Prenez le problème dans tous les sens, la réponse sera invariablement la même. Qui d’autre que Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais, pouvait incarner à ce point le prix de la Personnalité du Sport Business de la décennie ? Ce prix, qui distingue le dirigeant d’une entreprise ou d’une institution sportive qui, par son action continue, aura créé le plus de valeur pour son organisation, parrainé par le cabinet Nataf Fajgenbaum, récompense l’audace d’un homme qui a transformé un club de deuxième division en équipe de pointe au niveau européen.
Certes, un Patrice Clerc ou un Max Guazzini (dauphin de Jean-Michel Aulas) n’auraient pas dépareillé sur la plus haute marche du podium. Mais le premier a, peut-être, contre lui d’avoir opéré surtout dans l’ombre au sein d’entreprises (Roland-Garros et le Tour de France) qui donnent l’impression, à tort, d’aller de soi. Le second a contre lui sa relative jeunesse dans le monde du sport business. Sa transformation du Stade Français en entreprise de sport spectacle est impressionnante, mais encore trop récente à l’échelle de la décennie.
Et Jean-Claude Darmon alors ? Le grand argentier du football français aurait sûrement écrasé la concurrence si la période retenue n’avait pas été 1998-2008. Non, le lauréat ne pouvait être que Jean-Michel Aulas. L’homme qui a fait plier le gouvernement sur l’introduction des clubs français en Bourse, l’homme qui a inspiré plusieurs projets de loi réformant le sport professionnel, l’homme qui a transformé un club associatif, l’Olympique Lyonnais, au passif de 10 millions de francs en 1987 (pour un budget de 20 millions de francs), en entreprise prospère (12e rang des clubs européens les plus riches, selon le classement Deloitte 2007-08, avec 211 millions d’euros de chiffre d’affaires) et qui domine le championnat de France depuis le début du siècle. Selon Forbes, l’OL est aujourd’hui valorisé à hauteur de 325 millions d’euros. C’est à la fois une très bonne surprise et une grande satisfaction, car s’il est particulièrement difficile d’entreprendre dans le milieu sportif français, en bousculant quelques fois l’histoire et les habitudes, le sport français compte de nombreuses personnalités innovantes et ambitieuses, a commenté Jean-Michel Aulas lors de la cérémonie de remise de son prix, organisée au siège de TF1, en présence de nombreux acteurs de l’industrie du sport réunis par Nathalie Zimmermann (NZ Consulting) et Bruno Lalande (TNS Sport), les co-fondateurs de ce prix d’excellence. C’est aussi un grand honneur d’obtenir une telle reconnaissance d’autant de professionnels d’un domaine en très forte évolution, dans lequel il n’est pas toujours facile de vulgariser et d’expliquer les objectifs des actions entreprises.
Les votants, un collège d’experts du sport business (annonceurs, médias, etc.), ne se sont donc pas trompés en élisant Jean-Michel Aulas, qui ferraille actuellement pour voir aboutir son projet OL Land, avec la construction d’une enceinte du 21e siècle pour son club. Le sport est dans le quotidien des Français, remarque Bruno Lalande, Directeur de TNS Sport, en rappelant que 23,5 millions de Français pratiquent une activité sportive et 57% de la population déclarent s’intéresser aux sports. Encore plus actuellement, où ils ont besoin de rêver. Le succès d’Aulas est d’autant plus mérité qu’il s’inscrit dans le temps.
La question qu’il convient de se poser maintenant est : Qui après Aulas alors que le prix devient annuel ? Le contexte de récession devrait obliger les acteurs de cet écosystème à repenser leur activité et à innover afin de franchir ce cap difficile.
Résultat des votes
1. Jean Michel Aulas
2. Max Guazzini
3. Michel Platini
4. Arnaud Lagardère
5. Patrice Clerc
6. Lucien Boyer
7. Jean Claude Darmon
8. Jean Claude Killy
9. Alexandre Bompard
10. Serge Blanco
11. Frédéric Thiriez
12. Christophe Bouchet
13. Bernard Lapasset
14. Robert-Louis Dreyfus
15. Didier Quillot