La formation cycliste bretonne B & B Hotels-KTM a disparu en décembre alors que Jérôme Pineau, son manager, avait promis un nouveau projet avec l’arrivée d’un sponsor d’envergure et la bénédiction de la Ville de Paris. Deux mois après cette désillusion, Jérôme Pineau, fortement critiqué, a pris la parole, dimanche 26 février, lors de l’émission Bartoli Time de RMC. L’ancien patron d’équipe dit « assumer ses responsabilités ».
Deux mois après l’une des faillites les plus retentissantes de l’histoire du cyclisme, Jérôme Pineau prend la parole. Il explique d’abord pourquoi il ne s’était pas exprimé jusqu’ici : « Il y a une procédure en cours, a-t-il indiqué sur RMC. J’ai laissé les gens parler. Beaucoup se sont délectés de cet échec. J’assume ma part de responsabilité dans ce dernier. Mais trop de choses fausses ont été dites. Mon nom a été sali. On a attaqué ma personne. Je n’ai jamais fui mes responsabilités et j’ai toujours assumé mes erreurs. »
L’ancien coureur affirme avoir discuté avec Amazon, et revient sur la fausse lune de miel avec la Ville de Paris. Tout part d’une rencontre, le 3 janvier 2022, en marge d’un match de Coupe de France entre Vannes et le PSG. Le patron d’équipe rencontre alors Didier Quillot, l’ancien directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP). « Didier arrive avec une idée pleine d’espoirs: celle de me présenter à la mairie de Paris et de faire une grande équipe cycliste parisienne en mettant en avant la mobilité douce, le vélo. Depuis trois ans, j’étais en recherche d’un partenaire pour accompagner B&B Hôtels afin d’être dans le bas du tableau du haut niveau mondial. Je ne cherchais pas plus que ça, a rappelé Pineau. L’idée me séduisait pour une simple et bonne raison: j’avais 52 employés. Sans ça, je savais que ça allait s’arrêter comme ça s’est passé. » Les délais vont s’allonger. « Le sponsor, on nous dit dans un premier temps que ce n’est pas compliqué de trouver 14 M€. Moi à l’époque, tout petit manager d’une équipe que je suis, il me semble plus facile de comprendre que ça sera plus facile pour des élus et mes associés que pour moi de trouver 14 M€ et d’ouvrir les portes. Je sors de cet entretien avec la conviction que nous allons créer cette grande équipe, ou continuer à la créer, celle qui est présente depuis 2018, en accompagnant B&B Hôtels qui est un partenaire fidèle. » Toutefois, au moment où Anne Hidalgo annonce le partenariat fin juillet en marge de l’arrivée du Tour de France, aucun sponsor d’envergure n’a encore signé. Par ailleurs, la maire indique aussi qu’il n’y aura pas d’argent public donné par la ville. « Cela ne m’inquiète pas car elle l’affirme depuis le début. Ceci dit, on s’est vite aperçus qu’il n’y avait pas un investissement incroyable, a regretté Pineau. Une grande société française s’est montrée volontaire pour nous accompagner, je suis allé le proposer à la ville mais ça ne s’est pas fait pour des raisons obscures. C’était Amazon. Les dirigeants de Norauto voulaient aller plus loin mais ne souhaitaient pas s’engager en raison de Paris. »
Le « city-branding » avec la Ville de Paris finit par être un handicap. Depuis la création de l’équipe, la région Bretagne a accompagné Jérôme Pineau. Alors, quand la Ville de Paris est annoncée comme nouveau partenaire, les critiques fusent et une certaine incompréhension règne. « Je ne suis pas parti à Paris, j’ai trouvé un potentiel sponsor avec la ville de Paris. J’ai écumé 80 à 100 entreprises bretonnes. Simplement, en Bretagne, il y a une grande banque qui s’appelle Arkéa qui finance un certain nombre d’entreprises puissantes et qui est partenaire d’une autre équipe, a expliqué Pineau. Quand on arrive dans les derniers rendez-vous et qu’on pose une question au conseil d’administration, il y a parmi toutes ces personnes un membre de la banque Arkéa. Évidemment, on ne va pas associer sa banque pour financer un projet quand en face, il y a une autre équipe. »
Malgré cet échec, l’ancien cycliste ne ferme pas la porte à un retour. « Le vélo, c’est ma passion, a-t-il affirmé. Je suis toujours habité par cette dernière. […] J’aime mon sport. J’y reviendrai, c’est ma vie. »