L’idée est simple et dans l’air du temps : proposer d’acheter son forfait de ski via Internet. Enfin, plutôt qu’un forfait il faut parler d’un abonnement. La Compagnie des Alpes, le promoteur de ce nouveau produit, veut le lancer cet hiver, mais les élus savoyards et hauts savoyards s’inquiètent.
Ce forfait cache un abonnement annuel permettant de circuler librement sur l’ensemble des domaines skiables géré la par Compagnie des Alpes (CDA). Notamment ceux des Arcs et de la Plagne, de Méribel-les-Allues, des Menuires, de Val-d’Isère et de Tignes en Savoie et ceux des stations du Grand Massif en Haute-Savoie (Flaine, Les Carroz, Morillon, Samoëns, Sixt-Fer-à-Cheval). Le prix de cette carte devrait tourner autour de 32 euros. Commercialisée directement par les sociétés de remontées mécaniques, elle sera également disponible sur Internet. Suivant le principe des badges distribués par les sociétés d’autoroutes pour franchir plus rapidement les péages, les abonnés seraient débités sur leur compte en fonction de leur consommation de remontées mécaniques. Chaque début de journée de ski, le premier passage à une remontée déclenchera le débit et, à la fin de chaque mois, la consommation sera facturée en nombre de jours effectivement skiés. Le coût sera en outre, légèrement inférieur au tarif adulte à la journée en vigueur sur chaque domaine, 15% moins cher au minimum et jusqu’à 25% le samedi. Non nominative et ne portant pas de photo, elle pourra être utilisée successivement par plusieurs personnes. Objectif de la Compagnie des Alpes (CDA) : en commercialiser 100.000 d’ici à trois ans.
Les maires se mobilisent
Poblème pour les communes : contrairement au système actuellement en place pour les forfaits vendus aux caisses des stations, elles ne bénéficieraient d’aucune retombée financière ni d’aucun pourcentage sur les ventes de ce nouveau produit ! Depuis l’évocation, l’année dernière, du projet qui répond au nom de Holiski, les maires des stations de Tarentaise ont tenté de convaincre la direction de la CDA, qui détient les plus grands domaines skiables de la chaîne alpine et une bonne partie des parcs d’attractions européens, de revoir le système. En vain.
Enfin presque, puisque la conférence de presse devant officialiser le lancement du produit a été reportée. Le temps que toutes les parties concernées trouvent un compromis. Notamment sur un dispositif de répartition de son produit entre les diverses stations.
On reste propriétaire de notre domaine skiable
Porte-parole des élus, Marc Bauer, maire de Val-d’Isère, a annoncé qu’Holiski ne pouvait pas passer en l’état. Les élus estiment que son système de commercialisation permettrait à la CDA (328 millions d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière) d’échapper aux redevances dues aux différentes communes pour l’exploitation des remontées sur leurs territoires. Il s’agirait alors d’un enrichissement de la CDA en dehors des conventions établies et sur le dos des collectivités. On reste propriétaire de notre domaine skiable clame Marc Bauer et chaque société exploitante doit faire valider ses tarifs auprès de ses communes.
Holiski n’est pas une première mondiale. La pionnière du genre est la carte pyrénéenne N’PY, valable depuis quelques années sur cinq domaines (Peyragudes, Domaine du Tourmalet, Luz-Ardiden, Gourette, La Pierre-Saint-Martin). Toutefois, son nouveau sésame ouvre, lui, les pistes de domaines skiables comptant parmi les plus vastes au monde.
Ils ont une logique de groupe alors que nous avons une logique de territoire a lancé Anthony Favre, de Bellentre. Reste à savoir si les deux logiques peuvent se rejoindre.