les championnats de Ligue 1 et de L2 enregistrent seulement 1,5 million d’euros de paris sur les 8 millions joués sur le football, le reste des mises sont placées sur les championnats étrangers.
A noter, autre surprise, que le poker en ligne est considéré comme un marché dynamique et plus vivant que ceux des paris sportifs et hippiques, selon l’Arjel. Concernant les paris hippiques, il n’y pas de surprise. Avec 215 millions d’euros de mises, le marché est conforme aux prévisions. L’opérateur historique, le PMU, capte l’essentiel des sommes jouées. Il n’y a pas eu sur ces paris le même morcellement du marché que sur les paris sportifs, constate le président de l’Arjel, Jean-François Vilotte, dans La Tribune.