La carte magnétique validée, votre visage s’affiche sur l’écran de l’ordinateur et vous autorise à franchir le tourniquet. Vous voici dans la salle de fitness Neoness à Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne. La première salle low-cost de France.
Sur 1.500 m2, les appareils de cardio-training et de musculation ont leur espace. Tout comme l’arène pour les cours collectifs où la méthode Mills (une licence mondiale de cours collectifs de fitness) est dispensée. Rien de révolutionnaire jusqu’ici, si ce n’est l’aménagement de la salle, un ancien hangar de stockage de matériels informatiques de General Electric, réduit à sa plus simple expression.
Neoness tranche avant tout avec les autres salles de fitness par les formules d’abonnement proposées. Au nombre de trois, elle se veulent astucieuses pour coller au plus près aux attentes des clients. Accès réservé aux plateaux de cardio-training, limitation de la présence aux heures creuses (7-12 heures ; 14-17 heures en semaine), l’abonnement de base est proposé à 180 euros par an ! 44% des personnes pratiquant le fitness en France y investissent plus de 100 euros en moyenne par an (*) mais parmi ces dernières, rares sont celles dont le budget est supérieur à 500 euros (3%). Ce qui peut laisser penser qu’ils pratiquent cette activité chez eux ou dans le cadre d’associations, mais moins dans des salles de sport appartenant à des enseignes célèbres, dont l’abonnement coûte plus cher. En fait, ce sont surtout les cadres qui, quand ils pratiquent le fitness, sont prêts à y consacrer plus de 500 euros (13%). Pour proposer un tarif aussi bas, le superflu a été mis de côté. Pas de piscine, ni de hammam. Les serviettes mises à disposition dans les autres clubs n’ont pas cours ici. C’est le point fort de Neoness qui s’autoproclame première salle de fitness low cost de France. Le concept ne signifie pas pour autant de sacrifier la qualité des prestations proposées. Certes, la douche est payante (50 centimes), mais les adhérents ont accès à des équipements haut de gamme de la marque américaine Precor (groupe Amer Sports). Poids lourd du secteur dans le monde avec un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros, Precor est encore en phase de lancement en France. Pour le constructeur américain, le concept de Neoness permet de communiquer à moindre coût sur la marque. Je suis fier de montrer la salle et ses équipements à des prospects indique Patrick Chouvet, le Directeur commercial et marketing de Pecor France. Nous avons conseillé les concepteurs de Neoness et participé à l’aménagement de la salle grâce à une modélisation en trois dimensions de l’espace, raconte Patrick Chouvet. Le leader mondial en appareils cardio-vasculaires a installé 80 machines dont le nouveau AMT (Adaptive Motion Trainer). Un équipement tout en un. L’AMT s’adapte automatiquement à l’utilisateur qui peut courir avec des foulées plus ou moins grandes, monter des marches, et même effectuer un mouvement de recul.
A l’origine du concept de Neoness, on trouve deux femmes pour qui le sport est une passion. Diplômées d’HEC et de l’ESSEC, Marie-Anne Tessier et Céline Wisselink ont quitté l’UCPA (Union nationale des centres sportifs de plein Air) pour mener à bien leur projet. Pendant près d’un an, elles peaufinent leur dossier, démarchent les investisseurs et inventorient les lieux susceptibles d’accueillir Neoness. Leur conviction se fonde sur un constat : en France, le marché des salles de fitness (estimé à 1,27 milliard d’euros en 2006) est partagé entre deux types de prestations. D’un côté les enseignes traditionnelles aux abonnements onéreux proposant un panel de prestations trop larges. Et de l’autre, des structures associatives ou des salles indépendantes aux prestations restreintes et aux qualités inégales. Entre les deux, il existe un marché à exploiter de la même façon que les compagnies aériennes dites low cost ont transformé celui du transport aérien. Nous répondons à une certaine demande, indique Céline Wisselink. Notre cahier des charges comprenait trois critères essentiels pour la sélection de notre implantation, énumère la gérante. Il fallait que le site se situe dans une zone de chalandise attractive avec un mix habitations/entreprises aussi facile d’accès (autoroute et RER dans le cas présent) que dense en terme de population. Le choix du plateau s’est imposé pour sa facilité d’aménagement aux normes d’un Etablissement Recevant du Public (ERP). Enfin, nous avons pensé à l’aspect sécuritaire du lieu pour les femmes qui quitteraient la salle à 22 heures. Même si le concept est low cost, et après avoir tiré sur les coûts dixit Céline Wisselink, l’investissement nécessaire au lancement a été conséquent. Non révélé, il peut être estimé à 1 million d’euros environ. Depuis son ouverture, en mars dernier, le bouche à oreille a constitué le meilleur vecteur de communication. Le nombre d’adhérents est classé secret défense, tout comme le niveau du point mort à atteindre pour rentabiliser une salle de ce type. La barre des 1.000 abonnements a été franchie il y a quelques semaines, concèdent les gérants.
On ne vend que le minimum, explique encore Céline Wisselink, pour justifier des tarifs horaire d’un coach personnel. Le coaching n’est pas une source de profit pour nous, indique-t-elle. Proposée à prix coûtant, la séance de coaching est vendue 40 euros/heure. Pour faire baisser encore plus les prix, il est possible de s’offrir les services d’un coach à deux ou à trois. Tous passés par des grandes enseignes du fitness, les coaches sont recrutés avant tout sur leur adhésion au concept, à l’état d’esprit et à leur capacité à fidéliser. Dans la même veine, une trentaine de partenariats ont été noués avec des commerçants aux alentours pour offrir des avantages aux adhérents.
Le concept a en tout cas fait ses preuves à l’étranger. Aux Pays-Bas, le pendant de Neoness a ouvert 25 salles en cinq ans. Aujourd’hui, les Français sont entre 14 et 15 millions à pratiquer le fitness, la musculation ou la gymnastique d’entretien. Il n’y a donc aucune raison que l’Hexagone ne suive pas cette tendance. Une deuxième salle Neoness devrait ouvrir au début de l’année 2009, toujours dans la première couronne de la région parisienne.
* Enquête ISPOS/FORM’Expo 2008 sur Les Français, la forme et le bien-être