Après une décennie de croissance, l’industrie nautique française a connu un fort repli à l’automne 2008, qui a impacté l’ensemble des marchés tout au long de la saison 2008/2009. Si différentes informations laissent penser que le point bas serait passé, force est de constater que le marché français a fait preuve d’une bonne résistance et les entreprises d’une réelle combativité afin de préparer au mieux, la reprise, tant par la préservation des savoir-faire que par le développement de nombreuses innovations.
La filière nautique française est constituée de deux grandes familles d’activités aux spécificités propres : le segment industriel (un milliard d’euros de chiffre d’affaires) et les activités de services (3 milliards d’euros de chiffre d’affaires). Constituée d’une centaine d’entreprises de tailles diverses, l’industrie nautique française est, depuis de nombreuses années particulièrement dynamique sur les marchés internationaux, puisqu’elle exporte environ les deux tiers de sa production. Un dynamisme qui, au fil des années, a permis à la France de se hisser au rang de leader mondial pour la production de voiliers et de bateaux pneumatiques et plus récemment, à celui de numéro quatre mondial pour la production de bateaux à moteur. Ce segment n’en a pas moins subi un choc extrêmement violent depuis 2008, avec une baisse d’activité de l’ordre de 40% à 50%.
Un domaine navigable approprié aux activités de services
Pour autant, les entreprises qui avaient abordé la crise dans une situation saine ont démontré leur capacité de résistance et leur dynamisme à travers la présentation d’un nombre de nouveautés extrêmement important dès l’automne 2009, parfois multiplié par deux par rapport aux années précédentes, expliquent les industriels du secteur. Aujourd’hui, plus que jamais, afin de conserver sa capacité d’exportation, l’industrie nautique française travaille à la préservation de sa compétitivité industrielle, intimement liée à la nature des coûts de production et aux moyens dédiés à la recherche et au développement, pour toujours rester aux avant postes de l’innovation.
Grâce à ses quelques 5 700 kilomètres de côtes, ses 8 500 kilomètres de voies navigables et à ses nombreux ports de charme, îles et autres criques, la France offre un domaine navigable extrêmement diversifié, attractif et approprié au développement des activités de services nautiques. Celles-ci sont particulièrement variées : location, maintenance, réparation, distribution, convoyage, assurances
et constituent un segment fortement pourvoyeur d’emplois pour la filière au niveau national. Les effets de la dégradation de la conjoncture économique mondiale ont impacté plus modérément ce segment, témoignant de la persistance des fondamentaux : l’attrait de la plaisance et la pratique sont demeurés forts en 2009. Marché de la location dynamique, activité soutenue dans la plupart des ports français avec un nombre d’escales en progression, bonne fréquentation dans les chantiers de maintenance/réparation et autres schipchandlers, sont autant de signaux permettant d’affirmer que l’envie de pratiquer reste forte et que le marché nautique résiste plutôt mieux en France que dans d’autres pays. En témoigne le recul plutôt modéré du nombre de nouvelles immatriculations enregistrées en 2009 : -17%.
Préserver l’outil industriel
En cette période de ralentissement économique, la profession tout entière s’est, à travers la Fédération des industries nautiques, attelée au maintien d’un savoir-faire qui fait sa renommée dans le monde entier, à travers ses quelques 49 métiers. Grâce au tissu très complet des formations développé en France, de nombreuses entreprises du nautisme ont, depuis la fin 2008, travaillé à faire évoluer les compétences de leurs salariés afin d’accélérer les mutations technologiques, notamment en matière d’injection, d’infusion ou encore de travail sous vide. Parallèlement, toujours dans la perspective de préserver l’emploi de salariés momentanément inoccupés, une convention de partenariat pour l’emploi a été signée par la Fédération des industries nautiques et la Fédération française du bâtiment. Des prêts de main d’oeuvre qualifiée et immédiatement opérationnelle peuvent ainsi être envisagés entre les deux secteurs, grâce à la grande proximité des métiers dans de nombreux corps d’état (électricité, plomberie, climatisation, menuiserie, métiers de la finition, agencement) en attendant le rebond de la filière nautique.
Les ports de plaisance : une priorité pour l’avenir des activités nautiques
La pérennité de la filière nautique à travers ses deux segments d’activité est indissociable de l’existence de capacités d’accueil pour les bateaux de plaisance. L’insuffisance de places -il en manquerait environ 50 000- constitue un frein au développement du marché domestique, auquel est destiné environ un tiers de la production et à la fluidité des activités -et donc du développement- des professionnels des services (location et distribution particulièrement). Sans marché intérieur dynamique, il ne saurait y avoir d’expansion possible à l’export pour la plupart des entreprises : le développement de places de ports constitue donc un enjeu tout à fait décisif pour la poursuite de la croissance de la filière nautique tout entière et la survie de ses quelques 44 000 emplois. Pour autant, la création de nouvelles capacités d’accueil doit être exemplaire, c’est la raison pour laquelle les professionnels du nautisme attendent beaucoup de l’appel à projets pour des ports de plaisance exemplaires, lancé par Jean Louis Borloo en 2009 avec le soutien de la Fédération des industries nautiques et qui a déjà permis de labelliser 10 projets.
Vers une plaisance bleue basée sur l’approche du cycle de vie du bateau
Il ne saurait être de plaisance sans un milieu naturel préservé. Forte de cette certitude et en dépit du faible impact du nautisme sur l’environnement, l’industrie nautique française a, depuis plusieurs années, intégré la préoccupation environnementale dans son mode de développement afin de réduire cet impact à son minimum. Les actions entreprises s’orientent autour de trois axes : l’outil industriel, l’usage du bateau et ses spécificités, et la fin de vie. C’est dans ce même esprit que la Fédération des industries nautiques a développé en 2005 son Programme Bateau bleu qui vise à soutenir la recherche et le développement (Prix Bateau bleu), assurer la promotion des bateaux et équipements respectueux de l’environnement (Label Bateau bleu) et en fin de vie avec la création de l’Association pour la plaisance éco-responsable (APER). Parallèlement à ces différents axes de travail, le plaisancier apparaît comme la pierre angulaire du dispositif. Il est primordial que celui-ci prenne conscience de l’absolue nécessité d’adopter un comportement éco-responsable, à bord comme à la maison. En ces temps de grande instabilité, la prise en compte environnementale constitue très probablement l’une des clés qui permettra à l’industrie nautique française de conserver sa position de force sur les marchés internationaux.
Le Nautic en chiffres
253 000 visiteurs (OJS) ont visité le Nautic en 2008, ce qui place le Salon Nautique de Paris en première position, devant Düsseldorf (238 000 visiteurs en 2009), et loin devant Gênes, Miami, Southampton, Londres et Barcelone.
Les visiteurs sont plutôt masculins et sportifs, et de catégories socio-professionnelles élevées. 15% d’entre eux ont moins de 30 ans, 35% entre 31 et 50 ans. Plus de la moitié viennent de province et les deux tiers sont des pratiquants réguliers. En 2008, le Nautic accueillait 25% de nouveaux visiteurs, dont un tiers de femmes et cette tendance devrait s’accroître à l’avenir. Cette année, crise oblige, la surface totale d’exposition couverte du Nautic est de 93 000 m2 (Ndlr : 15 terrains de foot !), contre 116 000 m2 en 2008, soit environ 20% de surface en moins. Le Nautic reste néanmoins l’un des plus grands salons parisiens, toutes catégories confondues. Le nombre de bateaux exposés est de 710, dont 300 de nouveautés de la saison 2009-2010. A ces bateaux, il convient d’ajouter les pédalos, annexes, canoës-kayaks et autres planches en tous genres pour atteindre près de 1 200 embarcations présentées. La première analyse des chiffres donne une surprise de taille : le Nautic bat son record historique du nombre de grands bateaux exposés avec 12 voiliers de plus de 50 pieds (15m) et près de 25 bateaux à moteur de plus de 40 pieds (12m). 1 214 exposants directs et indirects ont fait le déplacement, soit 2% de moins qu’en 2008. Avec moins de surface disponible, certains petits exposants se sont regroupés en fonction de leur complémentarité ou de leurs régions d’origine.
Les retombées médias sont toujours exceptionnelles pour une opération de 10 jours, avec en 2008 :
1 352 articles de presse écrite recensés, hors presse internationale
36 heures de diffusion radio
14 heures d’émission de télévision
313 000 visiteurs uniques sur le site www.salonnautiqueparis.com